La relation entre les Etats-Unis et le Royaume-Uni… plus si spéciale que cela ?
On se doutait déjà depuis longtemps que la Special Relationship établie entre les Etats-Unis et le Royaume-Uni était inégale, voir largement déficitaire pour les Britanniques. Of course ! Or, depuis peu, on en a régulièrement la preuve. Explications.Malgré les sourires enjoués du Président G. W. Bush et du Premier ministre T. Blair devant les caméras de télévision du monde entier, lors de leur dernière rencontre en mai dernier, nul n'ignore plus les difficultés que les britanniques ont afin d'obtenir les effets escomptés et mérités de leur soutien actif aux Etats-Unis.
Pour se convaincre des distorsions de la relation américano-britannique, provoquées en grande partie par le sentiment outre-manche que la notion de réciprocité n'existe plus chez le « cousin » des Amériques, la lecture du Times, du Telegraph ou encore du Financial Times est édifiante.
Commentée dans ces médias, l'actualité du Joint Strike Fighter (JSF), un programme d'avion de combat américain auquel participent nos voisins, semble parfaitement illustrer et symboliser le ras-le-bol des insulaires.
Malgré les investissements colossaux de BAE Systems (BAES) aux Etats-Unis, par le biais de rachat de sociétés américaines, et malgré la présence massive de soldats britanniques sur les théâtres d'opérations afghans et irakiens, les Etats-Unis refusent (encore et toujours) d'assouplir leurs règles d'exportation de technologies de défense vers leur meilleur allié !
Une illustration évidente de la confiance que les Américains placent dans les Britanniques qui investissent et tombent pour l'oncle Sam.
Dans le cadre du programme JSF, les Britanniques pourront donc acheter des avions de combat américains, mais en revanche, ils ne pourront en disposer de la souveraineté opérationnelle. Les Etats-Unis refusent en effet de répondre à leur demande et de leur fournir l'ensemble des caractéristiques techniques de l'appareil.
Les restrictions américaines sont d'autant plus shocking pour nos gentlemen que pour certains d'entre eux :
1. les investissements de BAES aux Etats-Unis ont été réalisés au détriment du maintien des capacités nationales dans le domaine aéronautique ;
2. les dépenses en faveur d'équipements made in USA ne les satisfait pas puisqu'elles se font au détriment d'autres capacités requises par les forces armées ;
3. le déploiement des troupes de sa Gracieuse Majesté repose sur un mensonge puisque les armes de destruction massive évoquées par l'Administration Bush n'ont toujours pas été trouvées.
4. les Etats-Unis mettent aujourd'hui sur un pied d'égalité leur relation si spéciale avec le Royaume-Uni et celle qu'ils entretiennent avec l'Australie.
Si la nature du lien particulier existant entre le Royaume-Uni et les Etats-Unis ne peut être totalement remise en cause par l'immixtion de l'Australie dans le couple américano-britannique, l'évolution générale de la politique extérieure américaine ne saurait demeurer à l'état du simple constat anecdotique pour le Foreign Office.
A moins que ses diplomates n'aient définitivement renoncé à renouveler leurs exploits passés.
Car, en ignorant délibérément un changement majeur de l'orientation de la politique de Washington à son égard, le Royaume-Uni prendrait le risque de devenir, au mieux, marginalisé au sein d'un club comprenant les partenaires du moment des Etats-Unis, et au pire, d'être considéré comme inexistant dans le règlement des grands dossiers internationaux, en raison d'un alignement acquis sur les positions américaines.
Pour le Royaume-Uni, l'heure n'est plus au choix. To be or not to be ? L'idylle avec les Etats-Unis s'éloigne progressivement du rêve américain alors que la porte, grande ouverte, d'un passé européen lui offre paradoxalement les seules perspectives d'avenir.
Face au goût grandissant des Américains pour une Realpolitik dure, que l'on pourrait ici qualifier de Diplomacy of the Willing dans la suite logique et opportuniste des Coalition of the Willing (qui m'aime me suive !), nous ne pouvons qu'espérer que nos voisins retrouvent le pragmatisme intellectuel qui les a un temps caractérisé.
Sachez d'ailleurs chers enn-amis britanniques, qu'ici, en France, certains d'entre nous veulent croire en votre retour. Car, s'il existe bel et bien une relation spéciale, basée sur une pleine réciprocité, c'est celle que nos histoires respectives ont su forger. Admettez le, depuis des siècles, nous adorons nous détester !
Considérez également, très chers enn-amis britanniques, que nos (re) sentiments mutuels valent toujours mieux que l'indifférence des Américains à votre égard et que votre amertume croissante envers eux.
