La France possède un formidable potentiel agricole, unique en Europe et rare dans le monde. Ce potentiel agricole tient à la variété des climats (océanique, pré-continental, méditerranéen, montagnard…), à la variété des types de sols, à la disponibilité de la ressource en eau, et bien sûr, à la grande richesse du savoir-faire et du patrimoine rural (races animales et variétés végétales adaptées aux terroirs).Un secteur stratégique
La vocation première du secteur agricole d’un pays, et de la France en particulier, a toujours été de garantir au mieux l’autonomie alimentaire en quantité (prévention des famines). A ce titre, les décisions et les orientations de ce secteur relèvent à mon sens de décisions politiques et stratégiques avant d’être des décisions économiques.
De plus, la production agricole ne peut pas relever des lois économiques applicables dans d’autres secteurs car la variabilité des paramètres de production (réalité des conditions climatiques de l’année en particulier) ne permet pas d’anticiper avec suffisamment de fiabilité la qualité et la quantité des productions, pour avoir une approche marketing et commerciale du marché.
A titre d’exemple, on ne sait bien souvent qu’après la moisson, si les blés ou les orges remplissent les conditions physico-chimiques nécessaires pour les orienter vers des filières à valeur ajoutée (meunerie-malterie) ou vers des filières à faible valeur ajoutée (alimentations animale).
Politique et économie agricole
Le secteur agricole ne peut être traité comme un secteur industriel et marchand à part entière. C’est pourquoi, il est depuis longtemps l’objet de subventions importantes.
Toutefois, ce que l’on peut constater de la politique européenne en matière agricole, est que la production agricole a été entraînée inexorablement vers une stratégie d’accroissement de la productivité (par le développement technique) et de conformation de ce secteur à des règles calquées sur les secteurs industriels et commerciaux (mise en concurrence sur le marché européen et mondial des produits français, normalisation…).
Le levier de cette politique a été l’instrument financier qui a totalement orienté le management des exploitations agricoles (primes à la production, politique de prêts à taux réduits pour les investissements en matériel et technique pour la productivité…).
Des acteurs dans le moule
Tout le secteur agricole français a été façonné pendant 40 ans autour de cette politique de productivité et de mise en place d’un secteur agricole exportateur au niveau mondial, donc sur des considérations commerciales.
Les flux d’argent colossaux, à la mesure du potentiel agricole français, qui ont circulé pendant ces décennies ont totalement orienté les acteurs existants et en ont généré d’autres qui reproduisent perpétuellement ce modèle économico-commercial et qui ne peuvent pas en sortir (l’étude plus détaillée de la traçabilité en sera une bonne illustration).
Les conséquences ont été l’évolution d’acteurs anciens et l’apparition de nouveaux organismes agricoles pour répondre aux enjeux d’augmentation de la productivité :
- conseil et développement agricole (Chambres d’Agriculture, instituts techniques interprofessionnels, services techniques des coopératives et des négoces agricoles, services techniques des firmes agro-chimiques et des semenciers, INRA, services vétérinaires et protection des végétaux) : leur objectif a été de produire, via des essais, des références techniques pour améliorer la productivité.
- conseil économique (centre de gestion agricoles, service comptable des syndicats professionnels, Crédit Agricole, Groupama) : leur objectif a été de fournir aux agriculteurs les outils comptables et financiers pour gérer la marge brute et pour investir dans des moyens de production performants (suréquipement en matériel et sur-endettement).
- agro-fourniture : (firmes agro-chimiques et activité d’approvisionnement des coopératives et des négoces agricoles) développement de réseaux commerciaux très efficaces pour vendre les approvisionnements nécessaires toujours plus importants.
- collecte et mise en marché (organismes stockeurs, organismes de mise en marché : coopératives et négoces) : leur rôle a été d’investir dans des gigantesques infrastructures de collecte, de stockage en masse et de logistique tournée vers l’exportation (Rouen, La Rochelle, port mosellans vers Rotterdam). Il est d’ailleurs intéressant de noter que les cours des grains sur le marché français sont exprimés en FOB Rouen ou FOB Metz ce qui correspond à une vocation uniquement exportatrice. Parmi ces mêmes acteurs, chez les plus importants, il s’est créé des salles de marché avec des traders dignes des grandes places financières, dans lesquelles tous les regards étaient tournés vers Chicago où se faisait le prix mondial du blé.
- organismes administratifs et para-administratifs (DDA, ONIC…) chargés d’organiser le versement des primes et le contrôle des déclarations.
Conséquences visibles et prévisibles
La première conséquence qui frappe a été la relative prospérité des agriculteurs français pendant 30 ans. Cette prospérité s’est entretenue par la conjugaison de plusieurs phénomènes :
- une augmentation extraordinaire de la productivité due aux progrès techniques,
- des primes versées importantes (surtout dans le domaine céréalier),
- une relative stabilité commerciale : le rapport est-ouest et l’organisation informelle des marchés internationaux avec des préférences traditionnelles (ex : Afrique du Nord pour la France) ont garanti une stabilité des débouchés commerciaux.
