Guerre de l’information contre Michael Moore

Palme d’or au dernier Festival de Cannes pour son film-documentaire Fahrenheit 9/11, Michael Moore est devenu la cible prioritaire de bon nombres de partisans républicains. Une agence de relations publiques, réputée proche de ces milieux, aurait même été engagée pour attaquer le cinéaste.Avec Fahrenheit 9/11, Michael Moore a clairement annoncé son intention : il ne veut pas que W. Bush soit réélu à la Maison Blanche aux présidentielles de novembre prochain. Il ne prétend pas avoir réalisé un travail de journaliste (comprendre « neutre et équilibré »). Il assume ce pamphlet politique alimenté de faits exacts. Après son sacre à Cannes, il ne lui manquait plus qu’à trouver des relais outre-atlantique pour projeter son film. Et c’est là que la lutte commence.

Il se heurte d’abord à Disney qui refuse de distribuer son film dans ses cinémas Miramax. Pour Moore, l’attitude de Disney est purement financière. Il s’agit pour elle de ne pas perdre ses avantages fiscaux en Floride, dont le gouverneur n’est autre que Jeb Bush, frère du président.
Moore réussit finalement à trouver près de 1000 salles sur l’ensemble du territoire américain prêtes à projeter son film le 25 juin prochain. Il doit ensuite faire face à la MPAA (Motion Picture Association of America) qui classe son film « R » (interdit aux moins de 18 ans) pour cause d’« images violentes et perturbantes, et langage inapproprié » à un jeune public. Même si le film s’adresse principalement aux plus de 18 ans (ceux qui votent), cette mesure incite les cinémas à restreindre la fréquence de diffusion.

Une agence de RP en appui
Le site MoveAmericaForward.com, officiellement « non partisan », mais officieusement financé par l’agence de RP, Russo Marsh & Rogers (1), se lance dans une campagne anti-Moore pour limiter, voire empêcher, la diffusion de son dernier film (2). Sous le titre explicite « How to Fight Back Against Michael Moore » (Comment riposter face à Michael Moore), l’angle d’attaque est simple : Moore et son film sont anti-américains, Moore est un ennemi des troupes américains basées en Iraq, et Moore est contre l’anti-terrorisme.
Le plan d’action est classique : MoveAmericaForward.com a listé les principales chaînes de cinéma, et incite les internautes à leur envoyer des emails négatifs sur le film de Moore afin de les dissuader de le diffuser. Le site joue sur la fibre émotionnelle des internautes en utilisant les amalgames. Par exemple, si Moore est contre la guerre en Irak, cela signifie qu’il est contre la lutte anti-terroriste, donc qu’il ne respecte pas les morts des attentats du 11 septembre…
Pour donner plus de poids à ses actions, MoveAmericaForward.com s’est recherché des alliés. En référençant l’ensemble des sites anti-Moore (3), le site donne ainsi l’illusion d’un réseau structuré et d’un vaste mouvement anti-Moore.
Les attaques ne s’arrêtent pourtant pas là. Un livre devrait sortir aux Etats-Unis le 29 juin prochain sous le titre « Michael Moore Is A Big Fat Stupid White Man » (4). De même, un documentaire corrosif sur Michael Moore intitulé « Michael Moore Hates America » (5) est programmé pour cet été…

Spécialiste de l’utilisation offensive de l’information, Michael Moore n’est pas en reste. Il a déclaré qu’il avait mis sur pied une « War Room » constituée d’une équipe prête à riposter en permanence à toutes attaques…

AVS

http://www.whatreallyhappened.com
2) http://www.moveamericaforward.com/NewsMax/
3) www.bowlingfortruth.com/
4) http://moorelies.com/book/about/
5) www.michaelmoorehatesamerica.com/