Si l’Open Source ne va pas à Microsoft, Microsoft ira-t-il à l’Open Source ?

Bill Gates co-fondateur de la compagnie « Microsoft » avec Paul Allen, en 1972, prendra sa retraite en 2008. Or, depuis peu le géant de Redmond semble avoir pris un tournant très prononcé pour ou plutôt vers l’Open Source. En effet, deux informations tendent à démontrer ce virage pour le moins inhabituel de la part de l’éditeur de solutions logicielles. La première fut l’invitation de la « Mozilla Foundation (1) » dans les locaux de Microsoft (2). La seconde serait le possibilité que Microsoft rende disponible sa suite bureautique « Microsoft Office » pour l’environnement Gnu/Linux.Comme nous le mentionnions dans un précédent article (3), l’enjeu des logiciels Open Source semble assez important pour que Microsoft s’y intéresse de près (les suites bureautiques développées par l’Open Source sont de plus en plus utilisées au sein des entreprises et administrations). Il s’agit en effet, de la mise en place, d’un point de vue normatif, de l’interopérabilité entre les différentes suites bureautiques existantes (OpenOffice.org, Microsoft Office, Star Office développé par Sun Microsystems à partir de OpenOffice.org…). Les enjeux seraient alors d’une importance stratégique puisque la mise au point d’un standard garantissant l’interopérabilité permet à son propriétaire d’être un acteur influent sur ce marché et entraîner pour ses concurrents une dépendance technologique. l’entrée de Microsoft dans le monde de l’Open Source ou bien encore la mise au point d’un format de fichier par l’Open Source que Microsoft devrait appliquer.

Si l’on s’intéresse à la possible disponibilité de la suite bureautique « Microsoft Office » pour l’environnement Gnu/Linux (4), différents aspects sont alors à considérer : la firme de Bill Gates tenterait-elle « d’imposer » son futur standard à l’image d’une Soft Law, c'est-à-dire en douceur ? Une fois la suite bureautique « Microsoft Office » implantée dans un autre environnement que celui de Windows, il serait plus aisé de faire valoir le format de fichier développé par Microsoft. Aussi, la firme de Bill Gates se tourne de plus en plus vers des solutions « live » de ses applications permettant un travail en ligne. Cette solution nécessite une installation minimale des logiciels sur les postes clients avec un archivage des informations décentralisé des entreprises et administrations. Ce qui soulève la question de la sécurité de l’information et son stockage.

En effet, ces informations pourraient ainsi être acquises de différentes façons : soit par des pirates informatiques (pratique du « Ransonwares (5) ») soit par le gouvernement américain sous couvert d’une loi tel que la « Child Online Protection Act (6)». Si l’on poursuit ce raisonnement plus en avant et que l’on considère l’éventualité que Microsoft propose sa suite gratuitement pour l’environnement Gnu/Linux, il faut alors prendre en considération la problématique d’une suite payante sous environnement Windows. Microsoft favorise alors la migration des entreprises et administrations vers Gnu/Linux. Si dans le cas contraire, « Microsoft Office » est payant pour tout autre environnement, Microsoft considèrerait alors le monde de l’Open Source comme un acteur à part entière, comme il a oeuvré précédemment pour l’environnement Apple. Notons aujourd’hui la percée de l’environnement Gnu/Linux au sein des entreprises et administrations, non seulement pour les serveurs, qui étaient leurs domaines d’application originelle, mais aussi pour les postes de travail (Mairie de Munich, Ministère de la justice Belge…).

Par ailleurs, le développement d’une solution logicielle est coûteux et n’est pas rentable pour un environnement non pérenne et sans une certaine présence sur le marché des systèmes d’exploitation. Ainsi, Microsoft tenterait-il de mieux intégrer le monde de l’Open Source pour garder un certain contrôle sur ce dernier de par l’évolution des formats d’interopérabilité ou de devenir un acteur influent de façon plus générale ? Microsoft est-il prêt à favoriser les migrations vers Gnu/Linux, de façon indirecte, une fois la suite bureautique « Microsoft Office » rendue disponible pour l’Open Source ? Le monde de l’Open Source peut-il voir dans une telle action un changement de considération de Microsoft envers le Logiciel Libre ? Ou doit-on envisager une première tentative de la part du géant de Redmond de s’intégrer dans l’environnement de son principal concurrent avec les enjeux d’influence que cela comporte ? « En analysant tous les aspects d’une situation, il est possible de créer une position favorable et un environnement positif. Par position favorable, j’entends la possibilité de prendre l’initiative. » Sun Tzu

Munier Vincent
http://www.hubdulibre.org

1. Fondation qui développe entres autres les logiciels Firefox et Thunderbird alternatives respectives à Internet Explorer et Outlook qui commencent à être adoptés par les entreprises.
2. http://www.generation-nt.com/actualites/17849/microsoft-mozilla-firefox-thunderbird-ramji/
3. http://www.infoguerre.fr/?p=962
4. http://www.clubic.com/actualite-37593-microsoft-office-linux-sortie-inevitable.html
5. http://www.pcinpact.com/actu/news/30330-Les-Ransomwares-deviennent-de-plus-en-plus-p.htm?vc=1&cid=772289#c772289
6. http://www.pcinpact.com/actu/news/26252-Microsoft-et-les-donnees-de-MSN-fournies-au-.htm