Au milieu des années 80, suite aux demandes réitérées des officiers supérieurs soviétiques auprès du Kremlin, le projet 1143.5 voit le jour. Ce projet a pour ambition de doter la flotte de l’Union Soviétique de porte-avions, afin de pouvoir rivaliser avec la marine américaine et d’acquérir par la même occasion un moyen de projection. C’est en janvier 1983 qu’est mis en chantier le premier porte-avions soviétique, l’ « Amiral Kuznetsov ». Il sera admis au service actif en janvier 1991. Sa mise en chantier fut suivi par celle de deux autres porte-avions: le « Varyag », identique au « Kuznetsov », et l’ « Oulyanovsk », plus grand que ses prédécesseurs et plus proche de la taille de ses rivaux américains. Après la chute du mur de Berlin, le gouvernement russe, après avoir réduit le budget de la défense de façon drastique, stoppe la construction du « Varyag » et de l’ « Oulyanovsk », alors en chantier à Nikolaiëv, en Ukraine. Lors de l’indépendance de ce pays, l’ « Oulyanovsk », construit à hauteur de 30%, est ferraillé en 1994. Le mystère du porte-avions « Varyag »
L’histoire du « Varyag » est plus mouvementée : achevé à 70%, le « Varyag » fut cédé au gouvernement Ukrainien. En 1992, les autorités chinoises s’étaient intéressées au « Varyag » sans parvenir toutefois à trouver un accord avec l’Ukraine au sujet de son prix de cession. Le porte-avions sera finalement cédé en 1998 à une firme de Macao, « Chong Lot », pour 20 millions de dollars. Officiellement, cette firme a pour ambition de transformer le porte-avions en parc d’attraction et en casino flottant. Le contrat conclu avec l’Ukraine stipule que l'acheteur ne peut utiliser le navire à des fins militaires. En mars 2002, les autorité Turques autorisent le « Varyag » à passer le détroit de Bosphore, pour l’acheminer à son nouveau port d’attache chinois, à Dalian. Mais le projet de parc d’attraction flottant ne verra jamais le jour…
L’immobilisation du porte-avions suscite alors de nombreuses interrogations parmi les spécialistes. La nature de l’entreprise chinoise qui a racheté le navire apparaît plus que douteuse. En effet, Chong Lot n’a aucune façade professionnelle à Macao. Cette société a pour maison mère une Holding de Hong Kong, Chinluck et est liée à Goldspot Investments Ltd, firme également basée à Hong Kong. Aucune de ses entreprises n’a d’interface publique et leurs activités demeurent totalement opaques. Seul soupçon, les liens étranges qu’elles entretiennent avec la marine de guerre de la République Populaire de Chine : le directeur de Chinluck est un ancien Officier de marine chinois, et trois des cinq directeur de cette holding sont originaires de Shandong, le principal port de la flotte du nord de la marine chinoise….
Après trois ans d’immobilisation amarré dans le port de Dalian, le porte-avions « Varyag » est conduit en cale sèche en juin 2005. Des échafaudages sont montés sur la tour du navire et la coque est repeinte aux couleurs… de la marine chinoise! Tout ceci sous étroite surveillance…
Un programme de porte-avions chinois ?
Deux hypothèses peuvent être retenues : soit la marine chinoise se livre à des essais en vue de la réalisation d’un porte-avions de construction nationale, soit le porte-avions est en cours de finition pour fournir à la Chine son premier porte-avions. Cependant, la première hypothèse semble la plus crédible. Selon des sources russes, les chinois auraient secrètement débuté la construction d’un porte-avions en août 2005 sur l’île de Zhang-xing, située près de Shanghai. Mais ces rumeurs n’ont pu être confirmées…
La Chine n’a jamais vraiment dissimulé son intérêt pour doter sa marine de porte-avions. Avec plus de 400 navires, la marine chinoise est la 3e du monde et se modernise en conséquence : modernisation de la flotte de sous marins, dotation de navire « furtifs », lancement de programmes majeurs « amphibie », et bien sûr, programme de développement de porte-avions …
La Mer de Chine : future poudrière ?
Cette modernisation est révélatrice des tensions croissantes qui règnent dans l’Est de l’Asie. Cette région du globe étant une zone d’enjeux économiques majeurs, notamment énergétiques. Le développement de la marine chinoise est suivi par trois autres marines. Les marines nippone, sud-coréenne et Taïwanaise, toutes potentiellement susceptibles d’entrer en conflit avec la marine de la République Populaire de Chine.
Ce réarmement de l’Est de l’Asie révèle bien plus que de simples conflits territoriaux autour des archipels des Paracels, des Spratleys, l’Ile de Taiwan, ou encore l’archipel des Shankoku… Le contrôle des territoires convoités permettrait aux pays concernés de bénéficier des ressources énergétiques majeures dont recèlent ces territoires, notamment gazières. D’où l’intérêt pour la Chine de disposer d’une marine pleinement opérationnelle.
Brieuc Noury
Liens Internet :
- Site de Global Security http://www.globalsecurity.org/military/world/china/cv.htm
- Site de Mer et Marine http://www.meretmarine.com/article.cfm?id=958&
- Site « the Mystery of the Hapless Varyag » http://www.varyagworld.com/