L'échec du lanceur ARIANE 5 : faut-il être paranoïaque ?

En 1996, un avion de patrouille maritime français relève la présence de deux navires espions, l'un américain et l'autre japonais, qui naviguent à proximité de la zone de lancement de Kourou.

Le 4 juin 1996, le tir 501 d'Ariane (premier vol d'Ariane 5) est un échec. Certains services spécialisés français émettent encore la thèse du sabotage, malgré la thèse officiel de l'accident.

Le lancement du mercredi 11 décembre 2002 est détruit après 3 minutes de vol. Quelques heures auparavant, deux alertes à la bombe ont momentanément perturbé la préfecture de Guyane puis le centre spatial de Kourou.

Certains esprits retors ont encore en tête l'échec précédent du Soyouz U intervenu le 15 octobre dernier et dont les circonstances restent mystérieuses. Les services russes n'excluent pas à l'époque l'hypothèse d'un sabotage car un objet non identifié obstruait la canalisation de péroxyde d'hydrogène a été responsable du non fonctionnement d'un des 4 moteurs RD107. Les experts ont en effet trouvé sur le moteur récupéré parmi les débris de la fusée des traces de fer et de chrome qui ne sont utilisés dans la fabrication de cette canalisation (Air et Cosmos du premier novembre, page 40, rubrique Espace). Le 27 novembre un lanceur russe Proton qui transportait le satellite Astra 1k construit par Alcatel Space pour le compte de l'opérateur européen SES Astra n'a pas récupéré son orbite. Astra a été lancé par ILS (alliance américano-russe).

L'échec du lanceur Ariane 5 «10 tonnes» reste pour l'instant inexpliqué de manière rationnelle. L'enquête prendra des mois et restera de toute façon confidentielle, quelque soit son résultat.


Depuis quelques mois, l'adversité touche étrangement l'industrie européenne du satellite. Rappelons que les Américains se sont montrés très intéressés par l'offre de vente d'actions de la société européenne Eutelsat, l'un des fournisseurs mondiaux d'infrastructures satellitaires. Notons au passage que le prix proposé par les Américains (entre 3 et 3,9 milliards d'euros) semble particulièrement élevé pour une société dont le chiffre d'affaires est seulement de 650 millions d'euros et dont le résultat reste sous la barre des 250 millions d'euros. Autrement dit, les Américains sont prêts à payer le prix au-delà de la valeur économique d'Eutelsat.

En entrant dans Intelsat, rappelons-le, les Américains ont accès à tous les joyaux de la couronne de l'industrie spatiale européenne et surtout de Galiléo, le concurrent du système GPS. Rien ne permet de dire aujourd'hui que dans l'état du dossier, le projet Galiléo ne soit torpillé ou phagocyté par Washington. Un rapport récent et confidentiel a été communiqué aux autorités françaises sur ce sujet. Un transparent montrait notamment comment les Américains comptaient tout faire pour éviter que l'Europe ne se dote d'un système d'identification par satellites indépendante des Etats-Unis.

Le jeu de go spatial auquel se livrent les Américains prend petit à petit de la consistance. Espérons que tous ces incidents ne soient qu'un confluent de rumeurs et de fantasmes délirants anti-américains. Si ce n'était pas le cas, la suite ne va pas être triste.