Les guerres secrètes de la mondialisation

Le dernier ouvrage de Jean Pichot-Duclos (Les guerres secrètes de la mondialisation. Guerre économique, guerre de l’information, guerre terroriste. Lavauzelle, 2000) constitue une synthèse nécessaire.

Ce texte fait pour ainsi dire le point sur les connaissances et perspectives indispensables pour aborder les questions d’intérêt de puissance et de gain stratégique, le tout dans une logique de patriotisme économique et d’intérêt collectif européen (perçus comme complémentaires). Dans un magma disciplinaire où l’on peine parfois à ordonner – les unes par rapport aux autres – l’intelligence économique et stratégique, la guerre économique, la guerre de l’information et la guerre cognitive, la structure et le contenu de ce livre fixent des repères particulièrement utiles. L’enchaînement des grandes parties traduit précisément la logique de pensée qui les anime : à la question « Qu’est-ce que la mondialisation ? » fait suite la description de « l’émergence de la guerre économique » et de la « guerre de l’information ».



En revanche, la quatrième partie (concernant la guerre terroriste) s’articule sur des approches historiques et des diagnostics de philosophie politique qui sont sources de débat aux yeux de l’équipe d’Infoguerre.



La fréquentation de cet ouvrage (totalement nécessaire pour ceux qui s’intéressent aux problématiques d’intérêt de puissance, malgré les réserves ci-dessus émises quant au dernier développement) peut se prolonger adéquatement d’une relecture des travaux du club de réflexion DÉMOCRATIES, publié sous le titre : Quel renseignement pour le XXIè siècle ? (Lavauzelle, 2001) On y trouve un certain nombre d’idées-forces et de remarques pertinentes (déjà présentes dans le texte de Jean Pichot-Duclos), dont les suivantes :

 

La transversalité (c’est-à-dire le décloisonnement) est devenue une priorité pour le monde du renseignement. Le Conseil national de sécurité à l’américaine traduit précisément ce type de préoccupation. Entre la nécessité d’analyses contradictoires venues de différentes entités, et l’urgence de la centralisation de l’information, on ne peut plus choisir : il faut obligatoirement œuvrer à la synthèse de ces deux exigences. En somme, la multiplicité des perspectives doit s’organiser en convergence vers un centre d’analyse et de commandement, vers un pôle de volonté producteur de stratégie.



 

La France doit adopter une position offensive dans la gestion des sources ouvertes, ceci dans le cadre d’un rapport du faible au fort, et au service de stratégies de préservation de l’intérêt de puissance.



 

Qui dit aujourd’hui accroissement de la puissance affirme la prédominance de stratégies d’influence visant la suprématie en information dominance et perception management.



 

La prévention des attaques informationnelles (désinformation, contre-information [argumentation et art de la polémique exploitant les points faibles d’une cible) doit devenir un thème de travail majeur.



 

Il devient urgent de rapprocher le monde du renseignement et celui de la diplomatie.