Le général commandant la force Licorne en Côte d’Ivoire a reconnu devant les caméras de télévision qu’il ne s’était pas préparé à la guerre d’images initiée par les forces patriotiques ivoiriennes. Au moment des évènements du pont et de l’hôtel Ivoire, la télévision ivoirienne était aux mains des groupes extrémistes ivoiriens, détail « insignifiant » qui n’est pas souligné par les journalistes de Canal Plus Investigations dans leur grand souci d’objectivité.
Ceux-ci ignorent sans doute que le montage des images offre des combinaisons intéressantes dans le domaine de la manipulation de l’information. Décidément, les responsables de l’émission Canal Plus Investigations se montrent très zélés pour attaquer l’armée française : un correspondant de Knowckers a déjà évoqué ce problème de manière très polémique à propos du 90 minutes réalisé par Canal Plus à partir des idées développées par Marie-Monique Robin dans son livre Escadrons de la Mort, école française paru aux éditions de la Découverte en 2004.La déclaration du général français commandant la force Licorne n’est pas anodine mais révélatrice du blocage mental qui paralyse la réflexion de la haute hiérarchie militaire sur les problèmes de guerre de l’information et de guerre psychologique. Il est temps de tourner la page de la guerre d’Algérie car le risque est grand de sombrer dans le ridicule ou de faire le grand écart. Un incident significatif avait déjà eu lieu en Bosnie. Un militaire français avait ouvert le feu sur un véhicule qui passait en force un barrage. Un officier de gendarmerie avait voulu arrêter le militaire. Son chef de corps s’y était opposé et avait été mis en examen par la justice française. Précisons au passage qu’une commission d’enquête internationale donna raison par la suite au militaire français, sans que la justice française ne tienne compte de son avis. On imagine la dégradation du climat de confiance entre les militaire du rang et la hiérarchie si ce chef de corps n’avait pas réagi ainsi. Il est clair que les médias sont beaucoup moins prolixes dès qu’il s’agit de revenir sur les excès de zèle pour des considérations carriéristes ou les manipulations de l’information. La manière dont les médias ont été désinformés par lors de la chute du dictateur Ceausescu reste dans toutes les mémoires. Les militaires français auront à revivre ce genre de problème dans d’autres opérations futures. Espérons que la haute hiérarchie militaire saura en tirer les enseignements qui s’imposent.