Jean-Baptiste JUSOT a rencontré Patrice RIBEIRO, conseiller technique du syndicat de Police Synergie Officiers. A l’heure des menaces terroristes, de la cyber-criminalité et de la guerre économique, quel est le rôle joué par la police pour défendre nos intérêts vitaux...
« La défense de nos intérêts est l’affaire de tous... »
Jean-Baptiste JUSOT : Le frère de l’auteur présumé de l’attentat contre la synagogue de Djerba a été arrêté, et il est actuellement entre les mains du juge Bruguière. Comment la police française lutte-t-elle contre le terrorisme international ?
Patrice RIBEIRO : Avant tout son travail est un rôle de renseignement avec différents moyens : outils du renseignement moderne, écoutes, interceptions des messages et des « constructions téléphoniques », c’est d’ailleurs comme ça que l’on a « accroché » la famille du terroriste présumé. La France a surtout une culture de source humaine. Dans l’affaire du 11 septembre, on a reproché aux Américains d’avoir abandonné ce terrain là, alors que nous (en France NDLR) faisons toujours ça : l’infiltration, le contact, le maillon humain...
Il y a la Direction centrale des Renseignements Généraux (RG) et bien sûr la Direction de la Surveillance du Territoire (DST) avec depuis peu une cellule judiciaire en son sein qui s’occupe justement de l’affaire de Djerba.
Avez-vous identifié en France des réseaux comme il en existe en Angleterre ?
Il existe des réseaux mais ils ne sont pas spécifiquement français car ils entretiennent des relations avec d’autres pays d’Europe. En France, nous avons surtout à faire à des petites cellules qui peuvent s’activer seules et qui n’ont pas besoin de message pour le faire. Ce sont des gens qui prennent leur temps. Un magistrat anti-terroriste me disait qu’il était face à des gens beaucoup plus intelligents qu’avant, mieux formés et rompus à toutes les techniques d’infiltration et de clandestinité. Ce n’est plus quelqu’un avec une barbe et un keffieh, c’est au contraire un bon voisin, un gendre idéal, certains arrivent même à s’infiltrer dans la bourgeoisie ! Ces gens là peuvent s’activer d’eux-mêmes, ils ne sont pas pressés et peuvent se réveiller dans un an ou deux, sans nécessairement recevoir d’instructions.
Pensez-vous qu’il y a des menaces sur nos intérêts à l’intérieur de nos frontières, comme en 1995 ?
Actuellement, ni plus ni moins qu’en 1995. Ces petites cellules indépendantes sont composées de religieux fanatiques pour qui la notion du temporel n’est pas la même que la nôtre ; ils n’ont pas un rapport au temps comme nous. En même temps, ce sont des individus qui sont de notre temps puisqu’ils connaissent tous les moyens techniques modernes. A la différence de 1995, ils sont de plus en plus cultivés, intelligents et formés.
Pensez-vous que les terroristes puissent utiliser de nouveaux moyens pour nous déstabiliser, comme Internet par exemple ?
Nous accusons un certain retard face à cette nouvelle arme, bien que les RG aient une cellule Internet orientée sur la presse et les moyens d’information. A la DST, le problème est désormais pris en compte puisque des moyens ont été débloqués pour la formation des nouvelles recrues. Cette cellule travaille beaucoup avec les autres pays occidentaux, elle a des contacts avec tous nos voisins européens.
Il existe désormais une nouvelle menace sur nos intérêts économiques. Etes-vous sensibilisés à cette problématique, êtes-vous formés pour pouvoir lutter vous aussi dans la guerre économique ?
La DST appelle ça la « protection du patrimoine ». Depuis plusieurs années, il y a une section qui s’occupe de cette question avec des spécialistes rompus à ces nouvelles menaces. La plupart d’entre eux sont recrutés dès la sorties des écoles de commerce ou directement dans le secteur privé car ils travaillent déjà dans ce domaine là.
Le deuxième volet de cette lutte défensive passe aussi par un travail de formation auprès des grandes entreprises françaises comme L’Oréal pour ne pas la citer ou des entreprises d’électronique de défense par exemple.
Peut-on parler d’une prise de conscience générale en France sur ces menaces ?
Oui. Même si cette section « Protection du patrimoine » de la DST existe depuis plusieurs années, de plus en plus de compatriotes sont sensibles à cette problématique. Cette prise de conscience est encore plus manifeste dans les secteurs fleurons de notre industrie et de notre économie. Nous commençons aujourd’hui à avoir de bons moyens de surveillance… des mini-réseaux Echelon comme les Américains.
