La personnalité ambiguë de Stevan Dedijer, le créateur du concept de business intelligence
Stevan Dedijer est mort en juin 2004. Il est le créateur du concept d’intelligence sociale au début des années 1970 en expliquant que l’information, la connaissance et la technologie sont les trois leviers de la puissance des nations du monde à venir. Mais cet homme étonnant qui sautait en parachute encore à 70 ans, au contact facile, avait peut-être plusieurs cartes dans son jeu.Il était fiché aux Etats-Unis comme proche du NKVD avant la seconde guerre mondiale. C’est du moins ce que raconte une encyclopédie mondiale du renseignement, édition américaine des années 1970. Ce futur citoyen yougoslave qui a fait une partie de ses études aux Etats-Unis est un des premiers à s’engager dans l’OSS américaine durant la guerre. C’est la période du front uni contre le nazisme. N’oublions pas qu’à cette époque, les services secrets américains étaient ouverts à toutes les bonnes volontés et ils s’en mordirent les doigts par la suite. A la fin de la guerre, il est un des piliers du régime de Tito mais fuit son pays en 1956 à la suite de divergences graves sur la question nucléaire.
A partir de ce moment, il multiplie les contacts avec le monde occidental, en particulier aux Etats-Unis. Petit à petit, Dedijer prend fait et cause pour les thèses anglo-saxonnes en matière de Business et Competitive Intelligence. Selon lui, parler des rivalités géoéconomiques entre puissances relevait de l’hérésie intellectuelle et de la mauvaise foi. Cette soumission au discours export nord-américain n’était pas neutre. Il avait trop roulé sa bosse pour ignorer dès la fin des années 40 les manœuvres souterraines des pétroliers américains dans leur conquête de marchés au Moyen Orient et leur absence d’état d’âme vis à vis des alliés britanniques. Difficile d’imaginer que Dedijer se soit lobotomisé en passant à l’Ouest. Comment pouvait-il faire autrement que valider la pensée occidentale dominante s’il voulait se faire accepter par les milieux d’outre Atlantique, y compris par les pontes des SR qui l’avaient traqué jadis comme William Colby de la CIA.
Dedijer avait-il vraiment tourné la page ? Jouait-il la carte de la culture des standards américains pour se maintenir à flots ? Assurer le quotidien n’a pas été une mince affaire pour lui. Une anecdote troublante mérite d’être rappelée. L’été qui précède la tentative de putsch contre Gorbatchev à Moscou, un jeune expert européen séjourne chez Dédijer. Au détour d’une polémique orageuse sur la notion de préservation du secret, Dedijer glisse à son interlocuteur : « ouvre ta radio le 19 août et écoute les nouvelles », c’était quelques semaines avant que les orthodoxes du régime ne tentent le 19 août 1991 de renverser Gorbatchev par les armes. Stevan Dedijer avait vraiment de bonnes intuitions. Les deux journalistes d’Antenne2, qui ont filmé Dedijer de passage sur ses terres avant l’implosion de la Yougoslavie, ont peut-être eu la chance de se faire ce jour-là une idée plus précise du personnage.
A partir de ce moment, il multiplie les contacts avec le monde occidental, en particulier aux Etats-Unis. Petit à petit, Dedijer prend fait et cause pour les thèses anglo-saxonnes en matière de Business et Competitive Intelligence. Selon lui, parler des rivalités géoéconomiques entre puissances relevait de l’hérésie intellectuelle et de la mauvaise foi. Cette soumission au discours export nord-américain n’était pas neutre. Il avait trop roulé sa bosse pour ignorer dès la fin des années 40 les manœuvres souterraines des pétroliers américains dans leur conquête de marchés au Moyen Orient et leur absence d’état d’âme vis à vis des alliés britanniques. Difficile d’imaginer que Dedijer se soit lobotomisé en passant à l’Ouest. Comment pouvait-il faire autrement que valider la pensée occidentale dominante s’il voulait se faire accepter par les milieux d’outre Atlantique, y compris par les pontes des SR qui l’avaient traqué jadis comme William Colby de la CIA.
Dedijer avait-il vraiment tourné la page ? Jouait-il la carte de la culture des standards américains pour se maintenir à flots ? Assurer le quotidien n’a pas été une mince affaire pour lui. Une anecdote troublante mérite d’être rappelée. L’été qui précède la tentative de putsch contre Gorbatchev à Moscou, un jeune expert européen séjourne chez Dédijer. Au détour d’une polémique orageuse sur la notion de préservation du secret, Dedijer glisse à son interlocuteur : « ouvre ta radio le 19 août et écoute les nouvelles », c’était quelques semaines avant que les orthodoxes du régime ne tentent le 19 août 1991 de renverser Gorbatchev par les armes. Stevan Dedijer avait vraiment de bonnes intuitions. Les deux journalistes d’Antenne2, qui ont filmé Dedijer de passage sur ses terres avant l’implosion de la Yougoslavie, ont peut-être eu la chance de se faire ce jour-là une idée plus précise du personnage.