L’art et la dérision : outils de la guerre de l’information

Au cours de l’Histoire, les artistes ont souvent été les premiers à être les victimes des régimes forts. Ce sont tous les espoirs, les angoisses, les révoltes…qui transparaissent à travers les expressions artistiques. Quand l’art s’associe à la dérision et à l’humour, il prend alors toute sa puissance. Avec le développement d’Internet et des NTIC, l’impact des artistes est désormais considérable. C’est le cas du site War Miniature Gigantic qui rassemble plus d’une centaine de posters sur le thème de la guerre en Irak. Initialement le projet devait permettre à des artistes d’exprimer leur anxiété à propos de la guerre en Irak. Le site est à présent devenu une galerie d’exposition permanente ouverte aux différents points sur la guerre et qui s’enrichit au fil du temps.
On retrouve fréquemment les mêmes thèmes connexes : le pétrole comme enjeu réel de cette guerre, les sociétés pétrolières comme les véritables commanditaires, les Etats-Unis comme superpuissance agressive… Pour s’exprimer, les artistes utilisent différentes techniques : le détournement des logos (« Hell » ; « ESSOS » ; « Tex-No »…) et des slogans des grands groupes (« Don’t Do It ! »…), le détournement de publicités connues (« Got Oil ? » au lieu de « Got Milk ? »…).




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Ces techniques ne sont pas sans rappeler celles utilisées contre le groupe Total lors du naufrage de l’Erika fin 1999. Des dizaines d’images détournant les logos et les slogans de Total avaient alors circulées sur la Toile. Il est plus que probable qu’une campagne précise de dénigrement avait été orchestrée pour nuire au groupe français en exploitant le mécontentement des écologistes et des citoyens.

Pourquoi utiliser l’humour pour attaquer l’image d’une entreprise, d’un Etat… ?
Les internautes assidus (ceux qui sont connectés en permanence sur Internet) parcourent la Toile à la recherche des images, textes, vidéos…les plus humoristiques. En effet, l’internaute qui envoie ces messages attire l’attention du groupe sur lui. En diffusant ces images, c’est comme s’il les avait lui-même créées, ce qui n’est totalement faux puisqu’il les extrait des profondeurs du Net pour les amener à la lumière du groupe. Une fois diffusées à ses « cyber-connaissances », c’est derniers les redirigent à leur tour : c’est l’effet boule de neige ! Les messages à caractère humoristiques sont peut-être ce qui circule le plus sur Internet. Les dessins et les photos « truqués » ont un avantage certain sur les textes ; ils donnent un support visuel plus agréable aux lecteurs qui sont ainsi plus enclins à s’en souvenir.

Pour éviter une « cyber-crise » (1), il est vital que les entreprises surveillent en permanence les images (textes, vidéos…) qui circulent sur Internet, et prennent les mesures nécessaires pour éviter une diffusion aux conséquences négatives. Il est plus facile de lutter contre des informations fausses que de contrer un humour qui détériore durablement l’image des marques.


(1) Cyber-crise : on appelle « cyber-crise », les réactions négatives vis à vis d’une entreprise, d’un Etat, d’un individu…provoquées par des informations diffusées sur la Toile. La cyber-crise peut gagner tous les supports d’Internet (les sites, les Newsgroups, les forums, les Chats…). Si la cyber-crise n’est réglée à temps, elle peur sortir du « virtuel » et donc se transformer en « crise ».

AVS