Le poids du secteur agro-alimentaire dans l’économie française est devenu très important. On peut toutefois s’interroger sur la réalité de l’excédent de la balance commerciale agricole si on retire le vin, l’eau minérale et les produits transformés.
Les conséquences visibles par tous ont été nombreuses : augmentation de la taille des exploitations, spécialisation des régions et des exploitations par production, diminution de la population rurale, modification des paysages (remembrement, arrachement des haies…)…
Un des effets les plus importants, et qui ne nous marque pas parce que nous y sommes habitués, est la réduction énorme du nombre des exploitations dites de polyculture-élevage (c’est à dire équilibrant les productions animales et végétales) au profit d’exploitations en mono-production céréalière favorisée par la politique européenne (primes et efforts très importants de recherche appliquée). Le paradoxe de cette situation est que des régions entières dont l’économie et l’organisation agricole reposait sur l’équilibre entre les productions animales et végétales, se sont hyper-spécialisées dans les productions céréalières devenues plus attrayantes et plus rentables alors que le potentiel agronomique n’existe pas.
A titre d’exemple, on peut citer un département comme l’Indre et Loire, qui présentait une tradition laitière (réseau de laiteries) et où aujourd’hui les laiteries ont quasiment disparues. Au contraire, beaucoup d’exploitations se sont orientée vers la mono-production céréalière en abandonnant la production laitière, alors que les rendements et la qualité restent médiocres.
Depuis 10 ans, le monde agricole français est confronté à des réalités prévisibles, qui remettent cause les résultats de ce système qui semblaient pour tout le monde un acquis : ouverture des pays de l’est qui ont un potentiel agricole important, avancée forcée mais réelle vers une libéralisation des marchés agricoles, problèmes environnementaux, crises alimentaires, crise démographique, crise économique dans de nombreuses filières, et surtout une totale perte de sens et de savoir-faire des agriculteurs français.
Evolutions récentes de ce secteur et nouveaux enjeux
- aspects économiques et sociaux
Il y a une remise en cause profonde de la viabilité économique des structures agricoles. Le surinvestissement, l’absence de stratégie propre (la stratégie étant celle donnée par la politique agricole européenne), la confrontation à la mondialisation des échanges agricoles, les incertitudes quand aux orientations futures de l’Europe (arrivée des PECO, influence de la tendance Grün allemande)… mettent de nombreux agriculteurs dans des situations financières inquiétantes voire dramatiques. Ce malaise d’étend aux autres acteurs agricoles : restructurations violentes des coopératives agricoles, incertitudes des instituts de recherche et de conseil sur leurs ressources financières quasiment au semestre… Ceci est couplé à une crise démographique (carence de succession) et sociale (perte de sens et abandon des jeunes de ce secteur, désertification), accentuée par le côté capitalistique donné à la production agricole. Il est pratiquement inenvisageable actuellement de s’installer hors succession ou agrandissement. Les investissements en foncier et en équipement pour créer une structure à peu près viable se chiffre en millions d’euros, avec l’impossibilité de mettre en place une stratégie à moyen terme. Faut-il s’orienter vers la création d’une exploitation industrielle et hi-tech, où faut-il miser sur une exploitation plus petite et faire du bio et du traditionnel ? Dans les deux cas, la pérennité est plus qu’hypothétique.
- aspects techniques
Un des effets pervers des orientations économiques de ces dernières décennies est la perte de savoir-faire. Le développement des techniques agricoles (agro-chimie en particulier) a fait qu’il a été de plus en plus complexe pour les agriculteurs d’être capables de maîtriser seuls les décisions propres à leur métier. D’où le développement de structures de conseil et de prescriptions plus ou moins impartiales qui expliquent aux agriculteurs la pertinence de leurs « itinéraires techniques » (suite de produits à appliquer sur une culture par exemple, pour la protéger tout au long de sa croissance des maladies et parasites). Il y a encore une rude concurrence sur le terrain entre les services techniques des structures d’approvisionnement (coopératives et négoces) appuyées par les services marketing des firmes agro-chimiques, les conseillers des Chambres d’Agriculture, des instituts techniques…. L’agriculteur reçoit donc régulièrement la visite de ces différents acteurs qui lui proposent une « ordonnance » en argumentant sur la performance économique (rapport investissement / gain de productivité). L’agriculteur la plupart du temps choisit un programme et l’applique au cours de la campagne. Le passage régulier du technicien le rappelle à l’ordre s’il n’a pas respecté le calendrier.
Maintenant le développement des systèmes d’information géographique couplés au GPS sur le matériel, ainsi que la diffusion progressive des logiciels ou des extranets d’aide à la décision assistent toujours plus les agriculteurs avec des programmes de culture clé en main.
Un commentaire revient fréquemment de la part des agriculteurs, qui illustre bien cet état de fait : le dernier savoir-faire original qui reste aux agriculteurs est la conduite du tracteur et la mécanique !
