La récente implantation militaire des Etats-Unis au Paraguay n’a pas suscité un grand intérêt de la part des médias locaux et internationaux. Pourtant, cet engagement militaire dans cette zone revêt une dimension hautement stratégique. Pour l'heure, les Etats-Unis et le Paraguay ont signé un accord militaire permettant l'entrée de 400 marines sur une période s'étalant de juin 2005 à janvier 2007. Mais, une fois établies, il est rare de voir les forces américaines quitter leurs positions à l'étranger. La capacité d'accueil de la base aérienne de Mariscal Estigarribia pourrait rapidement passer à 10.000 hommes. Le choix de ces installations n’est pas anodin car la position géographique de la base présente plusieurs avantages. Tout d'abord, son altitude de 3500 mètres permet l'atterrissage d'avions militaires de grande taille comme les bombardiers B-52 ou les avions de transport tactique Galaxy.
De plus, de par sa position centrale sur le continent sud américain, elle permet aux Etats-Unis de déployer des forces dans tous les pays de la zone en un lapse de temps réduit. Les réserves de gaz boliviennes, parmi les plus grandes du monde, ne sont qu'à 300 Km de là. L'accord fut d'ailleurs signé en anticipation d'une victoire d'Evo Morales aux élections présidentielles boliviennes
Mais il serait réducteur d'associer cette nouvelle présence militaire aux seuls hydrocarbures. En effet, les stratèges américains s'intéressent de plus en plus à la zone des "trois frontières" (entre le Paraguay, l'Argentine et le Brésil). Il est vrai que cette zone abrite des trafics en tous genres mais c'est la présence d'une importante communauté syrio-libanaise qui fait dire aux Etats-Unis que les "trois frontières" seraient en vérité une base arrière du terrorisme islamiste international. Le réel intérêt stratégique de cette zone est tout autre puisque s'y trouvent les deuxièmes réserves mondiales d'eau douce (l'aquifère "Guarani"). Rien de très étonnant puisque ce n'est pas la première fois que les Etats-Unis utilisent ce prétexte pour s'installer sur des sols riches en ressources naturelles.
Enfin, étant sur le territoire d'un des membres du MERCOSUR, la présence de cette base est un message fort aux dirigeants des pays membres du Marché Commun du Cône Sud rechignant encore à rejoindre le projet de zone de libre-échange des Amériques (ZLEA) qui tient tant à coeur à l'administration Bush.
En soutien à ce déploiement de force, Washington a envoyé ses stratèges. James Caldwell Cason, qui grâce à son expérience militaire fut assesseur politique du commandement américain de l’OTAN, a été nommé ambassadeur des Etats-Unis au Paraguay et le Pentagone a envoyé à Asunción une équipe d’experts du centre d’étude de la défense.
Les ressources sud américaines sont l’objet d’une grande attention de la part des grandes puissances. La Chine l’a montré en 2004 avec la tournée diplomatique du président Hu Jintao. De leur côté, les Etats-Unis montrent, à travers cette implantation que la bataille pour contrôle des ressources ne fait que commencer.
Jean-Marie Lécuyer
De plus, de par sa position centrale sur le continent sud américain, elle permet aux Etats-Unis de déployer des forces dans tous les pays de la zone en un lapse de temps réduit. Les réserves de gaz boliviennes, parmi les plus grandes du monde, ne sont qu'à 300 Km de là. L'accord fut d'ailleurs signé en anticipation d'une victoire d'Evo Morales aux élections présidentielles boliviennes
Mais il serait réducteur d'associer cette nouvelle présence militaire aux seuls hydrocarbures. En effet, les stratèges américains s'intéressent de plus en plus à la zone des "trois frontières" (entre le Paraguay, l'Argentine et le Brésil). Il est vrai que cette zone abrite des trafics en tous genres mais c'est la présence d'une importante communauté syrio-libanaise qui fait dire aux Etats-Unis que les "trois frontières" seraient en vérité une base arrière du terrorisme islamiste international. Le réel intérêt stratégique de cette zone est tout autre puisque s'y trouvent les deuxièmes réserves mondiales d'eau douce (l'aquifère "Guarani"). Rien de très étonnant puisque ce n'est pas la première fois que les Etats-Unis utilisent ce prétexte pour s'installer sur des sols riches en ressources naturelles.
Enfin, étant sur le territoire d'un des membres du MERCOSUR, la présence de cette base est un message fort aux dirigeants des pays membres du Marché Commun du Cône Sud rechignant encore à rejoindre le projet de zone de libre-échange des Amériques (ZLEA) qui tient tant à coeur à l'administration Bush.
En soutien à ce déploiement de force, Washington a envoyé ses stratèges. James Caldwell Cason, qui grâce à son expérience militaire fut assesseur politique du commandement américain de l’OTAN, a été nommé ambassadeur des Etats-Unis au Paraguay et le Pentagone a envoyé à Asunción une équipe d’experts du centre d’étude de la défense.
Les ressources sud américaines sont l’objet d’une grande attention de la part des grandes puissances. La Chine l’a montré en 2004 avec la tournée diplomatique du président Hu Jintao. De leur côté, les Etats-Unis montrent, à travers cette implantation que la bataille pour contrôle des ressources ne fait que commencer.
Jean-Marie Lécuyer