Renseignement de police et guerre de l'information

Dimanche 24 octobre 2004, Karl Zéro nous a encore fait son numéro de «franc et honnête citoyen», défenseur des Droits de l’homme, en relatant sur Canal plus l’affaire Indymédia. Rappelons les faits. A la suite des polémiques issues des scènes de casseurs lors de la réunion du G8 à Genève, la police suisse a diffusé des photos de casseurs sur Internet pour appel à témoins.

En guise de réponse, les milieux alter mondialistes ont réagi en sortant la photo de deux flics genevois sur le site d’Indymédias-Nantes. Ils ont communiqué leur adresse personnelle. Les deux inspecteurs genevois appartenaient à la cellule chargée des enquêtes sur les émeutes de Genève en marge du sommet du G8 qui s’est déroulé à Evian en  2003. Ce qui est intéressant dans cette affaire, ce n’est surtout pas le cinéma de Karl Zéro mais la manière dont l’administration de Genève a géré le dossier. Le FBI a été sollicité pour enquêter sur l’hébergeur américain du site d’Indymédia-Nantes. Celui-ci a dû retirer les deux photos à la suite de cette intervention. Le Ministère américain de la Justice a indiqué que l'opération contre le serveur du site contestataire a été réalisée à la demande de l'Italie et de la Suisse dans le cadre d'un Traité d'assistance judiciaire mutuelle (MLAT), par lequel les pays se prêtent assistance "dans des enquêtes portant sur le terrorisme international, les enlèvements et le blanchiment d'argent".

Il y a plusieurs enseignements à tirer de cette affaire :

1) La coopération internationale dans la lutte contre le terrorisme fonctionne mieux sur les problèmes d’alter mondialisation que dans le cadre de la lutte contre le terrorisme islamique. Comment expliquer que le site la voix des opprimés qui fait l’éloge de Ben Laden et des mouvements islamiques armés soit encore domicilié sur le territoire américain sans que le FBI ne lève le petit doigt. Le gouvernement de Tony Blair comme l’administration Bush ne semble guère pressées de voir interdire ce site qui va bien plus loin  que d’afficher le portrait de deux policiers.

2) Les Autorités suisses ont fait preuve de confusion et de maladresse. L’appel à témoins avec l’appui de photos d’actes délictueux est une méthode d’investigation judiciaire admise dans le Nord de l’Europe. Elle est présentée dans d’autres pays comme la France comme un acte qui menace les libertés publiques. Cette différence de perception crée une faille du côté des autorités genevoises en termes de guerre de l’information. L’action du FBI, non assumée par les autorités suisses, devient de fait un avantage qui tourne vite au désavantage. Les alter mondialistes ont bien appris leur leçon en recourant au cycle répression/solidarité/mobilisation. 800 sites reproduiraient aujourd’hui l’info sur la police suisse, à son désavantage bien entendu. L’absence de réflexion sur les mécanismes de la guerre de l’information dans le renseignement de police est illustrée une fois de plus par cette démonstration par l’absurde.

Voilà ce que nous donne www.allwhois.com (site qui permet d’avoir les informations sur le propriétaire d'un nom de domaine) sur le site « La voix des opprimés » :

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Record created on 26-Aug-1998.
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NS.HMDNSGROUP.COM            63.247.131.254
NS2.HMDNSGROUP.COM           63.247.132.4