Les manipulations de l'information sur l'Irak

« On a même recopié mes erreurs de grammaire et mes fautes d'orthographe »... Ibrahim Al-Marashi, chercheur américain, n'en revient toujours pas. Quatre pages de sa thèse de troisième cycle ont été plagiées par les « Spins doctors » (spécialistes de la com' de Tony Blair) du 10, downing street.Souvenez vous du 5 février dernier, lorsque devant le Conseil de Sécurité Collin Pauwell annonce des « preuves irréfutables » obtenues grâce à « l'excellent travail des services de renseignement anglais et américain ». Photos, écoutes, documents, échantillons... tout y est pour une mise en scène digne des plus grands shows dont l'Amérique raffole. Au cœur de sa démonstration, le secrétaire d'Etat à la Défense s'appuie entre autres, sur un document anglais qui « décrit en détail les dissimulations irakienne ». Ce même document « fondamental » était en ligne sur le site du premier ministre Blair depuis le 3 février. Devant plus de 1500 journalistes, Collin Pauwell venait d'apporter « les preuves » de la culpabilité du dictateur irakien et ses « liens avec Al-Quaïda », yes !

Seul petit hic pour celui qui avait préparé son intervention médiatique pendant trois jours avec des spécialistes de la CIA (sic), d'autres spécialistes n'ont jamais cru à sa démonstration. C'est le cas par exemple du professeur Glen Rangwala, de l'Université de Cambridge qui a eu un certain Ibrahim Al-Marashi comme étudiant. Selon cet éminent universitaire, ce sont 11 pages qui ont été entièrement « puisées dans les documents universitaires ». Il est cocasse de noter que la thèse de l'étudiant américain date de 1991 ...

Selon le quotidien Le Monde (daté du 9-10 janvier), la réponse des services de Tony Blair a été la suivante: « dans sa substance, le texte présenté par le Royaume-Uni reste solide et exact ».
Nous sommes donc en droit de mettre sérieusement en doute la totalité des « preuves » avancées puisque, si le dossier anglais est contestable, qu'en est-il du reste ?

JB.J.