La fuite des cerveaux français vers les Etats-Unis

A l’heure où le France construit une Intelligence Economique et Stratégique, le CNRS fait encore une fois preuve d’originalité en signant un accord de collaboration scientifique entre le CNRS et le Department of Energy des Etats-Unis. Une institution qui vit aux dépends des subsides de l’Etat français et s’en fait la gloire d’être un “service public de recherche”. La recherche française est-elle plus proche de la cinquième colonne que du vecteur d’accroissement de puissance ? L’imposture d’une signature validant la délocalisation intellectuelle vers les Etats-Unis tient d’un vichysme à toute épreuve, et d’une absence de combativité qui nous rappelle que le CNRS depuis les années 70 n’a jamais su suivre les révolutions scientifiques, trop impliqué dans l’exégèse du constructivisme matérialiste. Trois rappels fixeront mieux les esprits. Retour sur une imposture nationale.Les membres de cette institution, un an après la demande d’offrande par les membres de “Sauvons La Recherche”, déclaraient haut et fort à qui voulait bien les entendre que s’ils venaient arpenter les rues de Paris, s’ils participaient à des émissions de télévision ou s’ils faisaient signer des pétitions, c’était pour la grandeur du pays et surtout pour défendre l’avenir des générations futures de ce pays. Souvenez-vous de cet appel des inrockuptibles contre la guerre à l'intelligence qui parlait de l’exception culturelle française. Ce texte mettait en exergue les dérives des politiques libérales sur la recherche et les professions intellectuelles. Un an plus tard, ces mêmes inrockuptibles sont en silence radio devant la mise en place de cette formidable passerelle de savoirs de nos jeunes chercheurs vers les Etats-Unis. Qui gagne quoi dans cette affaire. On aimerait une réponse claire de la direction du CNRS Pourquoi les organisations syndicales si promptes à se mettre en ordre de marche pour dénoncer les décisions gouvernementales restent-elles muettes ? Cette décision de commencer la délocalisation des savoirs pour les technologies de demain nous interpelle sur la manière ou l’absence de manière dont le principal institut de recherche français a négocié avec les cabinets d’avocat américain la préservation de l’Intelligence française. Ne l’oublions pas, ce sont les contribuables français qui paient les salaires des chercheurs du CNRS. Ils sont en droit de leur réclamer quelques comptes sur le retour sur cet investissement d’intérêt général.

La maxime bien connue chercheurs de tous les pays, partageons nos efforts pour le bien commun, semble être la seule ligne stratégique du CNRS qui vient une nouvelle fois de démontrer sa cécité devant la compétition géoéconomique implacable qui se joue autour des sciences du futur. Le CNRS préfère jouer les Ponce Pilate. Cela se traduit par son refus d’accorder le statut de science à la stratégie; et par son refus de reconnaître l’information et la communication comme des objets d’études scientifiques. Drapé dans ses certitudes dogmatiques, le CNRS masque le carriérisme d’une partie de ses cadres derrière un discours humaniste qui fait sourire les laboratoires des puissances prédatrices, situées des deux côtés du Pacifique.

Dernièrement, en rencontrant un chercheur de longue expérience, je l’interrogeais sur l’impact des pôles de compétitivité sur l’activité des laboratoires de recherche. Il me répondit placidement : “ Mais vous n’y pensez pas, mon jeune ami, l’avenir est à la recherche fondamentale qu’allons nous faire avec cette recherche appliquée ?”. Le 11 avril, j’ai compris toue le sens de cette réponse. La recherche était en cours de délocalisation avec l’absolution des autorités françaises. Finalement le statut du jeune chercheur va subir l’amélioration promise. Avant il était exploité par un directeur de laboratoire pour espérer obtenir quelques bribes de carrières en France. A l’avenir le directeur de laboratoire l’exploitera toujours mais au bénéfice des recherches menées au profit des laboratoires américains. Dans ce deal, le Français, directeur de laboratoire a gagné en reconnaissance de ses pairs anglo-saxons, qui contrôlent déjà la plupart des revues scientifiques de renommée mondiale, tandis que l’Américain a gagné en puissance et en richesse. Quant au citoyen français, il ne lui reste plus que son bulletin de vote pour pleurer.

Un chercheur

Rappel
Paris, 11 avril 2005
Signature d'un accord de collaboration scientifique entre le CNRS et le Department of Energy des États-Unis
Le CNRS et le Department of Energy (DOE) viennent de signer à Washington un important accord destiné à renforcer leur coopération scientifique. Il concerne principalement l'énergie du futur et l'environnement, deux domaines sensibles particulièrement cruciaux pour l'avenir des continents américain et européen. Les deux partenaires associeront leurs efforts pendant cinq ans.
L'objectif est de favoriser une coopération franco-américaine déjà bien établie dans le domaine de la recherche scientifique fondamentale et du développement. Les recherches concerneront essentiellement les domaines de la physique nucléaire, de la physique des ions lourds relativistes, de la physique des particules, de l'astrophysique et de la cosmologie.
La coopération entre les CNRS et le DOE[1] consistera en un échange de compétences et de savoir-faire de leurs équipes respectives. Les deux organismes mèneront des recherches conjointes. Deux types d'actions vont être engagés :
- sous la forme de thématiques pluridisciplinaires telles que l'énergie dans les programmes interdisciplinaires tels que PACE, GEOMEX, l'environnement (modélisation climatique, l'impact des biotechnologies dans les agroécosystèmes), la fusion (ITER, physique des lasers et des plasmas)[3], les nanosciences et les nanotechnologies.
– sous la formes de thématiques spécifiques : réacteurs, hybrides, photonique, sécurité, calcul réparti, énergies renouvelables, bases de données et d'informations hétérogènes.

Avec 115000 personnes (26000 personnes pour le CNRS), le DOE est la principale agence scientifique et technologique des États-Unis. Son budget 2005 est de 3,3 milliards de dollars (2,3 milliards d'euros pour le CNRS). Ses principaux domaines de recherche sont dédiés à la sécurité énergétique, la qualité de l'environnement et l'amélioration de la qualité de vie des américains. Vingt laboratoires nationaux sont en charge de ces travaux.