Internet : accès contrôlés

La maîtrise des technologies liées à Internet est indissociable des stratégies des entreprises ou des états qui mettront en place les systèmes de communication mondiale de demain. Aussi, garantir et assurer l’indépendance et l’intégrité des communications qui y transiteront sont des enjeux incontournables du siècle à venir. Demain l’outil de connexion que représente la technologie « Internet » conduira le développement de l’économie mondiale. De nombreux pays sont entrés dans la course au virtuel dont les retombées économiques sont bien réelles. Le positionnement des Etats-Unis à cet égard est révélateur d’une vision à long terme.

L’Internet Society (ISOC), association réunissant des particuliers et des entreprises américaines du secteur des nouvelles technologies s’est vue attribuer en octobre 2002 la gestion de la concession des noms de domaines en « .org » (soit environ deux millions d’adresses).
L’ISOC travaille par ailleurs en collaboration avec une autre entreprise américaine, l’AFILIAS, qui gère elle les noms de domaine en « .info ».
Cette nouvelle confirme si besoin était, le contrôle étroit qu’exerce le Département du Commerce américain sur l’ICANN (le régulateur international de l’Internet) qui verrouille ainsi les accès au Net et préserve les intérêts américains.
Selon, le CIGREF (le Club informatique des grandes entreprises françaises), cette politique de verrouillage des points d’accès à la toile mondiale est payante puisque aujourd’hui 80 % des infrastructures d’Internet seraient concentrés aux Etats-Unis.

Mais désormais, la sécurité des données transportées importent autant que la maîtrise des infrastructures de la toile mondiale. Indispensables pour préserver la confidentialité des données des entreprises et des internautes, mais aussi pour garantir l’inviolabilité des transactions en ligne dont on nous promet l’explosion dans les années à venir, les technologies de sécurité sont devenues un enjeu capital.
Celui qui les détient, détient non seulement les clés de la connaissance mais aussi le pouvoir d’y donner accès ou non selon son bon vouloir. Dans ce contexte, un des axes d’effort privilégié des fonds d’investissements américains est la prise de contrôle des sociétés françaises et européennes maîtrisant la technologie de la cryptologie et dont les logiciels de chiffrement augmentent sans cesse les capacités.

Parmi ces fonds d’investissement, nous retrouvons bien entendu Texas Pacific Group actuellement en lutte pour le contrôle de Gemplus, mais aussi d’autres fonds plus discrets. C’est le cas du groupe Carlyle qui investit massivement en Europe dans les secteurs de l’armement, des médias et des nouvelles technologies. En France, au-delà de l’actualité du rachat de Casema, Carlyle est déjà actionnaire de Solsoft, société française qui propose des solutions visuelles conviviales visant à gérer les politiques de sécurité des réseaux de leurs clients. Parmi les clients de Solsoft, nous retrouvons les NMPP (Nouvelles Messageries de la Presse Parisienne), dont listes de contrôle d'accès permettant de gérer la sécurité de leur extranet ont été fournies par Solsoft.

Devant ces investissements sur le long terme des fonds américains, ne devons nous pas enfin nous interroger sur la vision stratégique globale développée par les intérêts de puissance américains et les objectifs qu’ils cherchent à atteindre ?
En tout état de cause, il est indispensable de trouver rapidement une parade offensive à long terme visant à mettre un coup d’arrêt à ce pillage économique, et de songer à reprendre l’initiative afin d’inquiéter à notre tour nos plus fidèles alliés.

AVS