Il faut à présent que tous ceux qui détiennent des postes clés prennent conscience qu’ils peuvent agir à leur niveau dans ce sens là.
« La défense de nos intérêts est l’affaire de tous... »
Jean-Baptiste JUSOT : Le frère de l’auteur présumé de l’attentat contre la synagogue de Djerba a été arrêté, et il est actuellement entre les mains du juge Bruguière. Comment la police française lutte-t-elle contre le terrorisme international ?
Patrice RIBEIRO : Avant tout son travail est un rôle de renseignement avec différents moyens : outils du renseignement moderne, écoutes, interceptions des messages et des « constructions téléphoniques », c’est d’ailleurs comme ça que l’on a « accroché » la famille du terroriste présumé. La France a surtout une culture de source humaine. Dans l’affaire du 11 septembre, on a reproché aux Américains d’avoir abandonné ce terrain là, alors que nous (en France NDLR) faisons toujours ça : l’infiltration, le contact, le maillon humain...
Il y a la Direction centrale des Renseignements Généraux (RG) et bien sûr la Direction de la Surveillance du Territoire (DST) avec depuis peu une cellule judiciaire en son sein qui s’occupe justement de l’affaire de Djerba.
Avez-vous identifié en France des réseaux comme il en existe en Angleterre ?
Il existe des réseaux mais ils ne sont pas spécifiquement français car ils entretiennent des relations avec d’autres pays d’Europe. En France, nous avons surtout à faire à des petites cellules qui peuvent s’activer seules et qui n’ont pas besoin de message pour le faire. Ce sont des gens qui prennent leur temps. Un magistrat anti-terroriste me disait qu’il était face à des gens beaucoup plus intelligents qu’avant, mieux formés et rompus à toutes les techniques d’infiltration et de clandestinité. Ce n’est plus quelqu’un avec une barbe et un keffieh, c’est au contraire un bon voisin, un gendre idéal, certains arrivent même à s’infiltrer dans la bourgeoisie ! Ces gens là peuvent s’activer d’eux-mêmes, ils ne sont pas pressés et peuvent se réveiller dans un an ou deux, sans nécessairement recevoir d’instructions.
Pensez-vous qu’il y a des menaces sur nos intérêts à l’intérieur de nos frontières, comme en 1995 ?
Actuellement, ni plus ni moins qu’en 1995. Ces petites cellules indépendantes sont composées de religieux fanatiques pour qui la notion du temporel n’est pas la même que la nôtre ; ils n’ont pas un rapport au temps comme nous. En même temps, ce sont des individus qui sont de notre temps puisqu’ils connaissent tous les moyens techniques modernes. A la différence de 1995, ils sont de plus en plus cultivés, intelligents et formés.
Pensez-vous que les terroristes puissent utiliser de nouveaux moyens pour nous déstabiliser, comme Internet par exemple ?
Nous accusons un certain retard face à cette nouvelle arme, bien que les RG aient une cellule Internet orientée sur la presse et les moyens d’information. A la DST, le problème est désormais pris en compte puisque des moyens ont été débloqués pour la formation des nouvelles recrues. Cette cellule travaille beaucoup avec les autres pays occidentaux, elle a des contacts avec tous nos voisins européens.
Il existe désormais une nouvelle menace sur nos intérêts économiques. Etes-vous sensibilisés à cette problématique, êtes-vous formés pour pouvoir lutter vous aussi dans la guerre économique ?
La DST appelle ça la « protection du patrimoine ». Depuis plusieurs années, il y a une section qui s’occupe de cette question avec des spécialistes rompus à ces nouvelles menaces. La plupart d’entre eux sont recrutés dès la sorties des écoles de commerce ou directement dans le secteur privé car ils travaillent déjà dans ce domaine là.
Le deuxième volet de cette lutte défensive passe aussi par un travail de formation auprès des grandes entreprises françaises comme L’Oréal pour ne pas la citer ou des entreprises d’électronique de défense par exemple.
Peut-on parler d’une prise de conscience générale en France sur ces menaces ?
Oui. Même si cette section « Protection du patrimoine » de la DST existe depuis plusieurs années, de plus en plus de compatriotes sont sensibles à cette problématique. Cette prise de conscience est encore plus manifeste dans les secteurs fleurons de notre industrie et de notre économie. Nous commençons aujourd’hui à avoir de bons moyens de surveillance… des mini-réseaux Echelon comme les Américains.
Il faut à présent que tous ceux qui détiennent des postes clés prennent conscience qu’ils peuvent agir à leur niveau dans ce sens là.