- aspects environnementaux
Les impacts environnementaux reconnus sont de deux ordres : impact sur l’eau et sur le sol. Les impacts sur l’air sont aussi évoqués mais plus difficiles à cerner.
L’impact sur l’eau connu est l’augmentation du taux de nitrate dans les eaux naturelles. Il est très sensible car rapidement décelé dans les zones à eau de surface (Bretagne) mais aussi présent à plus long terme dans les zones à eaux souterraines (nappes phréatiques de Beauce).
Il est très intéressant de s’interroger sur les causes de ce problème de nitrates. Du fait de l’augmentation de productivité et de l’hyper-spécialisation de nombreuses régions, soit les productions animales, source de nitrate par les déjections, ont été concentrées sur des territoires incapables d’absorber les effluents, soit des régions de productions céréalières, grosses consommatrices de nitrates, ont vu l’élevage diminuer ou disparaître, et ont donc dû se fournir en nitrates à base d’engrais minéraux, au lieu de recourir aux engrais organiques disparus.
Dans les deux cas, la conséquence est la sur-concentration en azote organique dans les région d’élevage intensifs, avec une capacité insuffisante d’absorption par les sols disponibles, et l’utilisation intensive d’azote minéral dans les régions céréalières, avec l’incapacité connue du sol à retenir les excédents épandus de nitrates et donc l’arrivée inéluctable dans les nappes.
On commence depuis quelques années à travailler de la même façon sur la pollution des eaux de surface et souterraines par les résidus de produits phytosanitaires.
L’impact sur le sol des évolutions agricoles françaises sera aussi très significatif. Du fait de la dissociation extrême entre les régions de productions animales et végétales, il y a de moins en moins de restitutions de matières organiques au sol (exportation massive de la paille vers les régions d’élevage) et faible retour des fumiers vers les grandes cultures. Or, la matière organique est le « ciment » et le « carburant » du sol (à travers l’humus et la vie microbiologique naturelle associée). Les effets sur le sol se mesurent à l’échelle de plusieurs décennies, mais on commence à en voir l’amorce depuis une dizaine d’années : perte de stabilité structurale du sol dans des zones encore localisées à la parcelle, érosion et phénomènes de ravinement importants, diminution de l’activité microbienne du sol (moindre résistance des plantes aux stress),…
On est d’autant mal à l’aise pour détailler ces éléments que la recherche agronomique sur le sol est quasiment abandonnée en France depuis 30 ans. Les effets de cette recherche n’étant pas aussi spectaculaires que ceux des recherches sur la lutte chimique contre les insectes ou les mauvaises herbes, ce domaine pourtant fondamental pour l’agriculture française, a été laissé de côté.
- aspects sécurité alimentaire
Il n’est pas besoin de détailler les crises alimentaires de la dernière décennie pour s’en convaincre. Si la finalité du secteur agricole a été de tous temps de garantir l’alimentation de la population en quantité, le fait d’en garantir l’innocuité pour la santé est nouveau. Etait-il concevable, il y a seulement 40 ans, de craindre de mourir en s’alimentant, d’autre chose que d’un excès de bonne chair ?
C’est ainsi que le citoyen, à travers la médiatisation des évènements, s’est inquiété de ce qui arrivait dans son assiette. Cette attitude du citoyen est à relativiser, car quand il se transforme en consommateur, l’inquiétude cède le pas au prix. En effet, les sondages récents annoncent que 83% des français ont une bonne image des produits bio, mais il ne semble pas que le marché du bio explose.
Quelles sont les conséquences de ces questions de sécurité alimentaire dans les filières ? On peut en citer deux principales : le marketing et les questions de responsabilité.
Tout d’abord, la sécurité alimentaire est devenue un enjeu de marketing bien exploité par les industriels et la distribution qui ont fait leur travail. Tout d’abord, des investissements ont été réalisés pour apporter des garanties (labels qualité et cahiers des charges, respect de la chaîne du froid, procédures qualité HACCP ou ISO pour les process, systèmes de traçabilité interne et garantie d’origine…), ces investissements ont été transformés en atout marketing et en avantage concurrentiel pour des marques vis à vis du consommateur final. Ces aspects techniques se sont ensuite étendus à l’ensemble de la filière amont sans se traduire en marketing pour les producteurs et les industries de première transformation non-propriétaires de marques connues du consommateur. Concrètement, les exigences de traçabilité, lourdes à mettre en place, ne se traduisent jamais par un bonus financier significatif au niveau du producteur.
Ensuite, la question s’est posée de savoir qui serait responsable et coupable si quelqu’un venait à mourir en mangeant son croissant. C’est sur cette base que des systèmes de traçabilité tentent de se mettre en place tout au long des filières (tracing et tracking). L’objectif est d’avoir la capacité à retirer un produit du marché en cas de problème et le transfert de responsabilité d’un maillon à l’autre en cas de crise.
