Le vendredi 7 janvier, le journaliste Stéphane Paoli nous a présenté sur France 2 un reportage “L'odyssée tragique du Koursk ”entre 22h30-00h05 dans le cadre de l'émission Contre-Courant. Ce documentaire français réalisé par Jean-Michel Carré en 2004 relate les différents évènements qui ont abouti le 12 août 2000 à la disparition du sous-marin russe Koursk, avec ses cent dix-huit membres d'équipage.
Ce film d'investigation avance l’hypothèse suivante : c’est un sous-marin américain qui aurait tiré une torpille sur le sous-marin russe afin de perturber la démonstration qui devait être faîte devant des officiels chinois. Ce jour-là, un modèle de torpille à très forte vélocité devait être lancée par le Koursk au cours d’un exercice naval. Selon l’auteur du reportage, ce modèle de torpille russe surclassait en rapidité les torpilles occidentales en service. Un des points forts du reportage était le renflouement d’une partie du sous-marin. En effet, les images présentées laissaient entrevoir un orifice circulaire sur le flanc, juste à côté de la. partie que les Russes avaient pris soin de ne pas renflouer. Cette thèse alléchante est démentie par les spécialistes sous-mariniers pour les raisons suivantes :1) Les torpilles tirées par les sous-marins américains sont programmées pour toucher l’arrière du sous-marin (cf les hélices et système de propulsion) ou éventuelle ment passer en dessous afin de briser en deux le sous-marin mais en aucun cas le flanc.
2) La pénétration d’une torpille américaine dans la coque d’un sous-marin ne laisse par une trace bien découpée en forme de cercle mais un amas de ferraille déchiquetée.
Il est intéressant de noter que les responsables de l’émission n’ont présenté aucun témoignage de spécialiste sous-marinier de la marine nationale (même un officier retraité) pour l’interviewer sur cet aspect de leur démonstration. Si ils avaient eu cette rigueur technique dans l’investigation journalistique, ils auraient appris que les Russes maîtrisaient mal la stabilité du gaz qui entoure ce nouveau type de torpille afin de faciliter sa pénétration dans l’eau. Il est étrange que les auteurs de l’émission, notamment Stéphane Paoli dont la réputation de journaliste honnête en fait un des piliers du 7h/9h de France Inter, n’aient pas évoqué l’hypothèse d’une imperfection du nouveau modèle de torpille russe et se soient limités à citer l’explication initiale russe comme quoi il s’agissait de l’explosion d’un ancien modèle de torpille datant de la seconde guerre mondiale.
A qui profite la thèse de l’émission ? Pas au camp occidental, ni aux Américains mais en fait à la Russie qui évite l’interrogation pertinente sur la maîtrise d’une technologie à haut risque.