Le Colonel Paul Paillole, symbole de la résistance des SR français au nazisme

Le dernier «Grand» des services spéciaux de la 2nd guerre mondiale disparaît : Communiqué de presse de l'ASSDN.
La communauté du renseignement est en deuil.
Le colonel Paul Paillole, ancien chef du contre-espionnage militaire français de 1940 à 1945, est décédé le 15 octobre 002 à l'hôpital Bichat de Paris. Né en 1905. il devient pupille de la Nation en 1918, son père étant Mort au Champ d'honneur, Saint-Cyrien en 1925 (promotion Maroc et Syrie), il est nommé sous-lieutenant en 1927 et choisit d'abord les tirailleurs algériens puis opte en 1931 pour la toute récente Garde Républicaine Mobile. Affecté en 1935 au 2ème bureau de l'Etat-Major de l'Armée et plus précisément au service de centralisation des renseignements (SCR), appellation du contre-espionnage français, il rejoint le «2 bis» avenue de Tourville à Paris. Sa vie prend dès lors un tournant décisif.

Ses qualités d'officier et de spécialiste de la lutte contre les actions de l'espionnage allemand sont vite reconnues et en 1938 la section allemande du SCR lui est confiée.

Fin juin 1940, à Bon Encontre, avec le colonel Rivet et tous leurs compagnons du SR et du CE, il fait serment de poursuivre la lutte dans la clandestinité et crée le Service des Travaux Ruraux, couverture du contre-espionnage dont il devient le responsable.

Il a 34 ans, est capitaine et entre parmi les premiers dans la Résistance.

Jusqu'à l'invasion de la zone « libre » en novembre 1942 il dirige de main de maître depuis Marseille, où il a installé son PC, ses réseaux Clandestins des «TR» qui couvrent l'ensemble du territoire, luttant avec une efficacité redoutée contre les actions de l'Abwehr, du RSHA et de la Gestapo.

Recherché activement par les services allemands, il réussit à s'évader par l'Espagne en décembre 1942 après avoir réorganisé l'ensemble de ses implantations confiées au colonel Verneuil et gagne Gibraltar puis rejoint Londres et Alger en janvier 1943.

Durant l'année 1943, il fait exécuter les missions sous-marines secrètes entre Alger et le Cap Camarat près de Ramatuelle pour transporter agents, matériels, armes et courriers, avec notamment le célèbre Casabianca, commandé par le capitaine de frégate L'Herminier.

Dans le cadre de la nouvelle DGSS (Direction Générale des services spéciaux) il est chargé du contre-espionnage et de la sécurité militaire et crée la Sûreté aux Armées. L'ensemble, particulièrement adapté, participe ainsi pleinement aux campagnes de Tunisie, de Corse, d'Italie et naturellement à la préparation de la libération de la France.

Il est alors commandant.

Reconnu et estimé par les services alliés, il est le premier et le seul officier français à être informé par l'état-major du général Eisenhower de la date et du lieu du débarquement de Normandie.

Fin 1944, les services spéciaux faisant l'objet d'une nouvelle restructuration, il quitte l'armée avec le grade de lieutenant-colonel puis est promu colonel.

En 1953, il fonde, avec ses compagnons de réseaux, l'ASSDN ( Amicale des Anciens des Services Spéciaux de la Défense Nationale) dont il est Président national jusqu'en 2001.
En mai 1959, est inauguré à Ramatuelle, sous sa conduite et en présence de Monsieur Edmond Michelet, Ministre d'Etat représentant le Général de Gaulle, le Mémorial national des services spéciaux sur lequel sont inscrits quelque 330 noms de membres de ces services Morts pour la France pendant la guerre.

Soucieux de vérité historique, il est l'auteur de nombreux écrits, dont 3 livres qui font autorité. Grand acteur des combats de l'ombre et témoin privilégié de la guerre, il est considéré par les historiens et ceux qui s'intéressent à l'histoire du renseignement et de la seconde guerre mondiale comme une référence.

Le colonel Paillole était Officier de la Légion d'Honneur et titulaire de la Croix de Guerre 1940-1945, de la Médaille de la Résistance ainsi que de plusieurs autres décorations françaises et étrangères dont celles d'Officier de la « Legion of Merit » américaine, de Chevalier du British Empire, de la Croix de Guerre luxembourgeoise et de la Médaille de la Résistance polonaise,

Ses obsèques auront lieu le vendredi 18 octobre 2002 à 10 h 00 en la chapelle Notre-Dame du Val de Grâce en présence de nombreuses personnalités civiles et militaires.

  • Services Spéciaux – Laffont 1975


 

  • Notre espion chez Hitler – Laffont 1985


 

  • L’homme des services secrets – Juillard 1995


ASSDN (Amicale des Anciens des Services Spéciaux de la Défense Nationale)
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