Les manœuvres américaines sur la question de l'eau en Bolivie

Les articles sur l’importance de l’eau dans la géoéconomie mondiale sont en augmentation constante. Le quotidien Le monde du 22 janvier publiait un dossier en précisant qu’en 2025, 8 milliards d'humains devront se partager la même quantité d'eau qu'aujourd'hui. Dans vingt ans, la réserve mondiale disponible par habitant sera trois fois moins importante qu'en 1950. Cette réalité sera très inégalement vécue selon la zone géographique. Les populations du Sud seront les plus touchées. Certaines  puissances ont commencé à se pencher très sérieusement sur le problème. C’est le cas des Etats-Unis d’Amérique procèdent depuis 1995 à une analyse très approfondie des réserves d’eau potable en surface et souterraine en Amérique Latine. Le site de l’Association pour le Contrat Mondial de l’Eau (ACME) a mis en ligne un article intéressant sur les objectifs des Etats-Unis concernant les ressources en eau de la Bolivie. L'hebdomadaire bolivien Pulsorelate raconte une réunion qui s’est tenue en juin dernier à l'ambassade américaine à La Paz. Cette réunion soutenue par le Pentagone regroupait des diplomates et des militaires nord américains Ainsi que des experts boliviens. Les représentants des Etats-Unis insistèrent sur l’importance de cette cartographie des réserves d’eau boliviennes afin d’orienter leurs investissements dans ce pays pour aider la Bolivie à mieux développer ses ressources en eau.

L'hebdomadaire bolivien Pulsorelate explique cette approche  des ressources boliviennes en eau par la diplomatie américaine et du Pentagone à cause des besoins de l’industrie fortement consommatrice du Sud des Etats-Unis. Il pose aussi cette question qui donne un autre relief à la guerre de l’information qui fait rage sur le thème de l’eau dans cette partie du monde : « Quelles seront les conséquences sociales et écologiques de telles politiques qui ouvrent la porte à la marchandisation et aux transferts inter-bassins, voire inter-continentaux ? Les pays andins, qui sont financièrement dépendants de l'aide internationale et peu compétitifs sur les marchés des biens et services, auront-ils les moyens de s'opposer à une éventuelle main mise nord-américaine sur leurs
ressources en eau ? »

Le plus étonnant dans cette histoire est la manière dont les alter mondialistes dissocient les problématiques. D’un côté, il y a les impérialistes américains. De l’autre, il y a les capitalistes français qui exploitent la misère des peuples sud-américains. Notons que la
virulence alter mondialiste reste très posée en qui concerne les agissements de la superpuissance nord américaine. Danielle Mitterrand
et ses amis ne vont pas manifester dans le Sud des Etats-Unis pour protester contre la volonté des yankee de s’approprier une partie de
l’eau des pays frontaliers. En revanche, les alter mondialistes français vont manifester leur indignation en se rendant en Argentine et
en Bolivie pour apporter leur soutien à la lutte contre les multinationales de l’eau…françaises.  Il semble plus facile de s’attaquer à  l'image des groupes Véolia et Suez plutôt qu’aux manœuvres de nature géoéconomique des Etats-Unis dans sa zone d’influence privilégiée.