Les paroles vaines prolifèrent concernant la question irakienne. Une fois encore, le débat s’obscurcit et se perd dans de minables tentatives de clouer l’autre au pilori. La caricature et la diabolisation « travaillent » le discours des détenteurs de la Vérité ... Toujours la même incontinence verbale qui n’aboutit à rien … On entend aujourd’hui que l’opposition aux méthodes américaines témoigne d’une adhésion au régime de Bagdad, ou tout au moins d’une certaine complaisance envers Saddam ! Comment des « observateurs » dignes de ce nom peuvent à ce point déformer la logique des prises de position ?
Bien entendu la tyrannie irakienne est à vomir, évidemment il est toujours réjouissant de voir s’effondrer une dictature abjecte, à l’évidence on ne peut que se féliciter de la chute de ces staliniennes statues équestres ou hiératiques du pitoyable « guide » de l’Irak ! Qui pourrait dire le contraire en toute raison et en toute humanité ?
Cependant, l’on a tout autant le droit de penser qu’il n’était pas fatal de faire la guerre pour désarmer l’Irak, puisque tel était l’objectif revendiqué : mais il est permis d’en douter. Car où sont les armes de destruction massive, nucléaires ou chimiques ? Nous ne demandons qu’à voir ! En espérant que ce soient des experts de l’ONU qui partent en quête de ces armes, et non des soldats américains ou britanniques : le sérieux d’éventuelles découvertes y gagneraient beaucoup en crédibilité. L’affaire de l’Anthrax aux Etats-Unis nous a appris à être prudents ...
Ce que constatent pour l’instant les experts militaires, c’est la fatigue, l’usure du matériel conventionnel irakien. Autant d’interrogations qui nous ramènent à un principe fondamental des démocraties : on ne prend pas les armes contre une autre nation sans un motif sérieux, sans une menace impossible à conjurer autrement que par la poudre et le sang. Nous désirons tout simplement que la communauté internationale mette à jour les preuves de l’accusation américaine, celle qui a justifié le déploiement armé et le mépris manifesté à l’égard des Nations-Unies.
S’agissait-il de renverser Saddam ? Alors pourquoi lui et non le satrape de Corée du Nord, dont la capacité nucléaire est bien réelle ?
Ses liens avec Ben Laden ? Mais c’est toujours la même question lancinante : où sont les preuves ? Entendons par là des preuves crédibles … Il ne serait guère sérieux de prétendre que c’est pour débarrasser le monde de tous les despotes que Bush a déclenché a lancé ses divisions sur l’Irak.
Quant à la solidité politique de l’argument de la «guerre préventive», on sait ce qu’il faut en penser : une telle position diplomatique ouvre la porte à tous les abus. En tout état de cause, la chute de Bagdad ne remet pas en cause la légitimité de l’attitude française, allemande, russe et chinoise avant le déclenchement des hostilités.
Emporter rapidement la victoire ne donne pas raison aux vainqueurs, comme semblent le suggérer sans le dire certains commentateurs dont la paresse d’esprit laisse rêveur.
Et cela signifie encore moins que la paix est gagnée : le chaos actuel en Irak le prouve.
Celle-ci ne le sera que si le droit prend le pas sur la violence, que si l’ONU obtient d’être l’acteur central de la réorganisation politique de l’Irak et que les Etats-Unis ne réduisent pas le pays à une chasse gardée économique, pétrolière ou autre.
Eric Delbecque
Bien entendu la tyrannie irakienne est à vomir, évidemment il est toujours réjouissant de voir s’effondrer une dictature abjecte, à l’évidence on ne peut que se féliciter de la chute de ces staliniennes statues équestres ou hiératiques du pitoyable « guide » de l’Irak ! Qui pourrait dire le contraire en toute raison et en toute humanité ?
Cependant, l’on a tout autant le droit de penser qu’il n’était pas fatal de faire la guerre pour désarmer l’Irak, puisque tel était l’objectif revendiqué : mais il est permis d’en douter. Car où sont les armes de destruction massive, nucléaires ou chimiques ? Nous ne demandons qu’à voir ! En espérant que ce soient des experts de l’ONU qui partent en quête de ces armes, et non des soldats américains ou britanniques : le sérieux d’éventuelles découvertes y gagneraient beaucoup en crédibilité. L’affaire de l’Anthrax aux Etats-Unis nous a appris à être prudents ...
Ce que constatent pour l’instant les experts militaires, c’est la fatigue, l’usure du matériel conventionnel irakien. Autant d’interrogations qui nous ramènent à un principe fondamental des démocraties : on ne prend pas les armes contre une autre nation sans un motif sérieux, sans une menace impossible à conjurer autrement que par la poudre et le sang. Nous désirons tout simplement que la communauté internationale mette à jour les preuves de l’accusation américaine, celle qui a justifié le déploiement armé et le mépris manifesté à l’égard des Nations-Unies.
S’agissait-il de renverser Saddam ? Alors pourquoi lui et non le satrape de Corée du Nord, dont la capacité nucléaire est bien réelle ?
Ses liens avec Ben Laden ? Mais c’est toujours la même question lancinante : où sont les preuves ? Entendons par là des preuves crédibles … Il ne serait guère sérieux de prétendre que c’est pour débarrasser le monde de tous les despotes que Bush a déclenché a lancé ses divisions sur l’Irak.
Quant à la solidité politique de l’argument de la «guerre préventive», on sait ce qu’il faut en penser : une telle position diplomatique ouvre la porte à tous les abus. En tout état de cause, la chute de Bagdad ne remet pas en cause la légitimité de l’attitude française, allemande, russe et chinoise avant le déclenchement des hostilités.
Emporter rapidement la victoire ne donne pas raison aux vainqueurs, comme semblent le suggérer sans le dire certains commentateurs dont la paresse d’esprit laisse rêveur.
Et cela signifie encore moins que la paix est gagnée : le chaos actuel en Irak le prouve.
Celle-ci ne le sera que si le droit prend le pas sur la violence, que si l’ONU obtient d’être l’acteur central de la réorganisation politique de l’Irak et que les Etats-Unis ne réduisent pas le pays à une chasse gardée économique, pétrolière ou autre.
Eric Delbecque