Finalement, ceci se traduit par la juxtaposition ou souvent la superposition de signes de qualité (AOC, labels nationaux, IGP européens, normes, certifications, qualification, certificats de conformité produit, marques, chartes régionales, cahiers des charges privés….) et de systèmes d’enregistrement des informations relatives à ces exigences. Le consommateur ne s’y retrouve pas vraiment au milieu de tous ces sigles, et ceci représente des investissements lourds pour chaque maillon (intervention de consultants, d’organismes certificateurs, de commission d’agrément, mise en place de systèmes d’information coûteux), et en particulier pour la production où la valeur ajoutée sur le produit est faible (dans une canette de bière, le coût de l’orge est moindre que celui de la capsule !). Au total, sur l’ensemble d’une filière agro-alimentaire les investissements en matière de sécurité alimentaire sont énormes pour un retour sur investissement faible ou nul et qui de toutes les façons n’est pas réparti sur l’ensemble des acteurs. Les seuls maillons pour lesquels l’investissement est incontournables sont ceux qui ont la propriété de marques commerciales dont la notoriété est capitale au regard des consommateurs.
Quels sont les enjeux de la traçabilité agricole amont ? Comment la mettre en place ? Comment se fera-t-elle au service de l’agriculture française et non à son détriment ?
La réalité de ce tableau inquiétant peut être partagé par de nombreuses personnes. Toutefois, c’est sur les solutions envisagées que les divergences apparaissent.
Quel avenir pour l’agriculture française ?
Ces constatations amènent plusieurs questions stratégiques pour la France sur le sol et l’eau qui sont des patrimoines de notre territoire, et sur la place de l’agriculture française dans l’Union Européenne et dans les marchés mondiaux :
- destruction des sols : à échéance de 20 à 30 ans, certaines zones seront rendues impropres à la culture. La France connaîtra-t-elle à nouveau le spectre de la famine ?
- ressources en eau : à échéance de 10 à 20 ans, la France deviendra-t-elle dépendante en eau ?
- développement de la libéralisation mondiale des échanges agricoles : la France sera-t-elle à la merci de l’arme alimentaire quantitativement et qualitativement en dépendant d’autres régions du monde et/ou de capitaux étrangers (semenciers, firmes agro-chimiques) ?
- développement de la sécurité alimentaire : les productions agricoles françaises seront-elles normalisées dans un standard mondial qui leur fera perdre leur potentiel de différenciation en matière d’image de qualité et de savoir-faire ?
Retour à la politique
Ce qui est marquant dans la politique agricole française est justement l’absence de débat politique de fond. On assiste à des coups de sang récurrents dont les préfectures ou les fast-food ont fait les frais, à des circonvolution et des pleurnicheries contre l’Europe qui d’un côté est responsable de cette évolution mais d’un autre côté consacre une bonne partie de son budget à l’agriculture et en particulier à l’agriculture française… mais tout le monde considère acquis que l’agriculture est un secteur industriel et marchand comme les autres et qu’il doit se plier aux lois qui y règnent. Dans le détail, on constate plusieurs tendances :
- Ceux qui disent, il faut aller plus loin dans la logique libérale : oui aux OGM, oui au progrès technologique pour être plus compétitif, il est inéluctable que les petites structures non-industrialisables disparaissent ou soient subventionnées pour entretenir le paysage. Il faut vendre du service et des produits aux agriculteurs, et comme ils n’ont plus les moyens dans l’état actuel des structures, favorisons l’augmentation de la taille et de la performance technique des exploitations pour maintenir un marché, et appliquons un vernis qualitatif et environnemental à travers des normalisations et des procédures rassurantes (similaires à l’ISO 9000 et ISO 14000 dans l’industrie) pour montrer patte blanche vis à vis de l’opinion public et éventuellement établir les responsabilités en cas de problème (principe de précaution).
- Ceux qui disent : il faut prendre aux gros et donner aux petits (c’est la position commensale du libéralisme), et protéger l’environnement en dénonçant la société capitaliste post-industrielle…
- Ceux qui inventent une nouvelle position : le développement durable qui veut concilier l’inconciliable, c’est à dire le respect de l’environnement, les considérations sociales, le terroir et les traditions locales et le marché international, la compétitivité économique...
- enfin, ceux (la majorité ?) qui ne savent plus très bien où ils en sont, qui ont perdu leur esprit critique et qui se débattent dans le quotidien.
On voit très bien les conséquences de l’abandon par la politique d’un pan entier de la France qui a été livré à des lois purement économiques qui sont contre nature.
Face à cette situation, la solution ne peut être que politique et il est indispensable de redonner à l’agriculture française sa vocation principale : garantir durablement l’indépendance alimentaire de la France en quantité et en qualité (prise en compte de l’environnement et de la sécurité alimentaire).
Comme la France présente un potentiel agricole important, il faut également se tourner vers la mise en marché des productions françaises non-destinées au marché intérieur, et quelle position prennent alors les gouvernants français pour contribuer à la puissance de l’agriculture française face aux concurrents européens et mondiaux ?
