Les omissions de la presse française sur le Québec

La démission du gouvernement canadien est liée à un scandale particulièrement grave qui a un lien direct avec le débat sur l’avenir de la province du Québec. Le point de départ de cette crise politique est la manière dont les autorités fédérales canadiennes ont agi pour empêcher que le Québec ne devienne indépendant lors du référendum de 1995. Différentes techniques de pression sur l’opinion publique du Québec ont été utilisées cette année-là pour obtenir la victoire du non au référendum sur l’indépendance : des opérations de manipulation de l’information dans les médias du pays, une mobilisation de dizaines de Canadiens anglophones pour les amener au Québec afin qu’ils manifestent leur attachement au Canada, une pluie de passeports canadiens offerts aux nouveaux migrants… Le non passa avec 51% des voix.


La justesse du vote incita le gouvernement fédéral à investir d’énormes sommes d’argent (un fonds de 725 millions de dollars a été dépensé en 10 ans au nom de l’unité nationale sans contrôle du Parlement). Mais la goutte qui fait déborder le vase est qu’une partie importante de cette somme a été détournée dans des affaires de communication crapuleuses. Pour en savoir plus sur ce scandale que les journalistes français n’osent pas traiter sur le fond : l’ouvrage de Jacques Keable, Le dossier noir des commandites, Lanctôt, éditeur, 2004  ainsi que les sites www.ledevoir.com ; www.lapresse.com. ; www.lesaffaires.com




Pour info : ci-dessous cet extrait de l’article du Figaro sur la démission du gouvernement Martin



Canada : chute du gouvernement de Paul Martin
(Avec AFP.)
[29 novembre 2005]
Le gouvernement minoritaire de Paul Martin, poursuivi par les effets d'un scandale de détournement de fonds, a été renversé lundi par une motion de censure de l'opposition, plongeant le Canada dans une campagne électorale en plein hiver.


Les députés ont adopté par 171 voix contre 133 une motion de censure, soutenue par les trois partis d'opposition et proclamant simplement «la Chambre a perdu confiance dans le gouvernement».
Ces partis estiment que le parti libéral, au pouvoir depuis 12 ans, a «perdu l'autorité morale pour gouverner» en raison d'un scandale de corruption remis à la une de l'actualité au début du mois par le rapport d'une commission d'enquête.


M. Martin était arrivé au pouvoir en décembre 2003 succédant à Jean Chrétien. Peu de temps après, il avait dû faire face à des révélations sur un scandale de corruption, datant de son prédécesseur.


Cela lui avait valu de perdre sa majorité et de se retrouver à la tête d'un gouvernement minoritaire lors des élections de juin 2004.


Le scandale porte sur des détournements de fonds lors d'une campagne de publicité visant à vanter les mérites de l'unité canadienne auprès des Québécois tentés par le séparatisme.
C'est un rapport sur ce scandale, dit «des commandites» qui a servi de détonateur à la situation actuelle, même si M. Martin a été personnellement blanchi.


La publication, au début du mois, du rapport du juge Gomery a donné une arme à l'opposition. Et le sort du gouvernement de M. Martin a été scellé, lorsqu'il a été abandonné par une formation de gauche, le Nouveau parti démocratique (NPD), qui le soutenait jusque là et s'est rallié à l'opposition.
La campagne s'annonce d'ores et déjà musclée. Paul Martin a exigé des excuses du parti conservateur dont le chef, Stephen Harper, a associé dans la même phrase parti libéral et crime organisé, mais ce dernier a refusé.


«Ce n'est pas seulement la fin d'un gouvernement fatigué, sans but et rongé par le scandale. C'est le début d'un renouveau pour ce grand pays», a pour sa part déclaré lundi soir M. Harper, qui avait essayé, sans succès, de faire tomber M. Martin en mai dernier.


Les sondages publiés pendant le week-end sont relativement contradictoires, mais ils s'accordent pour placer les libéraux de M. Martin devant les conservateurs, ce qui ouvre la possibilité du retour d'un gouvernement minoritaire libéral.