Les Etats-Unis veulent sortir de la dépendance du pétrole arabe

A la fin de la prochaine semaine le sénat adoptera le New Energy Bill qui va modifier l'économie américaine pour les quinze prochaines années. Et probablement le monde entier... Certes certains sénateurs, la plupart démocrates et souvent frappés par la sénilité, auront bien plaidé la cause de l'état qu'ils représentent,  notamment ceux des états du littoral comme la Floride ou le New Jersey, pour la défense de leurs "pristine white beaches". D'autres se seront curieusement opposés, comme le sénateur de l'Idaho ce matin, à l'érection d'éoliennes risquant d'heurter les regards trop sensibles de certains de leurs électeurs. D'autres encore comme Barbara Boxer, sénateur de Californie, auront vainement cherché à pourfendre le bill, en tentant d'introduire un amendement qui aurait bloqué la production et l'usage de l'éthanol. Le Boxer's amendment fut envoyé aux oubliettes dans l'heure suivant son introduction avec 69 "yeahs" pour le "tabling" - to postpone indefinitely the consideration of...- ( terme identique à celui  adopté à une écrasante majorité par la chambre des Communes pour le projet de constitution européenne).
Mais grâce au remarquable travail des deux sénateurs du Nouveau Mexique, notamment de Pete Dominici le Chairman de l'Energy Committee, le projet de loi sera sans aucun doute sur le bureau de George W. Bush avant les vacances sénatoriales d'été. Il suffisait d'écouter parler les honorables sénateurs de l'état de Washington, Mrs. Cantwell dont l'amendement constitue un véritable bijou, et plus encore Mrs. Mary Landrieu, de la Louisiane ( au nom trop français pour ne pas venir en droite ligne des colons du XVII ème siècle ). Cette dernière sut mettre dans son discours tant de conviction en vantant les énormes avantages du projet de drilling - en fait déjà en cours- au large des côtes atlantiques du Texas à l'Alabama, que Dominici, à l'habitude si retenu, en fut transporté de reconnaissance.

En quoi consiste donc le New Energy Bill. Le Président, lui-même, vint l'expliquer hier soir lors d'un forum universitaire uniquement consacré à cet effet avec beaucoup de brio et de concision, allant même pour justifier la construction des nombreuses futures centrales atomiques à citer la France en exemple et qualifier notre production d'électricité économique et très peu polluante.

Les "renewable sources of energy" auront pour but de sortir définitivement les Etats-Unis de la dépendance étrangère : Arabie Saoudite, Koweit, Irak et en moindre partie Mexique et Vénézuela. Ce fut la litanie du discours présidentiel : " No more  foreign dependency ! " Du  James Monroe à la puissance dix.

1 - La vertigineuse ascension du prix de l'essence à la pompe est devenue une charge de moins en moins tolérée par les citoyens des Etats-Unis.

2 - Les Etats-Unis ne peuvent plus s'exposer au risque d'"outage" comme celui qui paralysa la métropole new-yorkaise et cet autre, plus récent, la Californie.

3 - Les ressources en gaz doivent devenir totalement autonomes et largement suffisantes.

4 - L'utilisation progressive de l'éthanol comme carburant, d'abord mélangé en proportions rapidement croissantes à l'essence, puis utilisé pur, car beaucoup moins polluant ("carbon sequestration effect"; la molécule d'éthanol ne contient que deux atomes de carbone et les gaz d'échappement ne seront plus alors que la seule vapeur d'eau ). Cela implique la mise au point d'un nouveau type de moteur. Des horizons éclaircis pour GMC et Ford.

Les moyens proposés:

A - L'établissement en Alaska et au large des côtes atlantiques ( zone offshore allant du Texas à l'Alabama ) d'un rigging ultramoderne et démultiplié.

B - Construction de nouvelles centrales atomiques répondant aux normes de sécurité les plus strictes.

C - Cultures intensifiées du maïs et du soja pour la seule production du carburant de demain que sera l'éthanol.

D - Construction d'un nombre important d'éoliennes dans les nombreus états où soufflent des vents forts et constants.

Conséquence importante et presque immédiate : Création de plusieurs centaines de milliers d'emplois dans un pays où le taux de chômage atteint aujourd'hui le plus bas niveau de son histoire.