L'alerte patriotique à propos du référendum sur la constitution européenne

Voilà le texte qui circule sur le Net. Il n’est pas sûr que le mot rédemption suffise pour réduire à néant le virage à 180 degrés que Jacques Chirac a pris en un quart de siècle sur la question de l’Europe. Encore faudrait-il qu’il s’en explique publiquement. L’émission sur TF1, préparée par Claude Chirac à l’Elysée, est à l’image de la perception que les conseillers du Président se font de l’opinion publique : faire jeune en parlant avec les jeunes de « toutes opinions », mélangez le tout avec les pseudos leaders d’opinion de la TV du type Fogiel et Ardisson, et vous courez un risque très fort de sombrer dans la démagogie.

La campagne du non qui circule sur le Net a une capacité de résonance beaucoup plus subversive qu’une émission de TV à grand écoute sur TF1. Combien d’années faudra-t-il au pouvoir politique pour se rendre compte qu’on a changé de siècle?

L’appel de Cochin, prononcé en 1978 par Jacques Chirac sur l’Europe, mérite plus qu’un commentaire de la part de son auteur. Le silence de l’intéressé ne fera que renforcer les doutes sur son honnêteté intellectuelle à l’égard des Françaises et des Français.

 

Transcription de l'appel de Cochin, prononcé par Chirac en 1978:

 

« Il est des heures graves dans l'Histoire d'un peuple où sa sauvegarde tient toute, dans sa capacité de discerner les menaces qu'on lui cache. L'Europe que nous attendions et désirions, dans laquelle pourrait s'épanouir une France digne et forte, cette Europe, nous savons depuis hier qu'on ne veut pas la faire. Tout nous conduit à penser que, derrière le masque des mots et le jargon des technocrates, on prépare l'inféodation de la France, on consent à l'idée de son abaissement. En ce qui nous concerne, nous devons dire Non. En clair, de quoi s'agit-il ? Les faits sont simples, même si certains ont cru gagner à les obscurcir. Une Europe fédérale ne manquerait pas d'être dominée par les intérêt américains. C'est dire que les votes de majorité, au sein des institutions européennes, en paralysant la volonté de la France, ne serviront ni les intérêts français, bien entendu, ni les intérêts européens. En d'autres termes, les votes des 81 représentants français pèseront bien peu à l'encontre des 32 représentants de pays eux-mêmes excessivement sensibles aux influences d'outre-Atlantique. Telle est bien la menace dont l'opinion publique doit être consciente. Il est de fait que cette Communauté - en dehors d'une politique agricole d'ailleurs menacée - tend à n'être, aujourd'hui, guère plus qu'une zone de libre-échange favorable peut-être aux intérêts étrangers les plus puissants, mais qui voue au démantèlement des pans entiers de notre industrie laissée sans protection contre des concurrences inégales, sauvages, ou qui se gardent de nous accorder la réciprocité. On ne saurait demander aux Français de souscrire ainsi à leur asservissement économique, au marasme et au chômage.Dans la mesure où la politique économique propre au gouvernement français contribue pour sa part aux mêmes résultats, on ne saurait davantage lui obtenir l'approbation sous le couvert d'un vote relatif à l'Europe. La politique européenne du gouvernement ne peut, en aucun cas, dispenser la France d'une politique étrangère qui lui soit propre. L'Europe ne peut servir à camoufler l'effacement d'une France qui n'aurait plus sur le plan mondial ni autorité, ni idée, ni message, ni visage. Nous récusons une politique étrangère qui cesse de répondre à la vocation d'une grande puissance, membre permanent du Conseil de Sécurité des Nations-Unies et investie de ce fait de responsabilités particulières dans l'ordre international.

 

C'est pourquoi nous disons NON
NON à la politique de supranationalité.
NON à l'asservissement économique.
NON à l'effacement international de la France. Favorables à l'organisation européenne, oui, nous le sommes pleinement.
Nous voulons, autant que d'autres, que se fasse l'Europe. Mais une Europe européenne où la France conduise son destin de grande nation. Nous disons non à une France vassale dans un empire de marchands, non à une France qui démissionne aujourd'hui pour s'effacer demain. Puisqu'il s'agit de la France, de son indépendance et de son avenir, puisqu'il s'agit de l'Europe, de sa cohésion et de sa volonté, nous ne transigerons pas. Nous lutterons de toutes nos forces pour qu'après tant de sacrifices, tant d'épreuves et tant d'exemples, notre génération ne signe pas, dans l'ignorance, le déclin de la Patrie.Comme toujours quand il s'agit de l'abaissement de la France, le parti de l'étranger est à l'oeuvre avec sa voix paisible et rassurante. Français, ne l'écoutez pas. C'est l'engourdissement qui précède la paix de la mort. Mais comme toujours quand il s'agit de l'honneur de la France, partout des hommes vont se lever pour combattre les partisans du renoncement et les auxiliaires de la décadence. Avec gravité et résolution, je vous appelle dans un grand rassemblement de l'espérance, à un nouveau combat, celui pour la France de toujours dans l'Europe de demain.»