La haute hiérarchie militaire estime qu’elle a bien géré la question informationnelle en Côte d’Ivoire. Ses deux principaux points de repère sont l’opinion publique française et les réactions des chefs de gouvernement de l’Afrique francophone. Le bilan est le suivant : l’opinion publique française n’a pas été touchée par les retombées de la guerre des images ; quant aux chefs de gouvernement de l’Afrique francophone, leurs liens avec Paris ne sont pas distendus. Cette analyse démontre que l’EMA n’a pas encore acquis une vision globale des impacts informationnels.Qu’est-ce qui est le plus important en termes de préservation de l’intérêt de puissance français ? La prise en compte de l’attitude d’un électorat français qui est déjà échaudé par les slogans autodestructeurs des milices pro-gouvernementales ivoiriennes du type « à chacun son blanc » ?
Le suivi de potentats africains qui nous sont acquis par les liens d’interdépendance ? Les événements de Côte d’Ivoire peuvent être lus autrement : 1) C’est la première fois qu’un président africain décide de défier la France en tuant des militaires français par une attaque aérienne. Cet évènement s’ajoute aux précédents revers de la politique française en Afrique (Ruanda, Zaïre). 2) La guerre des images, perdue de l’aveu même du général commandant la force Licorne, n’est pas perçue de la même manière dans le reste du monde. Kadhafi a immédiatement interpellé les autorités américaines pour enfoncer le clou en s’interrogeant tout haut sur l’attitude française. Mais surtout, il est intéressant de suivre attentivement les constantes qui s’affichent au fil du temps : l’armée française est soupçonnée d’avoir aidé les tortionnaires hutus au Ruanda, l’armée française a soutenu le dictateur Mobutu au Zaïre, l’armée française tire sur la foule en Côte d’Ivoire. Ces traces ne s’effacent pas comme dans les cabinets ministériels. On commet la même erreur d’appréciation avec l’ouvrage de Marie Monique Robin, Escadrons de la mort : l’école française, déjà commenté sur knowckers.org. Le black out des autorités sur cet ouvrage est une erreur exemplaire.
Contrairement à ce que croient les conseillers communication du pouvoir politique, cet ouvrage devient une référence car il n’existe pas de contradicteurs. Robin est allé présenter un documentaire appuyant cette thèse en Argentine et a été accueillie comme une madone par les familles des personnes disparues et victimes de la dictature militaire passée. Nous avons déjà souligné avec insistance que ce livre contient des éléments graves de désinformation. Cela n’empêche pas Radio France International d’ouvrir son antenne dimanche dernier à cette journaliste. La démarche de Robin est élémentaire : la dictature militaire argentine a éliminé trente mille personnes et commis des crimes contre l’humanité. Personne ne nie cet état de fait. Robin colle à cette réalité en rajoutant un raisonnement préfabriqué. Petit à petit, la thèse comme quoi l’armée française est une école de la torture depuis 40 ans se bâtit peu à peu dans le silence de la haute hiérarchie militaire française. Au micro de RFI, Robin n’hésita pas à dire que des responsables militaires français devraient être jugés un jour sur cette question. Le journaliste du Figaro, Patrick de Saint Exupéry, défend la même thèse et l’élargit au comportement des troupes françaises en Afrique à propos du Ruanda. La boucle est bouclée. Les conséquences de cette manipulation de l’information ne sont pas négligeables : 1) L’EMA s’interdit de lancer des réflexions sérieuses sur la guerre de l’information alors que celle-ci est désormais au cœur des conflits du XXIè siècle. On atteint là le comble du paradoxe. Cette impasse coûtera un jour très chère à l’armée française et à notre pays. 2) En cas d’alternance politique à l’horizon 2007, on imagine la manière dont certains responsables du Parti socialiste vont utiliser ce dossier comme moyen de pression sur la haute hiérarchie militaire. 3) Sur le plan international, elle mine l’image de la France et servira de serpent de mer pour nous prendre à revers dans certains débats internationaux. Mais tout va bien puisque l’électorat français ne bouge pas et nos Présidents africains non plus.