Pour conclure, si par malheur vous veniez à nous refuser l'amitié de nous haïr (en toute honneur bien évidemment) de notre côté, nous vous confions, en gage de notre éternelle estime, cet adage (à méditer lors de vos prochains voyages vers les Etats-Unis afin de négocier un hypothétique transfert de technologie) : mieux vaut être seul que mal accompagné !
CT
Pour se convaincre des distorsions de la relation américano-britannique, provoquées en grande partie par le sentiment outre-manche que la notion de réciprocité n'existe plus chez le « cousin » des Amériques, la lecture du Times, du Telegraph ou encore du Financial Times est édifiante.
Commentée dans ces médias, l'actualité du Joint Strike Fighter (JSF), un programme d'avion de combat américain auquel participent nos voisins, semble parfaitement illustrer et symboliser le ras-le-bol des insulaires.
Malgré les investissements colossaux de BAE Systems (BAES) aux Etats-Unis, par le biais de rachat de sociétés américaines, et malgré la présence massive de soldats britanniques sur les théâtres d'opérations afghans et irakiens, les Etats-Unis refusent (encore et toujours) d'assouplir leurs règles d'exportation de technologies de défense vers leur meilleur allié !
Une illustration évidente de la confiance que les Américains placent dans les Britanniques qui investissent et tombent pour l'oncle Sam.
Dans le cadre du programme JSF, les Britanniques pourront donc acheter des avions de combat américains, mais en revanche, ils ne pourront en disposer de la souveraineté opérationnelle. Les Etats-Unis refusent en effet de répondre à leur demande et de leur fournir l'ensemble des caractéristiques techniques de l'appareil.
Les restrictions américaines sont d'autant plus shocking pour nos gentlemen que pour certains d'entre eux :
1. les investissements de BAES aux Etats-Unis ont été réalisés au détriment du maintien des capacités nationales dans le domaine aéronautique ;
2. les dépenses en faveur d'équipements made in USA ne les satisfait pas puisqu'elles se font au détriment d'autres capacités requises par les forces armées ;
3. le déploiement des troupes de sa Gracieuse Majesté repose sur un mensonge puisque les armes de destruction massive évoquées par l'Administration Bush n'ont toujours pas été trouvées.
4. les Etats-Unis mettent aujourd'hui sur un pied d'égalité leur relation si spéciale avec le Royaume-Uni et celle qu'ils entretiennent avec l'Australie.
Si la nature du lien particulier existant entre le Royaume-Uni et les Etats-Unis ne peut être totalement remise en cause par l'immixtion de l'Australie dans le couple américano-britannique, l'évolution générale de la politique extérieure américaine ne saurait demeurer à l'état du simple constat anecdotique pour le Foreign Office.
A moins que ses diplomates n'aient définitivement renoncé à renouveler leurs exploits passés.
Car, en ignorant délibérément un changement majeur de l'orientation de la politique de Washington à son égard, le Royaume-Uni prendrait le risque de devenir, au mieux, marginalisé au sein d'un club comprenant les partenaires du moment des Etats-Unis, et au pire, d'être considéré comme inexistant dans le règlement des grands dossiers internationaux, en raison d'un alignement acquis sur les positions américaines.
Pour le Royaume-Uni, l'heure n'est plus au choix. To be or not to be ? L'idylle avec les Etats-Unis s'éloigne progressivement du rêve américain alors que la porte, grande ouverte, d'un passé européen lui offre paradoxalement les seules perspectives d'avenir.
Face au goût grandissant des Américains pour une Realpolitik dure, que l'on pourrait ici qualifier de Diplomacy of the Willing dans la suite logique et opportuniste des Coalition of the Willing (qui m'aime me suive !), nous ne pouvons qu'espérer que nos voisins retrouvent le pragmatisme intellectuel qui les a un temps caractérisé.
Sachez d'ailleurs chers enn-amis britanniques, qu'ici, en France, certains d'entre nous veulent croire en votre retour. Car, s'il existe bel et bien une relation spéciale, basée sur une pleine réciprocité, c'est celle que nos histoires respectives ont su forger. Admettez le, depuis des siècles, nous adorons nous détester !
Considérez également, très chers enn-amis britanniques, que nos (re) sentiments mutuels valent toujours mieux que l'indifférence des Américains à votre égard et que votre amertume croissante envers eux.
Pour conclure, si par malheur vous veniez à nous refuser l'amitié de nous haïr (en toute honneur bien évidemment) de notre côté, nous vous confions, en gage de notre éternelle estime, cet adage (à méditer lors de vos prochains voyages vers les Etats-Unis afin de négocier un hypothétique transfert de technologie) : mieux vaut être seul que mal accompagné !
CT