Les contradictions entre l’Etat et les entreprises : le dossier du Nickel en Nouvelle-Calédonie
Les contradictions stratégiques entre l’Etat et les entreprises :
Après le dossier sur la pertinence des délocalisations problématique, rédigé par François Champeyrol (expert des achats qui a longtemps travaillé pour le groupe Lafarge), nous publions ce mois-ci un second dossier sur l’importance stratégique des ressources minières. Une fois de plus, ce dossier met en avant des idées qui ne sont pas au cœur du débat des élections présidentielles. Compte tenu des enjeux à venir, c’est plus que regrettable. Le précédent dossier soulignait l’urgence de faire sortir aujourd’hui les achats de la culture artisanale de l’information dans laquelle on l’a enfermé depuis des décennies. L’analyse des relations entretenues par le système universitaire américain avec le réseau des responsables achats des entreprises démontre l’importance qui est donnée outre Atlantique à ce domaine de décision. Si des efforts commencent à être faits en France pour former des jeunes, il manque encore plusieurs milliers de cadres intermédiaires pour mettre les entreprises françaises à niveau dans la compétition internationale.Le dossier du mois de novembre sur le nickel en Nouvelle Calédonie (un dossier comme le résumait si bien un haut fonctionnaire français où il n’y a que des coups à prendre) souligne quant à lui l’impérieuse nécessité de gouverner bien au-delà des effets médiatiques ainsi que des seules aspirations populaires. Les accords de Matignon de 1988 sont loin d’avoir traités les problèmes de fond. L’aspiration à l’indépendance (fortement nuancée par la volonté de franges du FNLKS de continuer à toucher des subsides de la France) n’offre guère d’autonomie de décision pour la population locale qui aura à gérer ses relations avec les firmes multinationales d’autres pays sans intermédiation. Dernièrement, des syndicats néocalédoniens ont appelé à la grève pour protester contre la venue de travailleurs philippins à la demande d’un groupe canadien spécialisé dans l’extraction du nickel qui se soucie peu de l’avenir de la main d’œuvre locale. Ces signaux faibles démontrent que le dossier du nickel en Nouvelle Calédonie est une équation bien plus complexe qu’il n’y paraît.
L’autre facette du dossier n’est pas non plus anodine. Il s’agit de la manière dont le pouvoir politique français gère le moyen/ long terme de l’économie du pays. Cette question qui devrait être au cœur des débats de l’élection présidentielle, reste pour l’instant marginale voire inexistante. La France, comme tout autre pays, a besoin de ressources pour se développer. Or le volume de matières premières se réduit progressivement alors que la demande ne cesse de croître en raison de la montée en puissance des nouveaux entrants sur le marché mondial. Cette situation inquiétante n’est pas l’apanage du monde de l’entreprise. Il est évident que le politique a une responsabilité décisive dans l’anticipation des problèmes à venir car lui seul a une perception globale des enjeux et de l’intérêt collectif. Au printemps 2006, un groupe de professionnels de la formation continue MSIE2 de l’Ecole de Guerre Economique a tenté de réfléchir à la question en revenant sur le cas du nickel calédonien. La gestion française du dossier de la mine Koniambo en Nouvelle-Calédonie a mis en exergue les contradictions économiques et politiques d’un Etat pris dans la nasse d’une situation sociale complexe, qui dans l’urgence d’une paix sociale à restaurer amène son champion national à céder une des plus grandes réserves de Nickel connues à ce jour. Cette décision n’est pas sans conséquences. Dans 25 ans, la France sera totalement dépendante dans le domaine du nickel. Quant à la population de Nouvelle Calédonie, elle n’a aucune garantie de tirer les fruits économiques de la richesse de son sous-sol.
Après le dossier sur la pertinence des délocalisations problématique, rédigé par François Champeyrol (expert des achats qui a longtemps travaillé pour le groupe Lafarge), nous publions ce mois-ci un second dossier sur l’importance stratégique des ressources minières. Une fois de plus, ce dossier met en avant des idées qui ne sont pas au cœur du débat des élections présidentielles. Compte tenu des enjeux à venir, c’est plus que regrettable. Le précédent dossier soulignait l’urgence de faire sortir aujourd’hui les achats de la culture artisanale de l’information dans laquelle on l’a enfermé depuis des décennies. L’analyse des relations entretenues par le système universitaire américain avec le réseau des responsables achats des entreprises démontre l’importance qui est donnée outre Atlantique à ce domaine de décision. Si des efforts commencent à être faits en France pour former des jeunes, il manque encore plusieurs milliers de cadres intermédiaires pour mettre les entreprises françaises à niveau dans la compétition internationale.Le dossier du mois de novembre sur le nickel en Nouvelle Calédonie (un dossier comme le résumait si bien un haut fonctionnaire français où il n’y a que des coups à prendre) souligne quant à lui l’impérieuse nécessité de gouverner bien au-delà des effets médiatiques ainsi que des seules aspirations populaires. Les accords de Matignon de 1988 sont loin d’avoir traités les problèmes de fond. L’aspiration à l’indépendance (fortement nuancée par la volonté de franges du FNLKS de continuer à toucher des subsides de la France) n’offre guère d’autonomie de décision pour la population locale qui aura à gérer ses relations avec les firmes multinationales d’autres pays sans intermédiation. Dernièrement, des syndicats néocalédoniens ont appelé à la grève pour protester contre la venue de travailleurs philippins à la demande d’un groupe canadien spécialisé dans l’extraction du nickel qui se soucie peu de l’avenir de la main d’œuvre locale. Ces signaux faibles démontrent que le dossier du nickel en Nouvelle Calédonie est une équation bien plus complexe qu’il n’y paraît.
L’autre facette du dossier n’est pas non plus anodine. Il s’agit de la manière dont le pouvoir politique français gère le moyen/ long terme de l’économie du pays. Cette question qui devrait être au cœur des débats de l’élection présidentielle, reste pour l’instant marginale voire inexistante. La France, comme tout autre pays, a besoin de ressources pour se développer. Or le volume de matières premières se réduit progressivement alors que la demande ne cesse de croître en raison de la montée en puissance des nouveaux entrants sur le marché mondial. Cette situation inquiétante n’est pas l’apanage du monde de l’entreprise. Il est évident que le politique a une responsabilité décisive dans l’anticipation des problèmes à venir car lui seul a une perception globale des enjeux et de l’intérêt collectif. Au printemps 2006, un groupe de professionnels de la formation continue MSIE2 de l’Ecole de Guerre Economique a tenté de réfléchir à la question en revenant sur le cas du nickel calédonien. La gestion française du dossier de la mine Koniambo en Nouvelle-Calédonie a mis en exergue les contradictions économiques et politiques d’un Etat pris dans la nasse d’une situation sociale complexe, qui dans l’urgence d’une paix sociale à restaurer amène son champion national à céder une des plus grandes réserves de Nickel connues à ce jour. Cette décision n’est pas sans conséquences. Dans 25 ans, la France sera totalement dépendante dans le domaine du nickel. Quant à la population de Nouvelle Calédonie, elle n’a aucune garantie de tirer les fruits économiques de la richesse de son sous-sol.