La couverture en temps réel de la guerre en Irak par les équipes de télévision incorporées (embedded) dans les unités américano-britanniques est à la fois une source d'information, mais aussi une arme, pour les responsables militaires. Avec plus de 500 journalistes et techniciens incorporés, la couverture médiatique de l'opération Liberté de l'Irak se situe à mi-chemin entre télé-réalité et jeu vidéo, offrant des points de vue jamais obtenus jusque là. Les militaires, qui ne veulent pas se laisser noyer sous un déluge d'informations non mises en perspective, commencent à se montrer méfiants.
Le produit médiatique est aussi utile que les autres informations qui nous arrivent, explique le lieutenant-colonel Neal Peckham, un des porte-parole de l'armée britannique, dont l'équipe surveille en permanence les différentes chaînes de télévision en continu. Mais il souligne que si les officiers d'état-major se tiennent informés des flashs télévisés, ils ne se reposent en aucune manière sur ces seules
informations (ce que ne peuvent pas faire le téléspectateur lambda)..
Les rapports des officiers sur le terrain, les images satellites, les interceptions de communications, les renseignements fournis par les pilotes ou les drones, ainsi que ceux fournis par les forces spéciales engagées derrière les lignes ennemies leur offrent une appréciation plus globale de la situation. Si une information arrive, qu'elle est exacte et d'actualité, elle peut être intégrée au flot d'informations qui nourrissent les décisions du commandement, explique le lieutenant-colonel Peckham.
Mais ce flot lui-même est sévèrement filtré à plusieurs niveaux avant de parvenir aux échelons supérieurs, car le danger, avec la technologie actuelle, c'est le trop-plein d'information. Si on donne trop d'informations à un commandant supérieur, il peut se retrouver pris dans un fouillis, explique le lieutenant-colonel Peckham.
Le téléspectateur moyen des chaînes d'informations en continu, privé de filtres, est quant à lui soumis en permanence à un déluge d'informations fragmentaires. Ces informations sont souvent prises hors contexte, parfois non confirmées et soumises aux aléas de la technique du direct intégral. Les images en direct de la chevauchée des blindés américains vendredi dernier dans le désert du sud irakien, se brouillaient souvent, se réduisant à une simple impression de mouvement. On se serait cru dans un véritable jeu vidéo !
Des deux côtés du conflit, des limites sont par ailleurs créées ou explicitement posées aux journalistes dans leur collecte de l'information. A Bagdad, des correspondants ont vu leur liberté de mouvement restreinte et l'équipe de la chaîne américaine CNN a finalement été expulsée vendredi dernier. Les téléphones satellites ont et confisqués et toutes les images sont contrôlées avant envoi. Quant aux journalistes incorporés dans les unités américano-britanniques, ils doivent s'engager à ne transmettre aucune information de nature à mettre en danger les opérations, critères que les militaires peuvent apprécier selon les intérêts du moment. L'armée américaine obligent ces journalistes à obéir à 50 « lois » avant d'être incorporer. Par exemple ils doivent s'engager à ne pas montrer des morts ou des blessés américains et ne doivent pas donner les noms de ces derniers…
Car information et désinformation restent parmi les armes favorites et les plus efficaces deux camps.
(Pierre JUBIN avec AFP)
Le produit médiatique est aussi utile que les autres informations qui nous arrivent, explique le lieutenant-colonel Neal Peckham, un des porte-parole de l'armée britannique, dont l'équipe surveille en permanence les différentes chaînes de télévision en continu. Mais il souligne que si les officiers d'état-major se tiennent informés des flashs télévisés, ils ne se reposent en aucune manière sur ces seules
informations (ce que ne peuvent pas faire le téléspectateur lambda)..
Les rapports des officiers sur le terrain, les images satellites, les interceptions de communications, les renseignements fournis par les pilotes ou les drones, ainsi que ceux fournis par les forces spéciales engagées derrière les lignes ennemies leur offrent une appréciation plus globale de la situation. Si une information arrive, qu'elle est exacte et d'actualité, elle peut être intégrée au flot d'informations qui nourrissent les décisions du commandement, explique le lieutenant-colonel Peckham.
Mais ce flot lui-même est sévèrement filtré à plusieurs niveaux avant de parvenir aux échelons supérieurs, car le danger, avec la technologie actuelle, c'est le trop-plein d'information. Si on donne trop d'informations à un commandant supérieur, il peut se retrouver pris dans un fouillis, explique le lieutenant-colonel Peckham.
Le téléspectateur moyen des chaînes d'informations en continu, privé de filtres, est quant à lui soumis en permanence à un déluge d'informations fragmentaires. Ces informations sont souvent prises hors contexte, parfois non confirmées et soumises aux aléas de la technique du direct intégral. Les images en direct de la chevauchée des blindés américains vendredi dernier dans le désert du sud irakien, se brouillaient souvent, se réduisant à une simple impression de mouvement. On se serait cru dans un véritable jeu vidéo !
Des deux côtés du conflit, des limites sont par ailleurs créées ou explicitement posées aux journalistes dans leur collecte de l'information. A Bagdad, des correspondants ont vu leur liberté de mouvement restreinte et l'équipe de la chaîne américaine CNN a finalement été expulsée vendredi dernier. Les téléphones satellites ont et confisqués et toutes les images sont contrôlées avant envoi. Quant aux journalistes incorporés dans les unités américano-britanniques, ils doivent s'engager à ne transmettre aucune information de nature à mettre en danger les opérations, critères que les militaires peuvent apprécier selon les intérêts du moment. L'armée américaine obligent ces journalistes à obéir à 50 « lois » avant d'être incorporer. Par exemple ils doivent s'engager à ne pas montrer des morts ou des blessés américains et ne doivent pas donner les noms de ces derniers…
Car information et désinformation restent parmi les armes favorites et les plus efficaces deux camps.
(Pierre JUBIN avec AFP)