Les Américains sont-ils en train de piller la technologie d’Alstom Power Boilers ?

La direction générale d’Alstom a décidé de transférer le savoir faire technologique de sa filiale de Vélizy, Alstom Power Boilers, aux Etats-Unis. Les transferts portent sur l’information stratégique accumulée au cours de ces dernières années par les ingénieurs de Vélizy.

Dans cette affaire, une activité disparaît en France et une est maintenue aux Etats-Unis. Est-ce logique ? Rien n’est moins sûr. Alstom Power Boilers a conçu de nouvelles technologies de capture de CO2, très performantes sur le marché stratégique de la réhabilitation des centrales thermiques. Sa technologie dite LFC (lit fluidisé circulant) répond aux normes techniques et environnementales européennes et internationales. C’est ce qui la place en position de leader mondial dans ce domaine. Dans l’état actuel des ressources énergétiques mondiales, le charbon reste un recours important à la condition de trouver une solution pour qu’il ne porte plus atteinte à la couche d’ozone. Le charbon représente 50 % de la base installée mondiale et 70 % des investissements de la Chine. Les projections à 20 ans, pour difficiles qu'elles soient, ne montrent qu'une très faible érosion de cette part de la base, au maximum de 5%. Or l’énergie charbon est considérée comme très polluante. Les technologies de dépollution ont donc une importance vitale dans la partie la plus habitée du monde, c’est-à-dire l’Asie

Depuis son alliance avec le groupe ABB en 1999, l’organisation du groupe Alstom a subi l’évolution suivante :
• Le centre de décision a été établi à Windsor aux Etats-Unis,
• les 2 centres de conception étaient encore en Europe. La filiale française de Vélizy a un fort savoir-faire sur l’ensemble des types de centrales. La filiale allemande de Stuttgart s’est spécialisée sur les grosses centrales au lignite.

 

Le site américain de Windsor (ex-ABB Combustion Engineering) a réussi à se tailler la part du lion du marché mondial. Elle empêche la filiale de Vélizy de travailler sur ses marchés historiques, situés à 95% à l’étranger.
Il faut aussi noter que l’ensemble des brevets du groupe Alstom a été transféré au sein d’une société suisse à Baden, dans laquelle il ne semble pas que les intérêts français soient ni représentés, ni défendus. Pourquoi est-ce la filiale américaine d'un groupe français, sauvé par de l'argent public français, qui rafle la mise ?

 

A un niveau encore plus stratégique, une question évidente vient à l’esprit : l’Europe peut-t-elle se laisser dépecer d’une activité Chaudières pour combustible propre, au profit des Etats-Unis ? Dans le contexte de guerre économique que nous subissons chaque jour davantage, la solution la plus profitable aux intérêts français et européens ne consiste-t-elle pas à créer une entité franco-allemande, ayant libre accès à tous les marchés mondiaux et aux marchés de service, appuyée sur un partenariat parfaitement envisageable avec un groupe japonais comme Mitsubishi, ou un groupe coréen comme Doosan. Les dirigeants français d’Alstom ne semblent guère soucieux de se pencher sur cette alternative. Servent-ils d’autres intérêts ?