www.turgot.org). Ce réseau regroupe la crème des pourfendeurs de l’Etat social-démocrate, propre à la France et aux pays européens (1). Les différents comités sont composés de prix Nobel d’économie de renom (Gary Becker et Ronald Coase) et d’économistes français (Pascal Salin, Alain Laurent, Alain-Gérard Slama…), chantres du libéralisme à tout crin mais surtout, plus surprenant, de personnalités françaises de premier plan comme Jean-François Revel, Paul Dubrule et Claude Bébéar. Ainsi, dans leur article, Mathieu Laine et Christophe Arvis reprennent les vieilles antiennes libérales afin de nous %@!#%&éner que « les intérêts qui auraient pu être en jeu (dans l’affaire Danone/PEPSICO) n'étaient en rien ceux de la nation, mais ceux des dirigeants, des actionnaires et des salariés d'une entreprise privée ».
Par conséquent, la riposte médiatique des divers hommes politiques peut être qualifiée de populiste puisque ceux-ci, selon la maxime libérale, ne suivent que « leurs propres objectifs (notamment gagner la prochaine élection) et leurs propres contraintes (notamment médiatiques) ». Puis les auteurs dissertent sur le bien fondé du marché, de sa régulation pure et parfaite selon la loi naturelle de l’offre et de la demande, et l’action néfaste et inutile de l’Etat. Ainsi, « il faut dénoncer cette dérive du patriotisme économique qui prétend donner une coloration nationale à ce qui n'est rien d'autre qu'une entreprise ou une opération financière libre et naturelle entre acteurs privés. Ce sont en effet de tels raisonnements qui incitent la France à se replier sur elle-même, à se tourner non vers l'avenir mais vers son passé glorieux, et qui pourraient bien la mener à davantage de protectionnisme ». Or, il est à noter que le texte joue sur une subtilité sémantique, à savoir que patriotisme économique et nationalisme économique sont vus comme synonymes. Ainsi, selon la théorie libérale, « le nationalisme économique fait la promotion de l’autarcie/autosuffisance ; de la guerre, militaire et/ou commerciale ; de la richesse de l’Etat au détriment du bien-être individuel et des libertés fondamentales ; du collectivisme et du totalitarisme ; du protectionnisme et du contrôle du commerce extérieur » (2).
Par conséquent, la pensée libérale lui donne un caractère dangereux, manipulateur et contraire aux idéaux que le libéralisme cherche à promouvoir : le progrès, la justice et la richesse. Or, pour contrer cette pensée, il faut s’atteler, à la fois, à la définition du nationalisme économique autre que celle proposée par les libéraux, mais aussi à proposer une définition du patriotisme économique autre que celle en faisant un synonyme du nationalisme économique. Ainsi, il faut compléter les travaux anciens faisant du nationalisme économique un nouveau paradigme de la science économique prenant en compte les évolutions du système économique international ainsi que les limites des différents courants de pensée que sont le keynésianisme et le libéralisme.
Augustin ROCH
1. Il est vivement conseillé d’aller faire un tour afin de voir la liste édifiante des membres de ce think-tank ainsi que leur parcours politique et économique : IEP Paris, Polytechnique, ministères, grandes entreprises, la Société du Mont Pèlerin…
2. Voir à ce sujet l’excellent article d’Eric Boulanger (2004), « Le nationalisme économique dans l’œillère libérale : de l’antithèse au frère illégitime », Cahier de Recherche CEIM 04-01, janvier.