L'investissement socialement responsable

L'Ecole de Guerre Economique (EGE) vient de produire deux études réalisées par ses étudiants professionnels de la formation continue MSIE (Management Stratégique et Intelligence Economique).

Etude EGE : L'investissement socialement responsable
Comment l’entreprise doit-elle aborder l’investissement socialement responsable (ISR), sur le mode du marketing pur ou plus en profondeur ? Doit-elle subir l’ISR, ou le considérer à la fois comme outil et vecteur de développement ? Pour y répondre, elle va devoir se pencher sur sa définition, sur ses implications, sur les failles de son système, sur ses risques et donc sur ses enjeux. La tâche qui attend l’entreprise n’est pas aisée. La définition de l’ISR n’est pas évidente. Pour commencer, le concept lui-même de «responsabilité d’entreprise» donne lieu à des formulations diverses, qui peuvent être sources de confusion. Traduite directement de l’anglais «Corporate Social Responsability», la formule française la plus courante «responsabilité sociale de l’entreprise» peut laisser croire à une conception restreinte de ce qui relève des relations entre les personnes au sein d’une collectivité, ou au bien être des individus ou ce qui est relatif aux intérêts communs. C’est ce qu’explique le terme français «sociétal» dans une dimension plus large, destinée à éviter toute confusion. Pourtant c’est aujourd’hui la locution usitée.

L’historique de l’ISR également est méconnu. Nombreux sont ceux qui attribuent à ce concept une certaine modernité. En fait, ce sont les premières grandes catastrophes écologiques comme Exxon Valdez ou Bhopal qui ont fait naître une préoccupation des investisseurs quant aux risques assumés. Depuis, celle-ci n’a de cesse de s’intensifier.

Conscients de cette prise de conscience générale, la majorité des investisseurs institutionnels et des entreprises recherchent une traduction financière des risques et des opportunités de la gestion de la responsabilité sociétale des entreprises. Les risques liés à l’image et à la réputation sont même devenus un des principaux problèmes des banques et autres institutions financières : leur performance est intimement liée à la confiance du public. Une bonne gouvernance d’entreprise est désormais considérée comme un gain de légitimité. Cette évolution s'est accompagnée par la création d'agences de "notation extra financière" chargées de scruter le comportement des entreprises, comme la française Vigeo. L’Investissement Socialement Responsable (ISR) est désormais incontournable pour les entreprises et institutions financières. Si elles n’y accordent pas suffisamment d’importance (en traduisant leur volonté en moyens humains et financiers concrets afin de mettre en place des actions dédiées), elles risquent de sévères et brusques attaques informationnelles.

Effet de mode ou lame de fonds ? Pour certains, il s’agit d’une réponse insuffisante voire dangereuse, face à la contestation des milieux d’affaires qui se traduit dans les faits par une régulation non contraignante du capitalisme. Pour d’autres, il y a une opportunité historique majeure à saisir. Cette quête de la responsabilité sociale d’entreprise peut être un levier suffisamment puissant pour transformer la vie des entreprises et des marchés financiers. L’avenir dépendra de la capacité de mobilisation des parties prenantes et de la capacité des acteurs à instrumentaliser la démarche.

Télécharger l'étude :
http://www.ege.fr/download/investissement_socialement_responsable_EGE_270306.pdf