Le triste spectacle d’un pays à la recherche de lui-même

Nous allons dans le mur. Ainsi parlait le général de Marolles à la fin des années 1990. Ce propos, il n’était pas le seul à le tenir à l’époque. D’autres sages, en particulier des atypiques du monde militaire, faisaient le même commentaire. Comment les croire, comment ne pas repousser une telle sentence. Et pourtant, ces derniers jours, nous avons vécu une accélération du pronostic dont nous nous serions bien passé. Un ministre de l’intérieur et un ministre de la justice fuyant pour se réfugier au commissariat des Halles sous les quolibets et les crachats d’excités, des juges qui se disent espionnés par une force invisible, un jugement à la rhétorique de Comité de Salut Public, un système politique piégé par les incohérences de la démocratie française et qui perd la face. Soyons lucide, cette France-là n’a pas d’avenir. Chacun le sait en son for intérieur mais n’ose encore le dire ouvertement. Ce qui se passe en ce moment n’est que le résultat d’un processus amorcé depuis longtemps. Sans stratégie audacieuse, sans unité de ses forces vives, sans politiques prêts à prendre les risques nécessaires à la préservation de nos intérêts dans le choc des puissance, la France se dilue peu à peu dans le vide existentiel d’un pseudo humanisme de façade, d’un hymne aux Droits de l’Homme rayé par les contradictions au sein des peuples, d’un refuge systématique dans l’incantation du Droit des Nations Unies qui sont tout sauf unies. Mais personne n’est dupe, y compris ceux qui vivent de la rente protestataire : l’extrême droite comme l’extrême gauche, Montebourg comme Bayrou.
Il faut sortir de ce bourbier. Mais est-ce encore possible ? Les politiques ne veulent pas changer. L’establishment médiatique symbolisé par Le Monde, le quotidien de la vérité, tente par tous les moyens de nous persuader que le microsome parisien est là pour veiller sur nos consciences. Mais les consciences sont ailleurs car le mur se lézarde. Les Français n’aiment pas qu’on les prenne éternellement pour des imbéciles. Attention, ce sentiment-là, s’exprime rarement dans un bulletin de vote. La rage rentrée est la pire. Elle débouche sur la mort clinique d’un pays comme l’a vécue l’Espagne entre le XVIIème et le XXème siècle ou sur l’autodestruction d’un peuple.

Christian Harbulot