Des mercenaires ont de tout temps étaient incorporés aux troupes nationales. Il n’était pas anormal de se battre pour de l’argent, et non pour un idéal patriotique. L’image des « mercenaires » en tant qu’individus, engagés dans le conflit, de nationalités autres que celles des forces en présence et rétribués par l’une des parties, est connoté négativement à cause des nombreuses exactions qui ont eu lieu dans des zones sensibles du globe.
Avec ces dernières décennies s’est développé un nouveau type de mercenariat : le mercenariat d’entreprise. Des sociétés privées nationales ou multinationales se sont spécialisées dans les services de défense. Elles ont de nombreuses appellations, ce qui dénote le caractère flou qui les entoure. Tantôt décrites comme des « sociétés internationales de sécurité» (Private International Security Companies) ou plus simplement des « sociétés de sécurité » (Private Security Firms), nous adopterons une autre appellation commune : les « sociétés militaires privées » (Private Military Compagnies – PMC).
Le secteur de la sécurité militaire est aujourd’hui estimé à 100 milliards de dollars par an.Des avantages économiques…
Tout d’abord, d’un point de vue économique, la mise en commun des moyens permet de pallier aux réductions des budgets. Les solutions militaires privées sont ainsi plus souples et moins coûteuses à mettre en œuvre. Ces SMP sont en effet payés seulement en fonction des besoins.
De plus, l’augmentation du coût des armements dits « intelligents » devrait, à terme, empêcher certains pays d’entretenir une armée moderne. La réduction des budgets s’est également accompagnée d’une diminution des effectifs des forces armées : les forces militaires des Etats-Unis, de la Russie, de la Grande-Bretagne et de la France ont ainsi diminué de trois quarts. En 1991, au moment de la première guerre du Golfe, l’armée de terre américaine comptait 780 000 hommes, contre seulement 480 000 aujourd’hui.
Mais aussi d’ordre sociétal et militaire
Les SMP présentent également des avantages d’ordre sociétal. Leur emploi est peut-être un moyen pour résoudre le refus des sociétés de voir exposer les vies de leurs soldats. Le fondateur de Sandline International confirme cette perception : « Si les personnels de nos compagnies militaires privées sont tués, cela n'a pas le même impact émotif que si ce sont des soldats des forces nationales ».
Sur le plan militaire, ces forces armées privées, constamment en contact avec le terrain, immédiatement mobilisables sans les habituelles lourdeurs administratives, auraient une efficacité comparable aux armées nationales. Kofi Annan, secrétaire général de l’ONU, avouait après le génocide du Rwanda : « Si j'avais disposé d'une brigade avec sa puissance de feu et ses hommes, bien équipés et bien entraînés, j'aurais pu sauver des centaines de milliers de vies humaines ».(1)
Le mercenariat et les Etats-Unis, une longue histoire…
Durant la guerre révolutionnaire américaine, grâce à l’article I-section 8, le Congrès continental avait le pouvoir d’émettre des « Letters of Marque and Reprisals » (Lettres de reconnaissance et de représailles). En possession de telles lettres, des « privés » avaient le droit d’armer des flottes privées destinées à attaquer les lignes de commerce maritime britannique. Ces sociétés ainsi armées avaient le droit de pirater des navires ennemis et d’en garder le butin, si les opérations ont été exécutées conformément à ces lettres. Plusieurs analystes voient dans cet article de la constitution américaine les bases mêmes des lois régissant les activités des SMP. De nos jours, les SMP ont toujours besoin d’une telle autorisation de la part du gouvernement. Elles doivent obtenir une licence du Department Office du Defense Trade Controls.
En 1996, en Bosnie, une personne sur 10 autour du champ de bataille était un civil sous contrat employé alors que cette proportion n’était que d’une personne sur 50 en 1991, lors de la première guerre du Golfe. Ce sont ce type d’entreprises qui ont été les premières dans le Golfe pour débarquer les équipements et les armes de l’armée américaine en amont de son déploiement. Ainsi près de 40 entreprises travailleraient en permanence sur le terrain pour le Pentagone, mais le nombre de SMP utilisées par l’armée américaine n’est pas public. L’utilisation discrète de ces entreprises permet d’échapper au contrôle des membres du Congrès, des médias et de l’opinion publique.
Par exemple, le Congrès avait limité à 20 000 soldats le nombre des troupes autorisées à être envoyées en Bosnie. Cette restriction avait pu être contournée grâce à l’emploi de 2000 privés. Cette méthode de contournement permet également de maintenir une présence « militaire » américaine dans de nombreux pays dits « sensibles ».
En tout état de cause, les SMP sont le plus souvent des entreprises de droit privé, majoritairement anglo-saxonnes, obéissant à la logique économique du secteur privé, prestataires de services liés à des activités de défense et de sécurité (conseils, formation, soutien logistique, fourniture de personnel de surveillance, et déminage).
