Les risques des délocalisations françaises

Un haut fonctionnaire français faisait remarquer récemment dans un de ses courriers que « le phénomène de délocalisations s’accélère dans tous les secteurs et pas seulement dans le secteur industriel. Il touche désormais aussi les « cols blancs », notamment les emplois qualifiés, allant de la programmation informatique au design industriel, en passant par la gestion de données administratives comme la comptabilité ou la surveillance de comptes de dépenses. Car le développement d'Internet et du commerce électronique facilite en effet, encore plus que pour les emplois industriels, le transfert d'emplois de services vers les pays émergents. Contrairement aux produits manufacturiers, les coûts de transport sont pratiquement inexistants. Il suffit par exemple d'un clic de souris pour transférer un dossier de New York, Londres ou Paris vers Shanghaï, l'île Maurice, Bratislava (en Slovaquie) ou Bangalore (Inde). Or les différentiels de coûts (d'un agent qui répond au téléphone comme d’un ingénieur informaticien) entre les différents pays du monde fait voler en éclat la vraisemblance de voir des emplois de nouvelles technologies se substituer massivement aux emplois industriels classiques dans les pays riches ».

Une importante banque en réseau et une caisse de retraite française sont en train de délocaliser vers l’Asie des centaines de postes
d’ingénieurs informatiques. Ces deux structures le font dans la plus grande discrétion de peur d’avoir une image négative dans l’opinion
publique si l’information sortait dans un média. La pratique de ladélocalisation systématique pour bénéficier des réductions de coûts
salariaux (un informaticien indien gagne 400 euros par mois) peutdevenir dangereuse, voire irresponsable. C’est le cas des entreprises
pharmaceutiques suisses qui n’ont plus  la capacité de fabriquer sur place les vaccins en quantité suffisante pour lutter
contre une pandémie du type grippe aviaire. Les fonctions externaliséespar les banques et les caisses de retraite méritent d’être regardées à
la loupe par les pouvoirs publics pour des raisons de sécurité et de fiabilité en cas de crise internationale majeure. Les entreprises étant
pour l’instant sous la coupe des "coast killer", il est nécessaire d’analyser avec le plus grand soin les mouvements de délocalisation.
Ceci est d’autant plus vrai que des délocalisations d’entreprise sont,effectuées dans des conditions de recherche de rentabilité très
contestables. Dans le domaine des équipementiers automobiles, des entreprises ont été délocalisées alors qu’elles étaient rentables. La
marge gagnée est calculée selon des critères financiers qui n’ont rien,à voir avec la compétition industrielle mondiale.

Les délocalisations aboutissent aussi à des échecs flagrants. Le service très médiocre rendu par les centres d'appel implantés dans des pays
éloignés obligent certains opérateurs téléphoniques à relocaliser en France leurs activités.