Alors que la population française plébiscite un retour au « bien manger », la nouvelle directive européenne, qui attend encore l’accord du parlement européen, rendra obligatoire l’étiquetage des ingrédients contenant plus de 0,9% d’OGM. Cette directive est le premier pas vers l’ouverture du marché européen aux produits génétiquement modifiés, provenant principalement des Etats-Unis (68% des superficies des cultures transgéniques mondiales).
L’équipe d’infoguerre revient sur les stratégies d’influence mises en place par les défenseurs des OGM pour pénétrer le vaste marché européen.Un rappel des faits
Depuis 1999, l’Union européenne a établi un moratoire sur l’importation de nouveaux OGM, suivant le principe de précaution. Pour tenter une médiation sur ce dossier aux enjeux économiques (sanitaires et environnementaux ?) considérables, les instances européennes ont mis en place un système d’étiquetage des produits qui assure leur traçabilité et laisse le choix aux citoyens de consommer ou non des OGM.
Dès lors, la minorité de blocage composée de la France, du Danemark, de la Belgique, de la Grèce, du Luxembourg, de l’Italie et de l’Autriche s’est heurtée aux puissants groupes producteurs agricoles américains (dont Monsanto, le Farm Bureau ou encore Cargill) qui représentent des milliards d’exportation, eux-mêmes appuyés par de puissants lobbies américains de connivence avec l’appareil gouvernemental.
L’offensive américaine
Les Etats-Unis refusent ce moratoire et les règles de traçabilité considérant comme nuls les risques sanitaires et environnementaux des OGM. La pression du gouvernement américain se focalise sur les « retards » européens concernant les autorisations d’importation de nouveaux OGM, ainsi que sur les mesures d’étiquetage et de traçabilité des produits en contenant ; cette directive étant selon eux une « mesure illégitime ».
En janvier 2002, Alan Parson, conseiller économique de Colin Powell, déclarait à la Commission européenne que « la patience des Etats-Unis est à bout », n’hésitant pas non plus à menacer les représentants européens : « Nous gardons toutes nos options ouvertes, mais d'une manière ou d'une autre, il va falloir que les présidents, premiers ministres et ministres européens comprennent que cette question est pour nous de la plus haute importance » (1). Le conseiller américain suggéra même à la Commission européenne de traduire les pays de la minorité de blocage devant la Cour de justice européenne.
En ce début d’année, le représentant américain pour le commerce, Robert Zoellick, a brandit la menace d’une plainte auprès de l’OMC. Malgré les surproductions agricoles et les incitations à la jachère, Robert Zoellick estime que l’Union européenne mène une politique immorale car les cultures génétiquement modifiées pourraient contribuer à combattre la faim en augmentent la productivité. Cette déclaration fait suite au refus de la Zambie, en pleine crise alimentaire, en novembre 2002, d’accepter l’aide américaine de 15.000 tonnes de maïs génétiquement modifié. Le représentant américain affirme avoir des informations selon lesquelles certains pays européens lieraient leur aide au développement aux pays pauvres à leur refus d’utiliser des cultures transgéniques.
Ces derniers jours, c’est l’Inde qui a refusé une cargaison de 1000 tonnes de maïs et de soja en provenance des Etats-Unis faute d’une certification sur l’absence d’OGM. Ces aliments destinés à des écoliers déshérités faisaient partie d’un programme d’aide alimentaire de deux ONG basées aux Etats-Unis. Les autorités craignent la présence de maïs « Starlink » dont la consommation a été interdite aux Etats-Unis.
Un encerclement global
Pour compléter cet encerclement par la connaissance et pour renforcer la cohésion du discours, les ambassadeurs du monde entier ont reçu un dossier d’instruction d’une dizaine de pages contenant les arguments à employer contre d’éventuelles réticences des membres de l’OMC.
Certains analystes indiquaient que les Etats-Unis attendaient les élections française et allemande pour lancer de nouvelles offensives informationnelle et juridictionnelle. Apparemment, ils ne se seraient pas trompés ; apparition de rumeurs dénigrant les opposants aux OGM (billets d’euros transgéniques…), de sites Internet modifiant la perception des internautes sur le débat…
(1) International Trade Reporter, Washington, vol. 19, n° 2, 10 janvier 2002.