«Escadrons de la mort, l’école française»
par Marie-Monique Robin
Le suivi de potentats africains qui nous sont acquis par les liens d’interdépendance ? Les événements de Côte d’Ivoire peuvent être lus autrement : 1) C’est la première fois qu’un président africain décide de défier la France en tuant des militaires français par une attaque aérienne. Cet évènement s’ajoute aux précédents revers de la politique française en Afrique (Ruanda, Zaïre). 2) La guerre des images, perdue de l’aveu même du général commandant la force Licorne, n’est pas perçue de la même manière dans le reste du monde. Kadhafi a immédiatement interpellé les autorités américaines pour enfoncer le clou en s’interrogeant tout haut sur l’attitude française. Mais surtout, il est intéressant de suivre attentivement les constantes qui s’affichent au fil du temps : l’armée française est soupçonnée d’avoir aidé les tortionnaires hutus au Ruanda, l’armée française a soutenu le dictateur Mobutu au Zaïre, l’armée française tire sur la foule en Côte d’Ivoire. Ces traces ne s’effacent pas comme dans les cabinets ministériels. On commet la même erreur d’appréciation avec l’ouvrage de Marie Monique Robin, Escadrons de la mort : l’école française, déjà commenté sur knowckers.org. Le black out des autorités sur cet ouvrage est une erreur exemplaire.
Contrairement à ce que croient les conseillers communication du pouvoir politique, cet ouvrage devient une référence car il n’existe pas de contradicteurs. Robin est allé présenter un documentaire appuyant cette thèse en Argentine et a été accueillie comme une madone par les familles des personnes disparues et victimes de la dictature militaire passée. Nous avons déjà souligné avec insistance que ce livre contient des éléments graves de désinformation. Cela n’empêche pas Radio France International d’ouvrir son antenne dimanche dernier à cette journaliste. La démarche de Robin est élémentaire : la dictature militaire argentine a éliminé trente mille personnes et commis des crimes contre l’humanité. Personne ne nie cet état de fait. Robin colle à cette réalité en rajoutant un raisonnement préfabriqué. Petit à petit, la thèse comme quoi l’armée française est une école de la torture depuis 40 ans se bâtit peu à peu dans le silence de la haute hiérarchie militaire française. Au micro de RFI, Robin n’hésita pas à dire que des responsables militaires français devraient être jugés un jour sur cette question. Le journaliste du Figaro, Patrick de Saint Exupéry, défend la même thèse et l’élargit au comportement des troupes françaises en Afrique à propos du Ruanda. La boucle est bouclée. Les conséquences de cette manipulation de l’information ne sont pas négligeables : 1) L’EMA s’interdit de lancer des réflexions sérieuses sur la guerre de l’information alors que celle-ci est désormais au cœur des conflits du XXIè siècle. On atteint là le comble du paradoxe. Cette impasse coûtera un jour très chère à l’armée française et à notre pays. 2) En cas d’alternance politique à l’horizon 2007, on imagine la manière dont certains responsables du Parti socialiste vont utiliser ce dossier comme moyen de pression sur la haute hiérarchie militaire. 3) Sur le plan international, elle mine l’image de la France et servira de serpent de mer pour nous prendre à revers dans certains débats internationaux. Mais tout va bien puisque l’électorat français ne bouge pas et nos Présidents africains non plus.
Un exemple de commentaire du livre de Robin dans la presse de gauche française
du Nouvel Observateur
«Escadrons de la mort, l’école française»
par Marie-Monique Robin
Expérimentées sur le vif en Indochine et en Algérie, les méthodes françaises de la « guerre sale » – enlèvements, torture, disparitions – sont devenues un produit d’exportation. Les « maîtres français » de La Découverte, 452 p., 22 euros. |