Malgré un demi-siècle de polémiques et de controverses, tout n’avait pas encore été dit, ou écrit, sur l’Europe. Eric Delbecque apporte sa pierre à l’édifice en nous présentant une vision tout simplement nouvelle du projet européen. On retrouve ainsi dans cet ouvrage l’ensemble des éléments de fond qui alimentent le débat européen (langue, territoire, histoire, religion et organisation politique) mais ils sont rapportés à un rêve, le « rêve français », celui d’une « Europe puissance ».
C’est ainsi que nous trouverons, au fil des pages, des réflexions fondamentales sur l’identité européenne, la volonté de vivre ensemble à l’échelle du continent qui ne sous-entend pas renonciation à l’identité française ; sur le concept même de puissance, objectif humaniste conduisant à la paix ; sur le devenir du monde alliant multi-latéralisme et démocratie ; sur la place de l’Europe dans ce monde, capable de se hisser au rang de partenaire face et non pas contre les autres ; sur la place de la France dans cette Europe, victime du « complexe du Gaulois », la maladie de l’indépendance ; sur les notions de nationalisme et de protectionnisme, corollaires fallacieux de celle de patriotisme, sous-jacente à l’idée de puissance ; sur les concepts d’équilibre entre le droit et la force et par conséquent sur la contrainte, la domination et l’hégémonie ; sur la notion d’influence bien sûr, à la base de la moindre stratégie de puissance… Au carrefour de l’histoire, de la philosophie, de la sociologie, des sciences politiques et des relations internationales, l’auteur dresse un constat assez cruel du monde, de l’Europe et de la France dans lesquels il vit mais formule dans le même temps ses rêves, ses souhaits, ses espérances résolument optimistes, ambitieux et plein d’espoir. Fort de nombreuses références, cet ouvrage très documenté constitue non seulement une somme de la pensée politique sur la « chose européenne » mais aussi un formidable plaidoyer pour une France affermie dans une meilleure Europe, pour une France puissance dans une Europe puissance. Dans cet « appel à la génération des trentenaires qui ne s’identifie pas au discours politique actuel » se situe peut-être le seul écueil de l’ouvrage : ce sentiment n’est pas l’apanage des trentenaires mais d’une frange bien plus importante de la population… JS
