Irak : La France ne doit pas céder

La guerre avec l’Irak est le premier acte qui institutionnalise l’existence officielle de l’Empire américain. A ce titre, cet événement est aussi important que la Révolution de 1917 car il crée une nouvelle ère de relations internationales. Personne n’est dupe sur les raisons réelles de l’intervention militaire américaine qui vise dans un premier temps à s’emparer du pétrole irakien et dans un deuxième temps à régler le problème saoudien. Autre évidence : les Etats-Unis ne toléreront aucune opposition occidentale à ce diktat géopolitique. La France est donc condamnée à suivre pour le meilleur (quelques miettes de marché et surtout la volonté de ne pas s’isoler dans le camp occidental) et pour le pire (perte définitive du semblant d’indépendance politique qui nous restait de l’héritage gaulliste).
Sur le plan stratégique, cette situation nous place en situation de grand écart : quid du couple franco-allemand tenu en laisse par les Etats-Unis d’Amérique ? Quid de la politique extra européenne de la France : les échecs enregistrés en Afrique de l’Ouest sont dus à la fois à l’incapacité française à dépasser le système franc africain comme levier d’influence sur zone et au cynisme des Etats-Unis qui cherchent à nous remplacer comme ils l’ont fait en Indochine après Dien Bien Phu. Prisonnier d’un vieil axe d’alliance issu de la guerre froide, la France essaie de faire croire qu’elle joue encore dans la cour des grands. Mais sans stratégie de puissance et sans forces vives mobilisées pour défendre ses intérêts réels, elle navigue en usant à la corde les vieilles méthodes de la diplomatie et de la « ruse » de couloirs. Cette démarche est condamnée à l’échec. Si des troupes françaises participent à cette comédie humaine de sinistre augure que sera la guerre avec l ‘Irak, elles n’auront même plus le statut de figurant. Pour le coup, le ridicule tuera une certaine idée de la France.

2003 sera donc le début d’une longue résistance, sans commune mesure avec celle des années 40. La lutte contre l’appétit dévorant d’un empire démocratique n’a rien à voir avec la lutte contre un système totalitaire. Cette résistance ne sera pas celle des alter mondialisations qui font de vrais diagnostics sur les maladies du libéralisme mais en oubliant d’inventer les médicaments. Certes le Goulag tue la grippe mais l’homme avec, or l’extrême gauche française ne nous a pas encore démontré comment elle éviterait de tomber dans cet écueil . Cette résistance ne sera pas non plus celle des fanatiques de tout bord et en particulier de l’islamisme radical qui n’ont que la sauvagerie à proposer au monde, mais une résistance contre un empire qui n’a pas les capacités de gérer une telle complexité de rapports de force à moyen/long terme. La Russie et la Chine sont en embuscade pour profiter des moindres faux pas d’un empire dont la principale faiblesse est son incapacité à générer un mode de vie à la hauteur de ses ambitions. Et ce ne sont pas les seuls. Les erreurs américaines nous coûteront plus chères que les pseudo avantages d’un affichage symbolique aux côtés de l’US Army pour chasser le dictateur Saddam Hussein et « redonner la liberté au peuple irakien ».