C’est sous ce titre que le magazine allemand Der Spiegel vient de démontrer une fois de plus sa sensibilité pour les enjeux (inter-)nationaux en publiant dans son édition spéciale nr. 5 / 2006 un dossier avec le titre: Lutte pour des matières premières, la nouvelle guerre froide. La rédaction du Spiegel analyse en ces termes la mondialisation des échanges :« L'économie mondiale est en forte croissance et repose pourtant sur des pieds d'argiles. La course autour des ressources modifie fondamentalement les rapports de force entre les Etats. La montée et la chute des nations est parfois un jeu avec des cartes couvertes et qui prend des chemins surprenants et inhabituels. L'âge d'une nouvelle guerre froide a commencé. L'âge des luttes autour des ressources de plus en plus limitées avec en même temps un besoin de plus en plus grandissant. L'âge, dans lequel la politique internationale est déterminée de plus en plus par les questions de la sécurité énergétique, dans lesquelles les cartes pour les vainqueurs et les perdants potentiels sont justement à nouveau mélangées. La chasse après les ressources crée de nouvelles alliances stratégiques et peut déboucher sur des conflits dangereux. Les Etats-Unis découvrent ces jours-ci l'Inde en tant que nouveau partenaire stratégique, et la République populaire chinoise, particulièrement gourmande en ressources fait des avances à l'ancien adversaire russe. Ce sont des alliances déconcertantes. »
La rédaction du Spiegel ne s'est pas limitée à cette première analyse. Sa réflexion a abouti à la publication d’un nouveau dossier, le 11 septembre 2006, dans la partie centrale du magazine sous le titre suivant Attaque de l'Extrême-Orient, guerre mondiale autour de la prospérité. Si l’on en croit la rédaction du Spiegel : «La guerre mondiale autour de la prospérité a commencé. Le bilan de globalisation est le suivant : L'Asie essaye de s'imposer, l'économie dirigée de la Chine occupe désormais une place prépondérante sur le marché mondial. L’Europe perd des millions d’emploi, son savoir est aspiré. L'Ouest doit s'opposer ou il échouera. »
Malheureusement, le gouvernement allemand, même s'il a sûrement la connaissance de ces faits, n'entreprend pas encore suffisamment de mesures pour défendre les intérêts nationaux. Du coté allemand, les autorités comptent encore sur la main invisible des marchés pour garantir la prospérité allemande. Et pourtant, un changement semble s’amorcer. La crise chez Airbus en est à l’origine. Certaines personnalités du CDU/CSU rappellent le bilan passé de Franz Josef Strauss qui avait impulsé une véritable politique industrielle du coté allemand lors de la création d’Airbus. Ils estiment que c’est un modèle à suivre et recommandent que l'Etat allemand prenne des parts chez EADS/Airbus pour préserver les emplois. Cette démarche est encore un acte isolé et n’annonce pas pour l’instant de changement de stratégie de la part du pouvoir politique allemand. Mais la confrontation franco-allemande sur le dossier Airbus sera peut-être riche d’enseignements pour l’avenir. Les politiques allemands sont en train de faire l’apprentissage de la nouvelle réalité géoéconomique mondiale. La pression de l’Asie les amènera peut-être dans un futur proche à reconsidérer de manière plus constructive le partenariat économique avec la France.
Si personne ne peut fermer les yeux sur les luttes de pouvoir internes au sein d’EADS/Airbus, ce groupe reste et restera un bel exemple de réussite commune, qu’aucune des deux nations n'aurait pu obtenir tout seul. L'Europe sera, ou ne sera pas. Elle pourra seulement se faire de manière sérieuse à travers l'axe franco-allemand, moteur depuis toujours de la construction européenne.
Bernd Oliver Bühler
La rédaction du Spiegel ne s'est pas limitée à cette première analyse. Sa réflexion a abouti à la publication d’un nouveau dossier, le 11 septembre 2006, dans la partie centrale du magazine sous le titre suivant Attaque de l'Extrême-Orient, guerre mondiale autour de la prospérité. Si l’on en croit la rédaction du Spiegel : «La guerre mondiale autour de la prospérité a commencé. Le bilan de globalisation est le suivant : L'Asie essaye de s'imposer, l'économie dirigée de la Chine occupe désormais une place prépondérante sur le marché mondial. L’Europe perd des millions d’emploi, son savoir est aspiré. L'Ouest doit s'opposer ou il échouera. »
Malheureusement, le gouvernement allemand, même s'il a sûrement la connaissance de ces faits, n'entreprend pas encore suffisamment de mesures pour défendre les intérêts nationaux. Du coté allemand, les autorités comptent encore sur la main invisible des marchés pour garantir la prospérité allemande. Et pourtant, un changement semble s’amorcer. La crise chez Airbus en est à l’origine. Certaines personnalités du CDU/CSU rappellent le bilan passé de Franz Josef Strauss qui avait impulsé une véritable politique industrielle du coté allemand lors de la création d’Airbus. Ils estiment que c’est un modèle à suivre et recommandent que l'Etat allemand prenne des parts chez EADS/Airbus pour préserver les emplois. Cette démarche est encore un acte isolé et n’annonce pas pour l’instant de changement de stratégie de la part du pouvoir politique allemand. Mais la confrontation franco-allemande sur le dossier Airbus sera peut-être riche d’enseignements pour l’avenir. Les politiques allemands sont en train de faire l’apprentissage de la nouvelle réalité géoéconomique mondiale. La pression de l’Asie les amènera peut-être dans un futur proche à reconsidérer de manière plus constructive le partenariat économique avec la France.
Si personne ne peut fermer les yeux sur les luttes de pouvoir internes au sein d’EADS/Airbus, ce groupe reste et restera un bel exemple de réussite commune, qu’aucune des deux nations n'aurait pu obtenir tout seul. L'Europe sera, ou ne sera pas. Elle pourra seulement se faire de manière sérieuse à travers l'axe franco-allemand, moteur depuis toujours de la construction européenne.
Bernd Oliver Bühler