Avant d’être un problème marketing et commercial, c’est une question politique. Soit on décide de laisser l’agriculture française se fondre dans un marché standardisé, normalisé au niveau mondial, soit on décide de mettre en avant les spécificités agricoles françaises et on s’organise pour en faire une arme au service de la puissance de la France et on s’en donne les moyens.
Olivier ARNAULT
La vocation première du secteur agricole d’un pays, et de la France en particulier, a toujours été de garantir au mieux l’autonomie alimentaire en quantité (prévention des famines). A ce titre, les décisions et les orientations de ce secteur relèvent à mon sens de décisions politiques et stratégiques avant d’être des décisions économiques.
De plus, la production agricole ne peut pas relever des lois économiques applicables dans d’autres secteurs car la variabilité des paramètres de production (réalité des conditions climatiques de l’année en particulier) ne permet pas d’anticiper avec suffisamment de fiabilité la qualité et la quantité des productions, pour avoir une approche marketing et commerciale du marché.
A titre d’exemple, on ne sait bien souvent qu’après la moisson, si les blés ou les orges remplissent les conditions physico-chimiques nécessaires pour les orienter vers des filières à valeur ajoutée (meunerie-malterie) ou vers des filières à faible valeur ajoutée (alimentations animale).
Politique et économie agricole
Le secteur agricole ne peut être traité comme un secteur industriel et marchand à part entière. C’est pourquoi, il est depuis longtemps l’objet de subventions importantes.
Toutefois, ce que l’on peut constater de la politique européenne en matière agricole, est que la production agricole a été entraînée inexorablement vers une stratégie d’accroissement de la productivité (par le développement technique) et de conformation de ce secteur à des règles calquées sur les secteurs industriels et commerciaux (mise en concurrence sur le marché européen et mondial des produits français, normalisation…).
Le levier de cette politique a été l’instrument financier qui a totalement orienté le management des exploitations agricoles (primes à la production, politique de prêts à taux réduits pour les investissements en matériel et technique pour la productivité…).
Des acteurs dans le moule
Tout le secteur agricole français a été façonné pendant 40 ans autour de cette politique de productivité et de mise en place d’un secteur agricole exportateur au niveau mondial, donc sur des considérations commerciales.
Les flux d’argent colossaux, à la mesure du potentiel agricole français, qui ont circulé pendant ces décennies ont totalement orienté les acteurs existants et en ont généré d’autres qui reproduisent perpétuellement ce modèle économico-commercial et qui ne peuvent pas en sortir (l’étude plus détaillée de la traçabilité en sera une bonne illustration).
Les conséquences ont été l’évolution d’acteurs anciens et l’apparition de nouveaux organismes agricoles pour répondre aux enjeux d’augmentation de la productivité :
- conseil et développement agricole (Chambres d’Agriculture, instituts techniques interprofessionnels, services techniques des coopératives et des négoces agricoles, services techniques des firmes agro-chimiques et des semenciers, INRA, services vétérinaires et protection des végétaux) : leur objectif a été de produire, via des essais, des références techniques pour améliorer la productivité.
- conseil économique (centre de gestion agricoles, service comptable des syndicats professionnels, Crédit Agricole, Groupama) : leur objectif a été de fournir aux agriculteurs les outils comptables et financiers pour gérer la marge brute et pour investir dans des moyens de production performants (suréquipement en matériel et sur-endettement).
- agro-fourniture : (firmes agro-chimiques et activité d’approvisionnement des coopératives et des négoces agricoles) développement de réseaux commerciaux très efficaces pour vendre les approvisionnements nécessaires toujours plus importants.
- collecte et mise en marché (organismes stockeurs, organismes de mise en marché : coopératives et négoces) : leur rôle a été d’investir dans des gigantesques infrastructures de collecte, de stockage en masse et de logistique tournée vers l’exportation (Rouen, La Rochelle, port mosellans vers Rotterdam). Il est d’ailleurs intéressant de noter que les cours des grains sur le marché français sont exprimés en FOB Rouen ou FOB Metz ce qui correspond à une vocation uniquement exportatrice. Parmi ces mêmes acteurs, chez les plus importants, il s’est créé des salles de marché avec des traders dignes des grandes places financières, dans lesquelles tous les regards étaient tournés vers Chicago où se faisait le prix mondial du blé.
- organismes administratifs et para-administratifs (DDA, ONIC…) chargés d’organiser le versement des primes et le contrôle des déclarations.
Conséquences visibles et prévisibles
La première conséquence qui frappe a été la relative prospérité des agriculteurs français pendant 30 ans. Cette prospérité s’est entretenue par la conjugaison de plusieurs phénomènes :
- une augmentation extraordinaire de la productivité due aux progrès techniques,
- des primes versées importantes (surtout dans le domaine céréalier),
- une relative stabilité commerciale : le rapport est-ouest et l’organisation informelle des marchés internationaux avec des préférences traditionnelles (ex : Afrique du Nord pour la France) ont garanti une stabilité des débouchés commerciaux.
Le poids du secteur agro-alimentaire dans l’économie française est devenu très important. On peut toutefois s’interroger sur la réalité de l’excédent de la balance commerciale agricole si on retire le vin, l’eau minérale et les produits transformés.
