Considérée comme la Mecque de l’eau, la ville de Genève joue depuis quelques années un jeu étrange dans le domaine de l’eau. Une première affaire avait attiré notre attention en février 2001 lorsqu’un hebdomadaire de Haute Savoie, la Tribune Mont Blanc appartenant à la Tribune de Genève avait défrayé la chronique par des articles mettant en cause des PME françaises. L’une de ces attaques visait les eaux d’Evian menacées par une pollution au cyanure qui aurait été provoquée par la PME Orelec. L’affaire s’était avérée être une désinformation qui avait déclenché une alerte au sein du groupe Danone. La Une de la Tribune Mont Blanc était d’ailleurs un photomontage qui tendait à faire croire que l’entreprise Orelec était située près d’une rivière qu’elle polluait par ses rejets. L’article commençait ainsi : « Entre le delta naturel de la Dranse, l’usine d’embouteillage des eaux d’Evian et le Léman, Orelec est installé sur l’unique source d’eau potable de Publier… ». La question posée à l’époque par les milieux patronaux de la région était : qui est derrière ce genre de déstabilisation et dans quel but ? Une des hypothèses évoquée localement était les coups tordus sur le marché de l’eau. La magazine la Tribune Mont Blanc a disparu depuis, mais le rédacteur de l’article aurait été repris par le Tribune de Genève.
Depuis cette date, d’autres affaires sont venues s’ajouter à ce fait divers. Citons pour exemple le scandale provoqué par le Forum alternatif mondial de l’eau (FAME), organisé à Genève entre le 17 et le 20 mars 2005 dernier. Les journalistes suisses présents furent assez surpris de découvrir que la plupart des débats portaient sur la dénonciation de l’activité des leaders français de l’eau, Veolia et Suez. En revanche, aucun débat ne fut organisé sur le thème pourtant attendu des solutions alternatives.
Qu’il existe, comme dans d’autres pays, des altermondialistes opposés à la politique des multinationales dans le domaine de l’eau est un fait qui n’a rien d’étonnant. En revanche il est plus troublant de constater que ces mêmes altermondialistes bénéficient du soutien politique et financier des régies municipales de la Confédération et du Syndicat suisse des services publics. Le député de la ville de Genève, Alberto Velasco, a joué un rôle non négligeable dans cette opération savamment orchestrée derrière l’argumentation humaniste de l’eau pour tous.
Le côté grossier de cette opération de propagande amena le Grand Conseil de la République et le Canton de Genève à préciser qu’ils étaient étrangers à l’organisation du FAME 2005 (voir site du Comité d’organisation).
L’ONG américaine Public Citizen est présente à Genève et y joue un rôle très actif. Ainsi n’est-ce pas si étonnant de retrouver une suissesse d’origine italienne, Guiseppina Pagano, comme cheville ouvrière de la journée de contestation du 13 mai à Paris, à l’occasion de l’assemblée générale des actionnaires du groupe Suez. Guiseppina Pagano n’est pas une militante comme les autres. Rémunérée gracieusement par Public Citizen (4000 Euros net/mois), cette contractuelle de l’ONG américaine travaille depuis mi-avril dans les locaux de France-Liberté, association présidée par Danielle Mitterrand et dont le délégué général est Jean-Luc Touly. Ce même Jean-Luc Touly, qui a décidé de créer à Genève une filiale de son Association pour un Contrat Mondial de l’Eau (ACME).
Quel but occulte poursuit la ville de Genève dans ce soutien indirect aux altermondialistes qui cherchent par tous les moyens à diaboliser les groupes français de l’eau ? Comment se fait-il que l’on retrouve à chaque fois l’influence de l’ONG américaine Public Citizen derrière ces actions médiatiques de dénigrement ? Il est temps qu’en Suisse comme en France on trouve des réponses pertinentes à ces questions.