Plus de deux mois après les évènements du 11 septembre, nous constatons que la priorité donnée à la lutte contre les réseaux d’Al-Quaïda a relégué au second plan les questions de sécurité économique du temps de paix. En Allemagne où les autorités ont exigé que les services spécialisés, recentrent leur activité et leur moyens humains sur la lutte anti-terroriste ; le Land de Schleswig-Holstein a ainsi vu l’effectif de ses fonctionnaires en charge des dossiers économiques passer de 60 à 6.
Il est à craindre que cette redistribution des missions ne se limite pas à l’Allemagne et que d’autre pays européens actuellement incapables d’adopter une stratégie de double politique de renseignement vis à vis des Etats-Unis, privilégient l’anti-terrorisme au détriment d’une nécessaire vigilance économique.
La position de vassal qu’occupe l’Europe à l’égard des Etats-Unis crée de fait une situation de paralysie stratégique qui empêche les gouvernements européens d’affirmer cette volonté d’appliquer dans les faits cette double politique du renseignement. La mise en place d’une telle politique de renseignement au niveau européen aurait pour objectifs :
d’une part, en tant qu’allié, de lutter avec eux contre les réseaux terroristes,
d’autre part, en tant qu’adversaire, de contenir leur appétit en matière économique.
Si la France veut éviter de se retrouver dans une situation identique à celle de l’après guerre du Golfe (c’est à dire dans la position d’allié militaire victorieux, mais d’adversaire économique malheureux en terme de conquête de parts de marché dans les pays du Golfe), elle doit impérativement mettre en oeuvre cette double politique. Malheureusement, une telle lucidité n’est pas à l’ordre du jour dans le climat de cohabitation qui rend très difficile, voir impossible, toute démarche subtile dans le domaine du renseignement. De surcroît, le pro-américanisme idéologique d’un certain nombre de hauts fonctionnaires français s’avère être un frein supplémentaire à l’élaboration d’une démarche de ce genre.
Côté entreprises ce n’est guère mieux : des rumeurs circulent selon lesquelles Jean-Marie Messier aurait l’intention de lancer une fondation de «l’après 11 septembre» afin d’étudier les menaces qui pourraient porter atteinte à la sécurité des démocraties. Cette initiative est intéressante si elle s’inscrit dans cette double dimension. Faute de quoi elle ne sera qu’une opération publicitaire de plus visant à faire accepter le rachat de l’américain Universal par le français Vivendi. En effet, l’étude des menaces exige aujourd’hui une approche globale car il est impossible de dissocier les phénomènes économiques, politiques, et culturels. A ce sujet, n’oublions pas que le projet de construction du pipeline en Afghanistan et le contrôle politique et économique de cette zone géographique par les Etats-Unis est un des enjeux majeur apparu à la suite des attentats du 11 septembre.
Une semaine après «Thanks Giving», sommes nous prêts aujourd’hui à relever le défi très difficile, consistant à ne pas être les dindons de la farce ? C’est la question qu’a dû se poser jusqu’à hier (1/12/2001) la cinquantaine de Marsouins qui campaient en Ouzbékistan.
Néanmoins, cette réalité ne nous interdit pas de travailler sur la réalisation d’études notamment sur la guerre politico-militaire. A ce titre et compte tenu de l’évolution rapide des événement, Infoguerre considère qu’il est inutile de s’attarder sur le mode de combat de la résistance Afghane contre les soviétiques, vu que les Talibans apparaissent désormais comme une force «fantoche» ; et va concentrer son attention sur les thèmes suivants :
Etude comparée des techniques terroristes (euroterrorisme, terrorisme moyen-oriental, terrorisme du type Ben Laden).
Analyse critique du bilan de la CIA sur la covert action dans des contextes lointains comme le Vietnam.
Rappel sur le savoir politico-militaire britannique en contre guérilla en Malaisie : il s’agit d’une des très rares victoires occidentales contre une guérilla communiste dans le Sud-Est asiatique.
Relecture du savoir-faire du S.O.E (Special Operation Executive,Angleterre 1941) et des Jedburgh (équipe de 3 officiers composée d’un français, d’un britannique et d’un américain, larguée derrière les lignes ennemies afin d'y organiser et d'y coordonner la résistance) à la lumière de la campagne militaire des forces spéciales américaines en Afghanistan.
Etude des principes gagnants de la guerre de l’information maoïste entre 1927 et 1949 sur 3 fronts défavorables(Kuomintang, Staline, Japon) dans un rapport du faible au fort.