(1) Thomas K. Adams, The New Mercenaries and the Privatization of Conflict, Parameters, 1999.
AVS
Avec ces dernières décennies s’est développé un nouveau type de mercenariat : le mercenariat d’entreprise. Des sociétés privées nationales ou multinationales se sont spécialisées dans les services de défense. Elles ont de nombreuses appellations, ce qui dénote le caractère flou qui les entoure. Tantôt décrites comme des « sociétés internationales de sécurité» (Private International Security Companies) ou plus simplement des « sociétés de sécurité » (Private Security Firms), nous adopterons une autre appellation commune : les « sociétés militaires privées » (Private Military Compagnies – PMC).
Le secteur de la sécurité militaire est aujourd’hui estimé à 100 milliards de dollars par an.Des avantages économiques…
Tout d’abord, d’un point de vue économique, la mise en commun des moyens permet de pallier aux réductions des budgets. Les solutions militaires privées sont ainsi plus souples et moins coûteuses à mettre en œuvre. Ces SMP sont en effet payés seulement en fonction des besoins.
De plus, l’augmentation du coût des armements dits « intelligents » devrait, à terme, empêcher certains pays d’entretenir une armée moderne. La réduction des budgets s’est également accompagnée d’une diminution des effectifs des forces armées : les forces militaires des Etats-Unis, de la Russie, de la Grande-Bretagne et de la France ont ainsi diminué de trois quarts. En 1991, au moment de la première guerre du Golfe, l’armée de terre américaine comptait 780 000 hommes, contre seulement 480 000 aujourd’hui.
Mais aussi d’ordre sociétal et militaire
Les SMP présentent également des avantages d’ordre sociétal. Leur emploi est peut-être un moyen pour résoudre le refus des sociétés de voir exposer les vies de leurs soldats. Le fondateur de Sandline International confirme cette perception : « Si les personnels de nos compagnies militaires privées sont tués, cela n'a pas le même impact émotif que si ce sont des soldats des forces nationales ».
Sur le plan militaire, ces forces armées privées, constamment en contact avec le terrain, immédiatement mobilisables sans les habituelles lourdeurs administratives, auraient une efficacité comparable aux armées nationales. Kofi Annan, secrétaire général de l’ONU, avouait après le génocide du Rwanda : « Si j'avais disposé d'une brigade avec sa puissance de feu et ses hommes, bien équipés et bien entraînés, j'aurais pu sauver des centaines de milliers de vies humaines ».(1)
Le mercenariat et les Etats-Unis, une longue histoire…
Durant la guerre révolutionnaire américaine, grâce à l’article I-section 8, le Congrès continental avait le pouvoir d’émettre des « Letters of Marque and Reprisals » (Lettres de reconnaissance et de représailles). En possession de telles lettres, des « privés » avaient le droit d’armer des flottes privées destinées à attaquer les lignes de commerce maritime britannique. Ces sociétés ainsi armées avaient le droit de pirater des navires ennemis et d’en garder le butin, si les opérations ont été exécutées conformément à ces lettres. Plusieurs analystes voient dans cet article de la constitution américaine les bases mêmes des lois régissant les activités des SMP. De nos jours, les SMP ont toujours besoin d’une telle autorisation de la part du gouvernement. Elles doivent obtenir une licence du Department Office du Defense Trade Controls.
En 1996, en Bosnie, une personne sur 10 autour du champ de bataille était un civil sous contrat employé alors que cette proportion n’était que d’une personne sur 50 en 1991, lors de la première guerre du Golfe. Ce sont ce type d’entreprises qui ont été les premières dans le Golfe pour débarquer les équipements et les armes de l’armée américaine en amont de son déploiement. Ainsi près de 40 entreprises travailleraient en permanence sur le terrain pour le Pentagone, mais le nombre de SMP utilisées par l’armée américaine n’est pas public. L’utilisation discrète de ces entreprises permet d’échapper au contrôle des membres du Congrès, des médias et de l’opinion publique.
Par exemple, le Congrès avait limité à 20 000 soldats le nombre des troupes autorisées à être envoyées en Bosnie. Cette restriction avait pu être contournée grâce à l’emploi de 2000 privés. Cette méthode de contournement permet également de maintenir une présence « militaire » américaine dans de nombreux pays dits « sensibles ».
En tout état de cause, les SMP sont le plus souvent des entreprises de droit privé, majoritairement anglo-saxonnes, obéissant à la logique économique du secteur privé, prestataires de services liés à des activités de défense et de sécurité (conseils, formation, soutien logistique, fourniture de personnel de surveillance, et déminage).
(1) Thomas K. Adams, The New Mercenaries and the Privatization of Conflict, Parameters, 1999.
AVS