Paris vient de perdre les Jeux Olympiques au profit de Londres. Cette défaite est plus que symbolique, elle est accablante. Au-delà des inévitables commentaires qui vont inonder les médias sur la légitimité du vote du Comité International Olympique, il faut voir dans cette défaite l’expression de l’incroyable naiveté du monde politique français sur la lecture lucide des jeux d’influence des puissances qui dominent le monde d’aujourd’hui. Le non au référendum sur l’Europe a obligé les Américains à se rabattre sur un plan B qui consiste à tout faire pour positionner le premier ministre Tony Blair comme le personnage-clé de l’Europe en devenir. Il est hors de question pour les Etats-Unis de voir s’étendre la contestation intra européenne en particulier sur des sujets vitaux comme l’entrée de la Turquie dans l’Union européenne. Washington fera tout ce qui est en son pouvoir pour isoler le clan des peuples contestataires. A ce titre, la France est la cible majeure à briser en termes d’image et de résonance internationale. Dans cette démarche implacable de contrôle indirect de l’Europe, les Etats-Unis ne peuvent perdre aucune bataille. Les jeux olympiques 2012 leur ont fourni le prétexte de renforcer cette emprise en déployant toute leur force de persuasion auprès de leurs alliés (y compris l’Espagne qui est pourtant sous gouvernement socialiste) pour faire pencher la balance du bon côté. Le CIO est une instance collégiale qui est soupçonnée depuis des années d’être partiellement corrompue et les milieux bien informés s’accordent à reconnaître que les manoeuvres diplomatiques qui environnent le CIO n’ont rien à voir avec le monde du sport. Mais le plus grave dans cette histoire est la manière dont les principaux concernés, à savoir le comité organisateur français et le maire de Paris ont géré le dossier.
Au royaume des aveugles, les borgnes sont rois. Le maire de Paris n’a rien compris ou n’a rien voulu comprendre. Les jeux olympiques 2008 ont déjà été marqués par des affrontements informationnels souterrains qui démontraient déjà à cette époque qu’il ne fallait surtout pas négliger ce terrain d’action. L’agressivité de certains britanniques contre la candidature de la ville de Paris aux jeux de 2012 n’est pas anecdotique et n’est hélas qu’un pâle aperçu de la réalité. D’aucuns auraient pu s’étonner de cette maladresse qui aurait dû en principe déservir la cause londienne. Il n’en est rien car justement la partie s’est joué sur un autre échiquier qu’un stade olympique. Les leçons à tirer de cette défaite sont importantes. Mais faut-il encore y croire ? Avons-nous fait le bilan, en termes de dynamique puissance de la tragique défaite de juin 1940. Monsieur Delanoe va conclure que c’est la loi du sport et les autres se tairont une fois de plus en concentrant leur attention sur les prochaines élections. La France va mal et souffre de cette inefficacité congénitale. Mais attention, à force de se cacher la réalité, les défaites à venir risquent d’être bien plus graves que le refus d’une candidature pour les jeux olympiques.
L’équipe d’Infoguerre