La privatisation de GDF est reportée
Alors que le journal Le Monde daté du 17 juin, nous informe que le projet de privatisation de Gaz de France (GDF) est reporté, la fusion entre GDF et Suez aura été « la victime collatérale - temporairement ou définitivement – de l’affaiblissement du premier ministre », sous la fronde des députés.
Bernard Accoyer, président du groupe UMP à l’Assemblée Nationale à l’issue de la réunion hebdomadaire de son groupe avait affirmé « Il n’y a pas une majorité suffisante ».
La déclaration du Gouvernement sur la politique énergétique, lors de la séance du 14 juin n’ a donc pas été convaincante.
Pour Thierry Breton, ministre de l’Economie et des Finances et de l’industrie, « La fin de l’ère du tout pétrole est une réalité, les approvisionnements en gaz naturel deviennent un enjeu géostratégique, et une politique ambitieuse d’investissements dans des installations de production électrique est désormais nécessaire pour accompagner l’augmentation de la consommation. Certains évoquent le chiffre de 700 milliards d’euros d’investissements nécessaires pour satisfaire ces besoins ».
Alors que le mariage entre Gaz de France et EDF est impossible pour des raisons juridiques, l’alliance avec Suez est la meilleure perspective stratégique, selon le ministre , « ce qui a été relevé par la totalité des analystes du secteur ».
Si « le monde a pris conscience de l’épuisement des ressources fossiles », et que « Chacun est conscient de ces enjeux et convaincu de l’importance des échanges parlementaires », « nous devons apprécier le poids de notre responsabilité » lance t-il. En devenant le premier fournisseur de gaz en Europe, le nouveau groupe serait incontournable pour les producteurs. Telle est l’orientation que le Gouvernement souhaite donner au débat.
Hormis les déclarations péremptoires ou illusoires, cette séance a été l’occasion de parler clair. « La vérité est que le Gouvernement organise ce débat pour prendre le pouls, la température du Parlement avant d’entrer dans le vif du sujet » déclare Jean Dionis du Séjour.
Patrick Ollier, président de la commission des affaires économiques répond aux attaques de ses collègues sur un patriotisme économique qui serait anti-européen. « Parmi le vaste mouvement de concentration en cours dans le secteur énergétique, de nombreux pays, dont l’Espagne et l’Autriche, essaient de constituer des champions nationaux. Pourquoi pas la France ? »
Si Enel, entreprise énergétique, a indiqué que les activités de Suez dans l’énergie l’intéressaient, s’est pour s’emparer d’Electrabel en Belgique et pour réaliser ce projet, vendrait les activités de Suez, liées à l’environnement, notamment la distribution de l’eau en France. Le risque étant que ce secteur soit ensuite vendu « par appartements ». « General Electric et des fonds de pension américains s’étant déjà déclarés intéressés » précise –il .
Pour répondre à ceux qui s’interrogent sur l’intérêt de Suez pour la politique industrielle française, Patrick Devedjan, Député UMP des Hauts-de-Seine et conseiller de Nicolas Sarkozy, invoque la défense d’autres intérêts stratégiques. « La chose est entendue puisque cette entreprise exploite sept réacteurs nucléaires en Belgique et détient des droits de tirage sur deux centrales nucléaires d’EDF en France ».
« Suez suscite beaucoup de convoitises du côté des écologistes à la maison et des nucléaires à l’étranger » ironise t-il.
Sur le même ton didactique l’avocat continue sa plaidoirie « Suez ne restera pas seul, si l’opération avec GDF ne se fait pas, elle fera l’objet soit d’une OPA amicale en provenance de son propre actionnariat (il s’agit d’une entreprise à majorité belge,souligne t-il) , le Gouvernement n’a donc pas de prise sur l’actionnariat » , soit d’une OPA hostile, de la part , sans être exhaustif de citer Enel - Entreprise d’Etat italienne, EON ou RWE –entreprises allemandes, General Electric –entreprise américaine ou le russe Gazprom. « S’il advenait que Gazprom prenne le contrôle de Suez, on cherchera avec une loupe ceux qui se sont opposés à la constitution d’un nouveau champion mondial français ».
C’est ainsi que ce projet industriel de fusion, plébiscité par les analystes, permettrait
l’existence de ce nouveau champion mondial français qui conforterait le leadership français, en matière de nucléaire . « Celui-ci existe déjà mais il ne pourrait que se confirmer si nous récupérions les neuf centrales que pilote Suez »
Décidée dans l’urgence face à la menace d’une OPA de l’italien Enel sur Suez, Hervé Novelli, Député UMP, Indre et Loire, regrette que le rapprochement de Gaz de France et de Suez ait été vu comme une opération de patriotisme économique face à l’intérêt d’ENEL pour le groupe franco-belge. « Les Italiens ne sont pas nos ennemis, bien au contraire, l’opération a elle aussi beaucoup de sens. Serions-nous incapables d’imaginer la naissance d’un ensemble européen associant Gaz de France, Suez et Enel pour faire émerger le groupe européen de l’énergie dont nous avons besoin ». S’il faut sauver le soldat Gaz de France, la réflexion stratégique portée par Enel doit être intégrée.
Ainsi pouvons pérenniser le débat qui a fait suite à la déclaration du Gouvernement sur la politique énergétique.
Il ne reste plus qu’à ce souvenir de ce bel après-midi, quand du Salon bleu de l’hôtel Matignon, Dominique de Villepin annonçait le mariage de Suez et Gaz de France, et que tout paraissait aussi simple qu’une opération de communication colbertiste.
