Les leçons à tirer de l’affaire du Clémenceau

 

La première est sans doute la plus grave : les conseillers du Ministre de la Défense n’ont pas compris dans quel monde ils évoluent et en particulier ne saisissent rien aux problématiques de guerre de l’information. Les erreurs sont multiples et doivent être soulignées avec gravité et insistance :

• Aucune analyse sérieuse n’a été faîte sur le désir de revanche qui animait Greenpeace après son fiasco médiatique à Mururoa lors de sa tentative de pénétration du site d’essai nucléaire avec le Rainbow Warrior II. A l’époque, la stratégie de communication de Greenpeace Monde avait été contrée par une opération mûrement réfléchie et préparée par le Ministère de la Défense. Greenpeace attendait depuis longtemps l’heure de la revanche. L’ONG aurait pu s’attaquer à d’autres cibles pour dénoncer les navires poubelles mais l’occasion était trop belle.
• Aucune démarche cohérente n’a été suivie par les pouvoirs publics français pour traiter sur le fond le contexte mondial du désamiantage des navires. La France est loin d’être le pays le plus calamiteux dans ce dossier mais encore faudrait-il le démontrer. Les fonctionnaires formés à l’Ecole Nationale d’Administration n’ont pas saisi une des données essentielles de la société de l’information : c’est celui qui prend la parole en se faisant passer pour le défenseur de la veuve et de l’orphelin qui a un avantage décisif dans le débat. Il suffit d’écouter chaque jour la radio d’Etat France Inter à différentes tranches horaires 7/9, 9/11, 17/18, 18/19, 20/21 pour en avoir la démonstration. Face à cette occupation souvent pathétique du terrain par la parole du journaliste donneur de leçon, alimentée à souhait par les robins des bois de la société civile, les fonctionnaires formés par l’ENA appliquent la règle du principe de précaution. Il s’agit là d’une erreur majeure.

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