Les conséquences visibles par tous ont été nombreuses : augmentation de la taille des exploitations, spécialisation des régions et des exploitations par production, diminution de la population rurale, modification des paysages (remembrement, arrachement des haies…)…
Un des effets les plus importants, et qui ne nous marque pas parce que nous y sommes habitués, est la réduction énorme du nombre des exploitations dites de polyculture-élevage (c’est à dire équilibrant les productions animales et végétales) au profit d’exploitations en mono-production céréalière favorisée par la politique européenne (primes et efforts très importants de recherche appliquée). Le paradoxe de cette situation est que des régions entières dont l’économie et l’organisation agricole reposait sur l’équilibre entre les productions animales et végétales, se sont hyper-spécialisées dans les productions céréalières devenues plus attrayantes et plus rentables alors que le potentiel agronomique n’existe pas.
A titre d’exemple, on peut citer un département comme l’Indre et Loire, qui présentait une tradition laitière (réseau de laiteries) et où aujourd’hui les laiteries ont quasiment disparues. Au contraire, beaucoup d’exploitations se sont orientée vers la mono-production céréalière en abandonnant la production laitière, alors que les rendements et la qualité restent médiocres.
Depuis 10 ans, le monde agricole français est confronté à des réalités prévisibles, qui remettent cause les résultats de ce système qui semblaient pour tout le monde un acquis : ouverture des pays de l’est qui ont un potentiel agricole important, avancée forcée mais réelle vers une libéralisation des marchés agricoles, problèmes environnementaux, crises alimentaires, crise démographique, crise économique dans de nombreuses filières, et surtout une totale perte de sens et de savoir-faire des agriculteurs français.
Evolutions récentes de ce secteur et nouveaux enjeux
- aspects économiques et sociaux
Il y a une remise en cause profonde de la viabilité économique des structures agricoles. Le surinvestissement, l’absence de stratégie propre (la stratégie étant celle donnée par la politique agricole européenne), la confrontation à la mondialisation des échanges agricoles, les incertitudes quand aux orientations futures de l’Europe (arrivée des PECO, influence de la tendance Grün allemande)… mettent de nombreux agriculteurs dans des situations financières inquiétantes voire dramatiques. Ce malaise d’étend aux autres acteurs agricoles : restructurations violentes des coopératives agricoles, incertitudes des instituts de recherche et de conseil sur leurs ressources financières quasiment au semestre… Ceci est couplé à une crise démographique (carence de succession) et sociale (perte de sens et abandon des jeunes de ce secteur, désertification), accentuée par le côté capitalistique donné à la production agricole. Il est pratiquement inenvisageable actuellement de s’installer hors succession ou agrandissement. Les investissements en foncier et en équipement pour créer une structure à peu près viable se chiffre en millions d’euros, avec l’impossibilité de mettre en place une stratégie à moyen terme. Faut-il s’orienter vers la création d’une exploitation industrielle et hi-tech, où faut-il miser sur une exploitation plus petite et faire du bio et du traditionnel ? Dans les deux cas, la pérennité est plus qu’hypothétique.
- aspects techniques
Un des effets pervers des orientations économiques de ces dernières décennies est la perte de savoir-faire. Le développement des techniques agricoles (agro-chimie en particulier) a fait qu’il a été de plus en plus complexe pour les agriculteurs d’être capables de maîtriser seuls les décisions propres à leur métier. D’où le développement de structures de conseil et de prescriptions plus ou moins impartiales qui expliquent aux agriculteurs la pertinence de leurs « itinéraires techniques » (suite de produits à appliquer sur une culture par exemple, pour la protéger tout au long de sa croissance des maladies et parasites). Il y a encore une rude concurrence sur le terrain entre les services techniques des structures d’approvisionnement (coopératives et négoces) appuyées par les services marketing des firmes agro-chimiques, les conseillers des Chambres d’Agriculture, des instituts techniques…. L’agriculteur reçoit donc régulièrement la visite de ces différents acteurs qui lui proposent une « ordonnance » en argumentant sur la performance économique (rapport investissement / gain de productivité). L’agriculteur la plupart du temps choisit un programme et l’applique au cours de la campagne. Le passage régulier du technicien le rappelle à l’ordre s’il n’a pas respecté le calendrier.
Maintenant le développement des systèmes d’information géographique couplés au GPS sur le matériel, ainsi que la diffusion progressive des logiciels ou des extranets d’aide à la décision assistent toujours plus les agriculteurs avec des programmes de culture clé en main.
Un commentaire revient fréquemment de la part des agriculteurs, qui illustre bien cet état de fait : le dernier savoir-faire original qui reste aux agriculteurs est la conduite du tracteur et la mécanique !
- aspects environnementaux
Les impacts environnementaux reconnus sont de deux ordres : impact sur l’eau et sur le sol. Les impacts sur l’air sont aussi évoqués mais plus difficiles à cerner.
