ICG : un Think Tank au cœur de l’Europe

L’International Crisis Group (ICG) est un Think Tank dont la vocation est de «prévenir et de résoudre des conflits» . L’une de ses particularités est notamment d’avoir choisi pour siège Bruxelles, capitale européenne.
Compte tenu de la qualité du travail fournit par cet organisme et de l’expérience des hommes qui la composent, cela devrait sans aucun doute nous sembler flatteur.
Mais, interrogeons nous, pourquoi Bruxelles ? Ce choix est-il pertinent ou tout simplement intéressé ?
Après réflexion, il faut bien reconnaître que cette ville belge n’a rien à envier à Washington ou à Londres : elle accueille de très nombreuses institutions européennes, le siège de l’Otan, les bureaux de groupes de pressions et d’ONG divers et variés, et, du personnel diplomatique. Aussi, pourquoi notre capitale européenne ne pourrait-elle pas abriter, elle aussi, le siège social de grandes entreprises, de cabinets d’avocats… et d’ICG ?

A Bruxelles, le Réservoir d’Idée est certain de toucher un large public dans lequel se trouve des hommes dont les décisions influent sur nos vies d’européens et de français .
Cependant, ICG est-il un Think Tank européen ? A t-il vocation à appuyer la politique diplomatique européenne ?

Les quelques éléments proposés ci-dessous devraient nous permettre de répondre à nos interrogations:

  • 1. ICG est une « organisation multinationale indépendante et sans but lucratif ». Autrement dit, l’International Crisis Group n’a pas de compte à rendre. Son indépendance de fonctionnement est garantie grâce à des fonds de provenances variées.

    Des fonds gouvernementaux tout d'abord : allemand, australien, autrichien, canadien, danois, américain, finlandais, français, irlandais, japonais, luxembourgeois, norvégien, hollandais, taiwanais, anglais, suédois, suisse et turque.

    Fondations et donateurs du secteur privés ensuite : The Atlantic Philanthropies, la Carnegie Corporation of New York, la Fondation Ford et la Fondation Bill et Melinda Gates, la Fondation William et Flora Hewlett, la Fondation Henry Luce, Inc., la Fondation John D. et Catherine T. MacArthur, l’Open Society Institute, la Fondation pour la Paix Sasakawa, la Sarlo Foundation of the Jewish Community Endowment Fund, la United States Institute of Peace…

    Les ressources de l’ICG sont considérables. Pour preuve, elles lui permettent d’employer 90 personnes et de disposer de représentation à Moscou, Paris, Londres, New York et Washington.

    En outre, l’organisation possède suffisamment de fonds pour envoyer ses analystes en Asie centrale, Afrique australe, Amérique du Sud ou encore au Moyen Orient. Elle gère également 11 bureaux de terrain à Amman, Belgrade, Bogota, Nairobi, Osh, Islamabad…

    Enfin, l’ICG peut se permettre d’entretenir un site Internet de qualité, de publier ses analyses sous forme de rapports ou de livres et d’assurer leurs distributions à grande échelle.

    Notons que peu d’ONG, de centres de recherches, de réservoir d’idées… peuvent se permettre de mener les actions de l’ICG.
    Notons également que la recherche de fonds d’ICG est discrète : pas d’adhérents, pas de campagne publicitaire…


 

  • 2. Le conseil d’administration de l’ICG regroupe « d’éminents membres du monde politique, diplomatique, ainsi que des affaires et des médias » qui s’engagent «directement à promouvoir les rapports et recommandations de l’ICG auprès des décideurs politiques du monde entier».
    Autrement dit, ce conseil d’administration est le réseau par lequel l’International Crisis Group va pouvoir transmettre ses messages. ICG fera d’autant plus connaître ses analyses et recommandations que les membres du conseil sont influents. Citons pour exemple quelques uns d’entre eux :

    Zbigniew Brzezinski, ancien conseiller démocrate de sécurité nationale du président Carter et auteur du Le grand échiquier. L’Amérique et le reste du monde (Bayard, Paris 1977).
    George Soros, milliardaire américain d’origine hongroise dont l’origine de la fortune reste aussi surprenante que ça conception de la philanthropie (Sa fondation, la Fondation George Soros, cessera d’exister en 2010).
    Wesley Clark, ancien grand patron américain de l’Otan.
    Fidel V. Ramos, Morton Abramowitz, William Schowcross…
    Christine Ockrent, Simone Veil...

    Notons, la composition du conseil d’administration qui laisse rêveur : ancien présidents ou ministres, journalistes de renom, hauts fonctionnaires, hommes d’affaires…


On l’aura compris, ICG est animé par un réseau dense, influent et actif qui possède, privilège rare, les moyens de réaliser ses objectifs. Il faut bien dire qu’il est l’image même d’un Think Tank efficace, tel que l’on souhaiterait en voir en Europe.

Aussi, pourquoi ne pas s’inspirer de son exemple pour créer un Réservoir d’Idées dont l’équipe, composée d’européens, aurait pour objectif de défendre et promouvoir les intérêts de l’Union Européenne ?


S.A.