Dans le domaine du renseignement, le Vatican a toujours suscité tous les fantasmes. Tantôt manipulateur tout puissant, tantôt victime des puissances étrangères l’encerclant, le Vatican est sujet de nombreuses théories. Avec son ouvrage « Les espions du Vatican », David Alvarez nous livre une vision historique sur les dispositifs d’espionnage mis en place par le Vatican, mais également sur ceux dont il fut la cible.Cet ouvrage rigoureux se base sur des archives afin de brosser l'histoire diplomatique du XIXème et du XXème siècle en passant en revue dix pontificats, de Pie VII à Pie XII. Cette histoire de l'espionnage autour du Vatican a impliqué des chefs d’Etats, des diplomates, mais également des hommes d’église voire même des mercenaires.
A la lecture des opérations d’espionnage du passé, il est saisissant de constater que ces intrigues n’ont rien à envier à celle d’aujourd’hui… « (Benigni) parvint aisément à convaincre le cardinal Merry del Val, qui partageait l’aversion de son subordonné pour l’innovation théologique et politique, de l’autoriser à organiser une lutte clandestine pour la défense de l’Eglise et de l’ordre traditionnel. Cette lutte s’organiserait autour de deux axes. Un programme de propagande allait fournir un instrument pour attaquer les arguments des modernistes et dominer le débat public sur l’avenir de l’Eglise et de la société. En parallèle, une opération clandestine de renseignement permettrait de recruter des agents secrets en Europe, en Amérique du Nord, et en Amérique du Sud afin d’identifier les modernistes, de mettre à jour leur filières de conspirateurs et de faire échouer leurs plans ».
Contrairement à ce que le titre peut laisser sous-entendre, ce livre ne porte pas uniquement sur les espions mandatés par le Vatican, mais bien sur l’ensemble des opérations d’espionnage dans lesquelles le Vatican fut impliqué. « Cesare Bertini, commissaire de police du Borgo, quartier romain qui entourait le Vatican, déploya d’importants moyens en terme de personnel. Des postes d’observation surveillaient les différentes entrées du Vatican et enregistraient les arrivées et les départs des diplomates, journalistes, et ecclésiastiques de haut rang. Des agents de police en civil fréquentaient deux cafés du Vatican (…) où ils recueillaient des renseignements utiles, notamment sur les visiteurs du palais pontifical et les modifications dans les dispositifs de sécurité… »
Cet ouvrage s’adresse tout particulièrement aux lecteurs qui désirent avoir une vision historique des relations diplomatiques entre le Vatican et les autres puissances sous l’angle des opérations clandestines et secrètes. L’auteur nous livre un dessous des cartes dont la connaissance permet de mieux appréhender et de comprendre les grands évènements historiques du siècle passé.
L’auteur, David Alvarez, ancien professeur d'Université à Paris et Rome, enseigne aujourd’hui les sciences politiques au Saint-Mary College de Californie. Il a publié plusieurs ouvrages consacrés à l'histoire de l'espionnage pendant la Seconde Guerre mondiale dont « Papauté et espionnage nazi, 1939-1945 ».
AVS
« Les espions du Vatican » de David Alvarez, Ed. Nouveau Monde, 2006