Le dispositif d’intelligence économique aux Etats-Unis

Alors que Le Canard enchaîné du 21 mai 2003 vient de publier un article intitulé « La France découvre la guerre économique », les Etats-Unis et certaines de ses entreprises ont déjà largement intégré cet outil indispensable. L’heure pour la France n’est pas à la dénonciation de l’allié outre-atlantique, mais à l’écoute et à l’apprentissage. La France doit admettre son retard, analyser les techniques des Etats et entreprises étrangères, et appliquer son intelligence économique avec ses sensibilités et techniques propres.L’intelligence économique n’est pas un concept à la mode vide de sens. L’intelligence économique rassemble les « cinq sens » de l’entreprise et de l’Etat : observer les marchés, sentir les offensives concurrentes, écouter les signaux faibles, communiquer ses positions et influencer les caisses de résonance.
Concrètement, un certain nombre de sociétés américaines, ayant un rôle international qui les expose à la concurrence, ont intégré l’intelligence économique dans leur système. Ces entreprises construisent la structure de leur IE autour d’un de ses vice-Présidents dont les titres varient (Knowledge Management, Strategy…), mais dont les missions restent cependant les mêmes : entendre, comprendre, agir. En terme d’organisation, la cellule rassemble plusieurs directeurs qui chapeautent et coordonnent différents spécialistes.

Les spécialistes juridiques :
Ces derniers veillent à la légalité des actions, aussi bien défensives qu’offensives, de l’entreprise. Ils se tiennent informer des évolutions juridiques internationales pour sans cesse assurer la défense juridique de l’entreprise. Ils recherchent également les zones d’ombres du système pour détecter les failles potentielles des concurrents et les exploiter. Ces experts du droit sont de grands consommateurs d’informations pour rester à la pointe de l’actualité.

Les spécialistes technologiques :
Par leur connaissance du marché et des évolutions technologiques, ces derniers définissent les cibles technologiques à surveiller. Experts des outils qu’ils emploient, ils les positionnent pour acquérir, traiter et diffuser l’information utile vers la bonne personne. Ce sont enfin eux qui veillent au bon fonctionnement des canaux d’information (Internet, téléphonie, relais satellitaires, bases de données, communications internes…) et à la sécurité des données (transmissions et conservation).

Les spécialistes du renseignement :
Ces derniers optent pour les méthodes d’acquisition des informations. Ils se sont constitués des réseaux d’informations (humains, virtuels, banques de données…) qui leur remontent les informations demandées. Le recoupement de ces données permet d’en vérifier l’exactitude et d’affiner les analyses. Intégrés dans les réseaux, ils sont également en charge de la communication d’influence. Cette dernière comprend entre autres la guerre de l’information, le lobbying, le perception management… Ces spécialistes sont également en charge de la détection des offensives informationnelles contre l’entreprise (rumeurs, plaintes de consommateurs, sites Internet critiques…).



Cette cellule d’IE fonctionne avec l’ensemble des employés de l’entreprise qui sont autant de récepteurs d’informations et de véhicules d’influence. Elle n’est pas une entité repliée sur elle-même, elle est au contraire ouverte sur l’extérieure. Toutefois, elle cherche à préserver son « inexistence » aux yeux des concurrents et de la presse. « Efficacité, éthique et discrétion » ; telle pourrait être la devise de ces cellules.

AVS