Il était très instructif de revoir mardi 26 août une émission de Canal Plus déjà diffusée en début d’année, «Fastwood, une fabrique à obèses». Réalisée par l’équipe de 90 minutes, cette émission n’a rien perdu de son actualité. Dans la même semaine, les infos du 20 heures de France 2 nous mettent en garde sur les risques encourus par la population française à propos de son alimentation. Le nombre d’obèses et de personnes en surpoids ne cesse de progresser en France. Plus d’un million de personnes en deux ans si l’on se réfère aux stastistiques médicales.Cette hausse est inquiétante. Elle est le résultat du changement de comportement alimentaire induit par l’industrie agro-alimentaire et le mode, sans parler du rythme, de vie des Français. L’émission de Canal Plus démontre parfaitement le mécanisme pervers qui est en train de se généraliser aux Etats-Unis dans le mode d’alimentation des enfants. Citons ce passage du synopsis de l’émission :
«Désormais, les écoles américaines sont envahies par les marques alimentaires, du programme de lecture de Pizza Hut, qui offre une pizza à l'enfant qui aura lu cinq livres dans la semaine, à Pepsi qui signe un contrat d'exclusivité pour installer 25 distributeurs de sodas dans un même lycée…Grignotage, snacks hyper caloriques, manque d'exercice, désormais 16% des enfants sont trop gros, soit cinq fois plus qu'il y a vingt ans. Si rien n'est fait, nous risquons de rattraper les Etats-Unis où un enfant sur quatre est obèse».
Qui est coupable dans cette histoire : d’abord nous-mêmes. Apprendre à manger, à avoir du goût, à ne pas s’empiffrer de produits alimentaires à n’importe quelle heure de la journée, à ne pas laisser ses enfants collés devant un écran de télévision ou de console de jeux pendant des heures, ce sont là des actes élémentaires d’éducation que nombre de parents ont cessé de pratiquer aussi bien dans les milieux modestes que dans les classes moyennes.
Mais il y a aussi, comme dans l’affaire de la canicule, d’autres responsabilités. Commençons par l’Education Nationale dont l’irresponsabilité dans un domaine aussi vital que la santé alimentaire des enfants est flagrante. Quand le Ministre de l’Education Nationale aura-t-il le courage intellectuel et moral de faire réaliser une étude approfondie sur la faillite du système scolaire américain dans ce domaine ? Les enseignants savent descendre dans la rue pour certaines causes les concernant de près mais sont totalement muets et fuyants sur ses sujets de société. Or la chaîne éducative commence par l’école. On est loin des petits travaux de cuisine effectués jadis dans les cours de travail manuel. C’est à l’école qu’on doit apprndre aux enfants les habitudes alimentaires conformes à notre mode de vie. Il serait bon que les recteurs et les inspecteurs de l’Education Nationale, responsables de l’élaboration des programmes scolaires se rentrent cette évidence dans la tête. Autre aspect du problème : l’équipement des lycées et collèges en machines de distribution de boissons et de produits à forte densité calorique devra être contrôlée avec le maximum de réalisme par l’Education Nationale et les responsables de l’enseignement privé. Cete fois-ci, nous sommes prévenus. Ce n’est pas comme avec le sang contaminé et la canicule. La formule si chère à certains, « responsables mais pas coupables », ne s’appliquera plus à ce cas de figure.
Dans cette affaire d’obésité, l’industrie agroalimentaire et la grande distribution sont aussi en ligne de mire. L’émission de Canal Plus démonte le marketing d’une firme comme Nestlé qui subventionne une campagne sur le nutrition des enfants, tout en faisant de la publicité les incitant à manger souvent des céréales, en particulier à des moments de la journée où l’organisme ne peut plus les assimiler naturellement. Lors d’un entretien sur ce sujet, un responsable de la communication de Carrefour fit un début d’autocritique, en reconnaissant que la création d’un rayon grignotage à la mode américaine avait peut-être été une erreur. Il incitait peut-être insconciemment certains consommateurs, en particulier des jeunes, à se nourrir n’importe comment. Mais il s’agit encore d’une réaction isolée. Le monde industriel reste encore très discret sur ces questions qui risquent de limiter la progression du chiffre d’affaires de certaines gammes de produits alimentaires. L’Etat est pourtant responsable de la surveillance de la publicité mensongère émanant de certains acteurs du monde industriel ou des services. Agit-il comme il se doit ? Beaucoup d’observateurs relèvent une inertie anormale.
