Les enjeux de l’OPA de Mittal Steel sur Arcelor

Il y a un mois, son nom n’était connu que de quelques initiés du monde de l’acier. Aujourd’hui, après l’annonce d’une OPA, Lakshmi Mittal est devenu l’homme dont tout le monde parle. Il réussit à faire frémir le conseil d’administration d’Arcelor, les gouvernements français, espagnols et luxembourgeois et les institutions juridiques américaines. Arcelor, fleuron industriel européen, se voit aujourd’hui attaquer sur ses produits phares : les aciers à forte valeur ajoutée, matière première utilisée dans l’automobile, la construction, l’électroménager, l’emballage et l’industrie. Les intérêts stratégiques de la France sont ici menacés. En quinze ans, Mittal Steel a bâti un véritable empire financier. Ceci, en attaquant et rachetant ses principaux concurrents, alors positionnés dans le top 5 des producteurs d’acier à leur niveau national respectif. En 1989, Mittal Steel rachète Iron Steel Company à Trinidad & Tobago, complexe défini comme moderne et avancé sur le plan technologique ; en 1992, c’est au tour de Sibalsa, le mexicain, de connaître le même sort, alors troisième producteur d’acier du pays. Puis viennent le canadien Sidbac-Dosco et l’allemand Hamberger Stahlwerke, tous deux quatrièmes producteurs d’acier dans leur pays. En 1995, Karmet, site kazakh le plus intégré et le plus grand du monde, passe sous le joug de Mittal Steel. Deux ans plus tard, l’ogre Mittal Steel va toujours tambour battant : l’Allemagne fait de nouveau les frais de la folie d’acquisitions du groupe. Puis, viennent les Etats-Unis, avec Inland Steel Company, le quatrième producteur d’acier du pays, la France, avec Unimétal/Usinor, l’Algérie et la Roumanie. A partir de 2003, Mittal Steel attaque les leaders des marchés tchèque : Nova Hut et polonais : Polski Huty Stali. Aujourd’hui, en 2005, le géant n’en a toujours pas fini dans sa course aux acquisitions : Bosnie, Macédoine, Ukraine et de nouveau les Etats-Unis sont pris pour cibles. La Chine manquerait-elle au tableau de chasse du groupe ? Erreur. Mittal Steel y détient 37% de parts de marché, alors que ses concurrents internationaux se sont présents qu’à hauteur de 11% !

Mais le véritable enjeu de la bataille financière menée par Mittal Steel ne serait-il pas d’évincer définitivement les concurrents phares et les plus dangereux du marché de l’acier mondial, pour y dominer en maître ?



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