L’impact sur l’eau connu est l’augmentation du taux de nitrate dans les eaux naturelles. Il est très sensible car rapidement décelé dans les zones à eau de surface (Bretagne) mais aussi présent à plus long terme dans les zones à eaux souterraines (nappes phréatiques de Beauce).
Il est très intéressant de s’interroger sur les causes de ce problème de nitrates. Du fait de l’augmentation de productivité et de l’hyper-spécialisation de nombreuses régions, soit les productions animales, source de nitrate par les déjections, ont été concentrées sur des territoires incapables d’absorber les effluents, soit des régions de productions céréalières, grosses consommatrices de nitrates, ont vu l’élevage diminuer ou disparaître, et ont donc dû se fournir en nitrates à base d’engrais minéraux, au lieu de recourir aux engrais organiques disparus.
Dans les deux cas, la conséquence est la sur-concentration en azote organique dans les région d’élevage intensifs, avec une capacité insuffisante d’absorption par les sols disponibles, et l’utilisation intensive d’azote minéral dans les régions céréalières, avec l’incapacité connue du sol à retenir les excédents épandus de nitrates et donc l’arrivée inéluctable dans les nappes.
On commence depuis quelques années à travailler de la même façon sur la pollution des eaux de surface et souterraines par les résidus de produits phytosanitaires.
L’impact sur le sol des évolutions agricoles françaises sera aussi très significatif. Du fait de la dissociation extrême entre les régions de productions animales et végétales, il y a de moins en moins de restitutions de matières organiques au sol (exportation massive de la paille vers les régions d’élevage) et faible retour des fumiers vers les grandes cultures. Or, la matière organique est le « ciment » et le « carburant » du sol (à travers l’humus et la vie microbiologique naturelle associée). Les effets sur le sol se mesurent à l’échelle de plusieurs décennies, mais on commence à en voir l’amorce depuis une dizaine d’années : perte de stabilité structurale du sol dans des zones encore localisées à la parcelle, érosion et phénomènes de ravinement importants, diminution de l’activité microbienne du sol (moindre résistance des plantes aux stress),…
On est d’autant mal à l’aise pour détailler ces éléments que la recherche agronomique sur le sol est quasiment abandonnée en France depuis 30 ans. Les effets de cette recherche n’étant pas aussi spectaculaires que ceux des recherches sur la lutte chimique contre les insectes ou les mauvaises herbes, ce domaine pourtant fondamental pour l’agriculture française, a été laissé de côté.
- aspects sécurité alimentaire
Il n’est pas besoin de détailler les crises alimentaires de la dernière décennie pour s’en convaincre. Si la finalité du secteur agricole a été de tous temps de garantir l’alimentation de la population en quantité, le fait d’en garantir l’innocuité pour la santé est nouveau. Etait-il concevable, il y a seulement 40 ans, de craindre de mourir en s’alimentant, d’autre chose que d’un excès de bonne chair ?
C’est ainsi que le citoyen, à travers la médiatisation des évènements, s’est inquiété de ce qui arrivait dans son assiette. Cette attitude du citoyen est à relativiser, car quand il se transforme en consommateur, l’inquiétude cède le pas au prix. En effet, les sondages récents annoncent que 83% des français ont une bonne image des produits bio, mais il ne semble pas que le marché du bio explose.
Quelles sont les conséquences de ces questions de sécurité alimentaire dans les filières ? On peut en citer deux principales : le marketing et les questions de responsabilité.
Tout d’abord, la sécurité alimentaire est devenue un enjeu de marketing bien exploité par les industriels et la distribution qui ont fait leur travail. Tout d’abord, des investissements ont été réalisés pour apporter des garanties (labels qualité et cahiers des charges, respect de la chaîne du froid, procédures qualité HACCP ou ISO pour les process, systèmes de traçabilité interne et garantie d’origine…), ces investissements ont été transformés en atout marketing et en avantage concurrentiel pour des marques vis à vis du consommateur final. Ces aspects techniques se sont ensuite étendus à l’ensemble de la filière amont sans se traduire en marketing pour les producteurs et les industries de première transformation non-propriétaires de marques connues du consommateur. Concrètement, les exigences de traçabilité, lourdes à mettre en place, ne se traduisent jamais par un bonus financier significatif au niveau du producteur.
Ensuite, la question s’est posée de savoir qui serait responsable et coupable si quelqu’un venait à mourir en mangeant son croissant. C’est sur cette base que des systèmes de traçabilité tentent de se mettre en place tout au long des filières (tracing et tracking). L’objectif est d’avoir la capacité à retirer un produit du marché en cas de problème et le transfert de responsabilité d’un maillon à l’autre en cas de crise.