A ce propos, notons que c’est justement au niveau de la gouvernance que se situe une fois de plus les défaillances dans le management/amont de l’information. Un chercheur de l’INSERM nous confiait en juin dernier qu’au sein de son organisme, moins de cinq personnes sur plusieurs centaines de chercheurs avait une vision globale de ce problème, en ne dissociant pas l’obésité de la chaîne de responsabilités précisée ci-dessus.. C’est peu, très peu. Il est urgent d’agir pour contrer la tendance. Le Ministère de la Santé, le Ministère de l’Education Nationale et Matignon sont directement concernés par la santé de nos enfants. Mais il en est de même pour les mondes politique, associatif, patronal et syndical souvent tentés par le silence radio. L’inaction des décideurs est à la merci de la réaction de l’opinion publique.
Alors, mesdames, messieurs, bonne roulette russe!
«Désormais, les écoles américaines sont envahies par les marques alimentaires, du programme de lecture de Pizza Hut, qui offre une pizza à l'enfant qui aura lu cinq livres dans la semaine, à Pepsi qui signe un contrat d'exclusivité pour installer 25 distributeurs de sodas dans un même lycée…Grignotage, snacks hyper caloriques, manque d'exercice, désormais 16% des enfants sont trop gros, soit cinq fois plus qu'il y a vingt ans. Si rien n'est fait, nous risquons de rattraper les Etats-Unis où un enfant sur quatre est obèse».
Qui est coupable dans cette histoire : d’abord nous-mêmes. Apprendre à manger, à avoir du goût, à ne pas s’empiffrer de produits alimentaires à n’importe quelle heure de la journée, à ne pas laisser ses enfants collés devant un écran de télévision ou de console de jeux pendant des heures, ce sont là des actes élémentaires d’éducation que nombre de parents ont cessé de pratiquer aussi bien dans les milieux modestes que dans les classes moyennes.
Mais il y a aussi, comme dans l’affaire de la canicule, d’autres responsabilités. Commençons par l’Education Nationale dont l’irresponsabilité dans un domaine aussi vital que la santé alimentaire des enfants est flagrante. Quand le Ministre de l’Education Nationale aura-t-il le courage intellectuel et moral de faire réaliser une étude approfondie sur la faillite du système scolaire américain dans ce domaine ? Les enseignants savent descendre dans la rue pour certaines causes les concernant de près mais sont totalement muets et fuyants sur ses sujets de société. Or la chaîne éducative commence par l’école. On est loin des petits travaux de cuisine effectués jadis dans les cours de travail manuel. C’est à l’école qu’on doit apprndre aux enfants les habitudes alimentaires conformes à notre mode de vie. Il serait bon que les recteurs et les inspecteurs de l’Education Nationale, responsables de l’élaboration des programmes scolaires se rentrent cette évidence dans la tête. Autre aspect du problème : l’équipement des lycées et collèges en machines de distribution de boissons et de produits à forte densité calorique devra être contrôlée avec le maximum de réalisme par l’Education Nationale et les responsables de l’enseignement privé. Cete fois-ci, nous sommes prévenus. Ce n’est pas comme avec le sang contaminé et la canicule. La formule si chère à certains, « responsables mais pas coupables », ne s’appliquera plus à ce cas de figure.
Dans cette affaire d’obésité, l’industrie agroalimentaire et la grande distribution sont aussi en ligne de mire. L’émission de Canal Plus démonte le marketing d’une firme comme Nestlé qui subventionne une campagne sur le nutrition des enfants, tout en faisant de la publicité les incitant à manger souvent des céréales, en particulier à des moments de la journée où l’organisme ne peut plus les assimiler naturellement. Lors d’un entretien sur ce sujet, un responsable de la communication de Carrefour fit un début d’autocritique, en reconnaissant que la création d’un rayon grignotage à la mode américaine avait peut-être été une erreur. Il incitait peut-être insconciemment certains consommateurs, en particulier des jeunes, à se nourrir n’importe comment. Mais il s’agit encore d’une réaction isolée. Le monde industriel reste encore très discret sur ces questions qui risquent de limiter la progression du chiffre d’affaires de certaines gammes de produits alimentaires. L’Etat est pourtant responsable de la surveillance de la publicité mensongère émanant de certains acteurs du monde industriel ou des services. Agit-il comme il se doit ? Beaucoup d’observateurs relèvent une inertie anormale.
A ce propos, notons que c’est justement au niveau de la gouvernance que se situe une fois de plus les défaillances dans le management/amont de l’information. Un chercheur de l’INSERM nous confiait en juin dernier qu’au sein de son organisme, moins de cinq personnes sur plusieurs centaines de chercheurs avait une vision globale de ce problème, en ne dissociant pas l’obésité de la chaîne de responsabilités précisée ci-dessus.. C’est peu, très peu. Il est urgent d’agir pour contrer la tendance. Le Ministère de la Santé, le Ministère de l’Education Nationale et Matignon sont directement concernés par la santé de nos enfants. Mais il en est de même pour les mondes politique, associatif, patronal et syndical souvent tentés par le silence radio. L’inaction des décideurs est à la merci de la réaction de l’opinion publique.
Alors, mesdames, messieurs, bonne roulette russe!