Focus sur Rosoboronexport : l'exportation d'armement russe

En novembre 2000, le Président Vladimir Poutine promulguait un décret visant la création d’une société d’Etat pour être l’intermédiaire dans le commerce de l’armement. C’est ainsi qu’est créée Rosoboronexport, issue de la fusion de deux sociétés fédérales distinctes Rosvoorouzhenie et Promexport.
La décision de créer une agence d’Etat qui serait l’interlocuteur unique pour les questions d’exportation d’armement, a permis de regrouper les ressources financières, intellectuelles et organisationnelles, et de fait de supprimer les concurrences inutiles entre les exportateurs russes.Clients et partenaires
Rosoboronexport est responsable de 90% des exportations militaires de la Fédération de Russie. Elle maintient une coopération militaro-technique avec plus de 60 pays et dispose de bureaux de représentation dans 35 d’entre eux. Elle fournit des armes à 45 pays, et selon Andrei Belyaninov (directeur général de Rosoboronexport), la Chine, l'Inde, le Koweït, l'Egypte, l'Algérie, Chypre et la Grèce représentent plus de 90 % du chiffre d'affaires de la société.
La société collabore avec plus de 700 sociétés d’armement présentes dans 56 régions de la fédération russe. En vertu du traité de défense collective de la CEI, l’agence travaille en étroite collaboration avec l'Ukraine, la Biélorussie, l'Ouzbékistan, le Kazakhstan, et entend même collaborer plus étroitement avec l'Azerbaïdjan et l'Arménie. Et plus récemment, ces partenariats se sont développés en Europe centrale, avec la République tchèque, la Slovaquie et la Hongrie.
Enfin, les représentants de Rosoboronexport participent activement aux séminaires de la Conférence des directeurs nationaux des armements de l'OTAN, afin de collaborer aux différents projets communs.

La stratégie de développement
L’un des principaux défis de cette agence était de regagner, au nom de la Russie, la totalité des anciens marchés historiques de l’Union soviétique. Pour y parvenir et renforcer sa position sur le marché mondial de l’armement, elle cherche à diversifier ses exportations en élargissant la gamme de ses produits militaires, et augmenter leur volume d’approvisionnement. De ce fait, elle recherche des sources de financement pour des projets d’armement, et encourage la collaboration avec des sociétés étrangères dans ce domaine. Rosoboronexport a par exemple signé un accord de partenariat stratégique avec la State Investment Corporation, afin de réaliser des opérations et des investissements communs dans le secteur de la défense.

Pour assurer son expansion, elle cherche à prendre des participations plus importantes dans les sociétés du secteur de l'armement russe afin de disposer d’une base de production réelle, ce qui éviterait des variations dangereuses. De le même esprit anticipatif, Rosoboronexport a pris le contrôle de la Russian Insurance Center(RIC), une compagnie d’assurance basée à Moscou qui dorénavant se focalisera sur le secteur de la défense russe. Cette acquisition s’explique par la volonté d’écarter les actionnaires étrangers du secteur de l’armement et aérospatiale.

Les activités de l’agence
Rosoboronexport est en charge de l’exportation de tous les armements conventionnels (militaires et duales), de la modernisation et de la réparation des systèmes d’armes, de la construction d’infrastructures de défense, de la promotion des produits russes pour pénétrer de nouveaux marchés et de la vente des permis de production d’armes conventionnelles.
Elle s’intéresse également de plus en plus au marché de la modernisation des armes. Par exemple, l’agence a effectué une modernisation des avions de combat MiG-21 au profit de l’Inde. De même, elle s’est alliée à diverses sociétés sud-africaines pour adapter les chasseurs Mirage F1 et Mirage III aux moteurs russes RD-33 et missiles air-air R-73.

Fin 2002, le carnet de commandes de l’agence atteignait les 12,5 milliards de dollars. Les aéronefs de transport militaire et de combat, principalement les chasseurs Sukhoï et les hélicoptères Mi, constituent les principales exportations avec 75% des ventes. Les exportations de navire s’élèvent à 12%, le matériel pour l’armée de terre représente 5% et les armes anti-aériennes (S-300, BUK-M1-2, Smerch …) 3%.
Toutefois, les ventes d’armes légères russes, et notamment les mitraillettes Kalachnikov, déclinent. Ce phénomène s’explique surtout par le fait que l’Union soviétique avait délivré de nombreux permis de fabrication de Kalachnikov avec peu ou pas de redevances. Ces dernières sont désormais construites sans l’aide de la Russie.

AVS