AVS
L’équipe d’infoguerre revient sur les stratégies d’influence mises en place par les défenseurs des OGM pour pénétrer le vaste marché européen.Un rappel des faits
Depuis 1999, l’Union européenne a établi un moratoire sur l’importation de nouveaux OGM, suivant le principe de précaution. Pour tenter une médiation sur ce dossier aux enjeux économiques (sanitaires et environnementaux ?) considérables, les instances européennes ont mis en place un système d’étiquetage des produits qui assure leur traçabilité et laisse le choix aux citoyens de consommer ou non des OGM.
Dès lors, la minorité de blocage composée de la France, du Danemark, de la Belgique, de la Grèce, du Luxembourg, de l’Italie et de l’Autriche s’est heurtée aux puissants groupes producteurs agricoles américains (dont Monsanto, le Farm Bureau ou encore Cargill) qui représentent des milliards d’exportation, eux-mêmes appuyés par de puissants lobbies américains de connivence avec l’appareil gouvernemental.
L’offensive américaine
Les Etats-Unis refusent ce moratoire et les règles de traçabilité considérant comme nuls les risques sanitaires et environnementaux des OGM. La pression du gouvernement américain se focalise sur les « retards » européens concernant les autorisations d’importation de nouveaux OGM, ainsi que sur les mesures d’étiquetage et de traçabilité des produits en contenant ; cette directive étant selon eux une « mesure illégitime ».
En janvier 2002, Alan Parson, conseiller économique de Colin Powell, déclarait à la Commission européenne que « la patience des Etats-Unis est à bout », n’hésitant pas non plus à menacer les représentants européens : « Nous gardons toutes nos options ouvertes, mais d'une manière ou d'une autre, il va falloir que les présidents, premiers ministres et ministres européens comprennent que cette question est pour nous de la plus haute importance » (1). Le conseiller américain suggéra même à la Commission européenne de traduire les pays de la minorité de blocage devant la Cour de justice européenne.
En ce début d’année, le représentant américain pour le commerce, Robert Zoellick, a brandit la menace d’une plainte auprès de l’OMC. Malgré les surproductions agricoles et les incitations à la jachère, Robert Zoellick estime que l’Union européenne mène une politique immorale car les cultures génétiquement modifiées pourraient contribuer à combattre la faim en augmentent la productivité. Cette déclaration fait suite au refus de la Zambie, en pleine crise alimentaire, en novembre 2002, d’accepter l’aide américaine de 15.000 tonnes de maïs génétiquement modifié. Le représentant américain affirme avoir des informations selon lesquelles certains pays européens lieraient leur aide au développement aux pays pauvres à leur refus d’utiliser des cultures transgéniques.
Ces derniers jours, c’est l’Inde qui a refusé une cargaison de 1000 tonnes de maïs et de soja en provenance des Etats-Unis faute d’une certification sur l’absence d’OGM. Ces aliments destinés à des écoliers déshérités faisaient partie d’un programme d’aide alimentaire de deux ONG basées aux Etats-Unis. Les autorités craignent la présence de maïs « Starlink » dont la consommation a été interdite aux Etats-Unis.
Un encerclement global
Pour compléter cet encerclement par la connaissance et pour renforcer la cohésion du discours, les ambassadeurs du monde entier ont reçu un dossier d’instruction d’une dizaine de pages contenant les arguments à employer contre d’éventuelles réticences des membres de l’OMC.
Certains analystes indiquaient que les Etats-Unis attendaient les élections française et allemande pour lancer de nouvelles offensives informationnelle et juridictionnelle. Apparemment, ils ne se seraient pas trompés ; apparition de rumeurs dénigrant les opposants aux OGM (billets d’euros transgéniques…), de sites Internet modifiant la perception des internautes sur le débat…
(1) International Trade Reporter, Washington, vol. 19, n° 2, 10 janvier 2002.
AVS