Finalement, ceci se traduit par la juxtaposition ou souvent la superposition de signes de qualité (AOC, labels nationaux, IGP européens, normes, certifications, qualification, certificats de conformité produit, marques, chartes régionales, cahiers des charges privés….) et de systèmes d’enregistrement des informations relatives à ces exigences. Le consommateur ne s’y retrouve pas vraiment au milieu de tous ces sigles, et ceci représente des investissements lourds pour chaque maillon (intervention de consultants, d’organismes certificateurs, de commission d’agrément, mise en place de systèmes d’information coûteux), et en particulier pour la production où la valeur ajoutée sur le produit est faible (dans une canette de bière, le coût de l’orge est moindre que celui de la capsule !). Au total, sur l’ensemble d’une filière agro-alimentaire les investissements en matière de sécurité alimentaire sont énormes pour un retour sur investissement faible ou nul et qui de toutes les façons n’est pas réparti sur l’ensemble des acteurs. Les seuls maillons pour lesquels l’investissement est incontournables sont ceux qui ont la propriété de marques commerciales dont la notoriété est capitale au regard des consommateurs.
Quels sont les enjeux de la traçabilité agricole amont ? Comment la mettre en place ? Comment se fera-t-elle au service de l’agriculture française et non à son détriment ?
La réalité de ce tableau inquiétant peut être partagé par de nombreuses personnes. Toutefois, c’est sur les solutions envisagées que les divergences apparaissent.
Quel avenir pour l’agriculture française ?
Ces constatations amènent plusieurs questions stratégiques pour la France sur le sol et l’eau qui sont des patrimoines de notre territoire, et sur la place de l’agriculture française dans l’Union Européenne et dans les marchés mondiaux :
- destruction des sols : à échéance de 20 à 30 ans, certaines zones seront rendues impropres à la culture. La France connaîtra-t-elle à nouveau le spectre de la famine ?
- ressources en eau : à échéance de 10 à 20 ans, la France deviendra-t-elle dépendante en eau ?
- développement de la libéralisation mondiale des échanges agricoles : la France sera-t-elle à la merci de l’arme alimentaire quantitativement et qualitativement en dépendant d’autres régions du monde et/ou de capitaux étrangers (semenciers, firmes agro-chimiques) ?
- développement de la sécurité alimentaire : les productions agricoles françaises seront-elles normalisées dans un standard mondial qui leur fera perdre leur potentiel de différenciation en matière d’image de qualité et de savoir-faire ?
Retour à la politique
Ce qui est marquant dans la politique agricole française est justement l’absence de débat politique de fond. On assiste à des coups de sang récurrents dont les préfectures ou les fast-food ont fait les frais, à des circonvolution et des pleurnicheries contre l’Europe qui d’un côté est responsable de cette évolution mais d’un autre côté consacre une bonne partie de son budget à l’agriculture et en particulier à l’agriculture française… mais tout le monde considère acquis que l’agriculture est un secteur industriel et marchand comme les autres et qu’il doit se plier aux lois qui y règnent. Dans le détail, on constate plusieurs tendances :
- Ceux qui disent, il faut aller plus loin dans la logique libérale : oui aux OGM, oui au progrès technologique pour être plus compétitif, il est inéluctable que les petites structures non-industrialisables disparaissent ou soient subventionnées pour entretenir le paysage. Il faut vendre du service et des produits aux agriculteurs, et comme ils n’ont plus les moyens dans l’état actuel des structures, favorisons l’augmentation de la taille et de la performance technique des exploitations pour maintenir un marché, et appliquons un vernis qualitatif et environnemental à travers des normalisations et des procédures rassurantes (similaires à l’ISO 9000 et ISO 14000 dans l’industrie) pour montrer patte blanche vis à vis de l’opinion public et éventuellement établir les responsabilités en cas de problème (principe de précaution).
- Ceux qui disent : il faut prendre aux gros et donner aux petits (c’est la position commensale du libéralisme), et protéger l’environnement en dénonçant la société capitaliste post-industrielle…
- Ceux qui inventent une nouvelle position : le développement durable qui veut concilier l’inconciliable, c’est à dire le respect de l’environnement, les considérations sociales, le terroir et les traditions locales et le marché international, la compétitivité économique...
- enfin, ceux (la majorité ?) qui ne savent plus très bien où ils en sont, qui ont perdu leur esprit critique et qui se débattent dans le quotidien.
On voit très bien les conséquences de l’abandon par la politique d’un pan entier de la France qui a été livré à des lois purement économiques qui sont contre nature.
Face à cette situation, la solution ne peut être que politique et il est indispensable de redonner à l’agriculture française sa vocation principale : garantir durablement l’indépendance alimentaire de la France en quantité et en qualité (prise en compte de l’environnement et de la sécurité alimentaire).
Comme la France présente un potentiel agricole important, il faut également se tourner vers la mise en marché des productions françaises non-destinées au marché intérieur, et quelle position prennent alors les gouvernants français pour contribuer à la puissance de l’agriculture française face aux concurrents européens et mondiaux ?
Avant d’être un problème marketing et commercial, c’est une question politique. Soit on décide de laisser l’agriculture française se fondre dans un marché standardisé, normalisé au niveau mondial, soit on décide de mettre en avant les spécificités agricoles françaises et on s’organise pour en faire une arme au service de la puissance de la France et on s’en donne les moyens.
Olivier ARNAULT