Asie Pacifique : l’OCS, un levier d’influence russo-chinois

Alors que des sanctions pourraient être prises par le Conseil de Sécurité de l’Organisation des Nations Unies (ONU) contre l’Iran et que Washington maintient une forte pression sur le gouvernement d’Ahmadinejad, l’organisation de coopération de Shanghai (OCS) pourrait voir le nombre de ses membres progresser, avec une conséquence directe de son influence dans la région Asie Pacifique et par conséquent sur le dossier du nucléaire iranien.


La Mongolie, l’Iran, l’Inde et le Pakistan pourraient rejoindre prochainement l’OCS, une organisation régionale de coopération multilatérale créée à Shanghai en juin 2001 et dont l’un des volets comprend notamment un développement des coopérations dans le domaine militaire ainsi que dans celui de la lutte contre le terrorisme. Pour la Russie et la Chine, les deux acteurs moteurs de cette organisation (qui compte également le Kazakhstan, le Tadjikistan, l’Ouzbékistan et la Kirghizie), la venue de ces nouveaux membres représenterait indéniablement une victoire, tout d’abord, afin d’amener les Etats-Unis à la table des négociations dans le cadre de ses actions diplomatiques et militaires dans des zones d’intérêt russo-chinoises puis, dans un second temps, de reprendre le contrôle de la région Asie Pacifique au détriment des acteurs « extérieurs ». Pour les capitales européennes, la montée en puissance éventuelle de l’OCS et plus particulièrement de ses capacités militaires a de quoi susciter des interrogations.

En effet, si l’unilatéralisme américain n’est certainement pas une chose souhaitable, le développement de l’OCS posera à terme la question de la présence de l’Otan en Afghanistan et par extension, celle de l’implication de forces « occidentales » dans des affaires « asiatiques ». Outre cette hypothétique remise en cause de l’accès militaire à une partie importante du globe à des pays occidentaux et membres de l’Otan, le rapprochement du gouvernement chinois et russe ne sera pas sans conséquence sur le maintien d’une forme de systèmes politiques et économiques échappant à l’influence américaine ou européenne dans la zone Asie Pacifique, avec le risque que ceux-ci en soient d’ailleurs exclus. Pour l’heure, une prise de position de l’OCS sur le dossier du nucléaire iranien, lors du sommet prévu en juin prochain, devrait constituer un signal intéressant quant à la direction que souhaite donner Pékin et Moscou à cette organisation.

B.S