Jeannick TARRIERE
Alors que le journal Le Monde daté du 17 juin, nous informe que le projet de privatisation de Gaz de France (GDF) est reporté, la fusion entre GDF et Suez aura été « la victime collatérale - temporairement ou définitivement – de l’affaiblissement du premier ministre », sous la fronde des députés.
Bernard Accoyer, président du groupe UMP à l’Assemblée Nationale à l’issue de la réunion hebdomadaire de son groupe avait affirmé « Il n’y a pas une majorité suffisante ».
La déclaration du Gouvernement sur la politique énergétique, lors de la séance du 14 juin n’ a donc pas été convaincante.
Pour Thierry Breton, ministre de l’Economie et des Finances et de l’industrie, « La fin de l’ère du tout pétrole est une réalité, les approvisionnements en gaz naturel deviennent un enjeu géostratégique, et une politique ambitieuse d’investissements dans des installations de production électrique est désormais nécessaire pour accompagner l’augmentation de la consommation. Certains évoquent le chiffre de 700 milliards d’euros d’investissements nécessaires pour satisfaire ces besoins ».
Alors que le mariage entre Gaz de France et EDF est impossible pour des raisons juridiques, l’alliance avec Suez est la meilleure perspective stratégique, selon le ministre , « ce qui a été relevé par la totalité des analystes du secteur ».
Si « le monde a pris conscience de l’épuisement des ressources fossiles », et que « Chacun est conscient de ces enjeux et convaincu de l’importance des échanges parlementaires », « nous devons apprécier le poids de notre responsabilité » lance t-il. En devenant le premier fournisseur de gaz en Europe, le nouveau groupe serait incontournable pour les producteurs. Telle est l’orientation que le Gouvernement souhaite donner au débat.
Hormis les déclarations péremptoires ou illusoires, cette séance a été l’occasion de parler clair. « La vérité est que le Gouvernement organise ce débat pour prendre le pouls, la température du Parlement avant d’entrer dans le vif du sujet » déclare Jean Dionis du Séjour.
Patrick Ollier, président de la commission des affaires économiques répond aux attaques de ses collègues sur un patriotisme économique qui serait anti-européen. « Parmi le vaste mouvement de concentration en cours dans le secteur énergétique, de nombreux pays, dont l’Espagne et l’Autriche, essaient de constituer des champions nationaux. Pourquoi pas la France ? »
Si Enel, entreprise énergétique, a indiqué que les activités de Suez dans l’énergie l’intéressaient, s’est pour s’emparer d’Electrabel en Belgique et pour réaliser ce projet, vendrait les activités de Suez, liées à l’environnement, notamment la distribution de l’eau en France. Le risque étant que ce secteur soit ensuite vendu « par appartements ». « General Electric et des fonds de pension américains s’étant déjà déclarés intéressés » précise –il .
Pour répondre à ceux qui s’interrogent sur l’intérêt de Suez pour la politique industrielle française, Patrick Devedjan, Député UMP des Hauts-de-Seine et conseiller de Nicolas Sarkozy, invoque la défense d’autres intérêts stratégiques. « La chose est entendue puisque cette entreprise exploite sept réacteurs nucléaires en Belgique et détient des droits de tirage sur deux centrales nucléaires d’EDF en France ».
« Suez suscite beaucoup de convoitises du côté des écologistes à la maison et des nucléaires à l’étranger » ironise t-il.
Sur le même ton didactique l’avocat continue sa plaidoirie « Suez ne restera pas seul, si l’opération avec GDF ne se fait pas, elle fera l’objet soit d’une OPA amicale en provenance de son propre actionnariat (il s’agit d’une entreprise à majorité belge,souligne t-il) , le Gouvernement n’a donc pas de prise sur l’actionnariat » , soit d’une OPA hostile, de la part , sans être exhaustif de citer Enel - Entreprise d’Etat italienne, EON ou RWE –entreprises allemandes, General Electric –entreprise américaine ou le russe Gazprom. « S’il advenait que Gazprom prenne le contrôle de Suez, on cherchera avec une loupe ceux qui se sont opposés à la constitution d’un nouveau champion mondial français ».
C’est ainsi que ce projet industriel de fusion, plébiscité par les analystes, permettrait
l’existence de ce nouveau champion mondial français qui conforterait le leadership français, en matière de nucléaire . « Celui-ci existe déjà mais il ne pourrait que se confirmer si nous récupérions les neuf centrales que pilote Suez »
Décidée dans l’urgence face à la menace d’une OPA de l’italien Enel sur Suez, Hervé Novelli, Député UMP, Indre et Loire, regrette que le rapprochement de Gaz de France et de Suez ait été vu comme une opération de patriotisme économique face à l’intérêt d’ENEL pour le groupe franco-belge. « Les Italiens ne sont pas nos ennemis, bien au contraire, l’opération a elle aussi beaucoup de sens. Serions-nous incapables d’imaginer la naissance d’un ensemble européen associant Gaz de France, Suez et Enel pour faire émerger le groupe européen de l’énergie dont nous avons besoin ». S’il faut sauver le soldat Gaz de France, la réflexion stratégique portée par Enel doit être intégrée.
Ainsi pouvons pérenniser le débat qui a fait suite à la déclaration du Gouvernement sur la politique énergétique.
Il ne reste plus qu’à ce souvenir de ce bel après-midi, quand du Salon bleu de l’hôtel Matignon, Dominique de Villepin annonçait le mariage de Suez et Gaz de France, et que tout paraissait aussi simple qu’une opération de communication colbertiste.
Jeannick TARRIERE