Le 13 mars, le MEDEF Paris a organisé une réunion sur l’intelligence économique. En créant un cercle de réflexion sur cette problématique, le patronat de terrain ouvre une voie nouvelle à la démarche entamée depuis la fin des années 80 par les pratiquants de la veille technologique, les spécialistes du risque pays, les responsables de la sécurité et les pionniers de la gestion offensive des sources ouvertes. Cette prise de conscience du monde patronale est une excellente nouvelle. Elle met fin au climat d’incertitude qui s’est instauré depuis l’abandon par le pouvoir politique d’une démarche globale et inscrite au plus haut niveau de l’Etat sur la maîtrise de l’information dans les rapports de force économiques. Sous la présidence de François Mitterrand, le gouvernement Balladur avait créé le Comité Compétitivité et Sécurité Economique (CSCE). Le décret paru au Journal Officiel précisait à ce propos que ce Comité serait présidé par le Premier Ministre. Ce détail a toute son importance car il indiquait aux caciques de la Haute administration que le politique accordait un intérêt certain à cette décision malgré le contexte de cohabitation. Rappelons pour mémoire qu’Alain Juppé, Premier Ministre, décida de ne plus présider ce comité, signifiant ainsi par ce geste symbolique le peu d’intérêt qu’il manifestait à l’égard de l’intelligence économique. Son successeur, Lionel Jospin manifestait la même défiance en enterrant définitivement le CSCE. La réaction patronale de reprendre à son compte la dynamique de sensibilisation est un geste important. Elle indique que les chefs d’entreprise commencent à ressentir un besoin réel dans le management de l’information en environnement concurrentielle.
L’administration française n’a pas abandonné pour autant le concept d’intelligence économique. Saluons à ce propos les efforts menés depuis 1995 par la Direction aux Affaires Régionales des Petites et Moyennes Industries (DARPMI) du secrétariat d’Etat à l’industrie. Celle-ci a publié une excellente étude sur les méthodes concrètes d’Intelligence Economique testées dans des PMI de province. Cette étude ne coûte pas chère (300 francs à son lancement). Elle est de très loin le meilleur produit que l’on puisse trouver sur le marché pour aider les chefs d’entreprise à comprendre à quoi sert l’IE dans le développement de leurs activités et dans la compétition mondialisée. Comme quoi l’administration sait relayer quand elle le veut les initiatives innovantes.
Lors de cette première séance du MEDEF Paris, on a beaucoup parlé de compétitivité et de rapports de force. Ces deux mots clés sont inséparables et soulignent l’importance déterminante que prend aujourd’hui la gestion des la connaissance pour gagner des parts de marché et faire face aux frappes informationnelles de plus en plus insidieuses de la concurrence déloyale. Un mot revenait en boucle dans le débat : l’influence. C’est le domaine où le pouvoir politique et l’administration n’ont pas su prendre le bon virage, contrairement à d’autres pays industrialisés comme les Etats-Unis et les pays du Nord de l’Europe mais aussi aujourd’hui l’Espagne et l’Italie. La vision purement défensive de l’ordonnance de 1959 paralyse depuis de nombreuses années la stratégie de la France dans ce domaine. Certes, la haute administration sait défendre son pré carré mais les cercles de décision qui ont été les maîtres d’œuvre des grands chantiers économiques d’intérêt national ont disparu peu à peu du paysage politique français. Cette carence est aujourd’hui particulièrement visible dans l’appareil d’Etat. La création de réseaux de diffusion de l’information administrative ne pallie pas ce manque d’initiative stratégique dont les entreprises de notre pays ont un besoin impératif.
La nature a horreur du vide. Le patronat a donc décidé de réfléchir au problème. C’était plus que nécessaire et urgent. L’influence des entreprises sur le marché mondial est un enjeu français et européen. Nos principaux concurrents ont démontré que la solution la plus adaptée aux défis concurrentiels de la mondialisation des échanges était une privatisation de l’influence orchestrée dans une logique de puissance. Les politiques américains sont les premiers à avoir mis en œuvre de manière aussi efficace cette mutation de l’action de la puissance publique dans l’économie de marché.
Parler de privatisation de l’influence en France ne se limite surtout pas à un geste symbolique comme le démontre le processus hésitant de l’Etat pour privatiser l’Agence pour la Diffusion de l’Information Technologique (ADIT). Une section d’infanterie ne remplace pas une armée. Le pari de l’intelligence économique se situe à un autre niveau. Il s’agit d’aboutir dans les meilleurs délais à une prise de conscience collective touchant des acteurs économiques de toutes origines si l’on veut se mettre sérieusement à la hauteur du problème à résoudre. La réunion du MEDEF Paris est un premier signe indiquant la distance à parcourir. Mais attention, le temps passe. Et l’intelligence économique a déjà 12 ans d’âge en tant que concept.
L’équipe de C4iFR
L’administration française n’a pas abandonné pour autant le concept d’intelligence économique. Saluons à ce propos les efforts menés depuis 1995 par la Direction aux Affaires Régionales des Petites et Moyennes Industries (DARPMI) du secrétariat d’Etat à l’industrie. Celle-ci a publié une excellente étude sur les méthodes concrètes d’Intelligence Economique testées dans des PMI de province. Cette étude ne coûte pas chère (300 francs à son lancement). Elle est de très loin le meilleur produit que l’on puisse trouver sur le marché pour aider les chefs d’entreprise à comprendre à quoi sert l’IE dans le développement de leurs activités et dans la compétition mondialisée. Comme quoi l’administration sait relayer quand elle le veut les initiatives innovantes.
Lors de cette première séance du MEDEF Paris, on a beaucoup parlé de compétitivité et de rapports de force. Ces deux mots clés sont inséparables et soulignent l’importance déterminante que prend aujourd’hui la gestion des la connaissance pour gagner des parts de marché et faire face aux frappes informationnelles de plus en plus insidieuses de la concurrence déloyale. Un mot revenait en boucle dans le débat : l’influence. C’est le domaine où le pouvoir politique et l’administration n’ont pas su prendre le bon virage, contrairement à d’autres pays industrialisés comme les Etats-Unis et les pays du Nord de l’Europe mais aussi aujourd’hui l’Espagne et l’Italie. La vision purement défensive de l’ordonnance de 1959 paralyse depuis de nombreuses années la stratégie de la France dans ce domaine. Certes, la haute administration sait défendre son pré carré mais les cercles de décision qui ont été les maîtres d’œuvre des grands chantiers économiques d’intérêt national ont disparu peu à peu du paysage politique français. Cette carence est aujourd’hui particulièrement visible dans l’appareil d’Etat. La création de réseaux de diffusion de l’information administrative ne pallie pas ce manque d’initiative stratégique dont les entreprises de notre pays ont un besoin impératif.
La nature a horreur du vide. Le patronat a donc décidé de réfléchir au problème. C’était plus que nécessaire et urgent. L’influence des entreprises sur le marché mondial est un enjeu français et européen. Nos principaux concurrents ont démontré que la solution la plus adaptée aux défis concurrentiels de la mondialisation des échanges était une privatisation de l’influence orchestrée dans une logique de puissance. Les politiques américains sont les premiers à avoir mis en œuvre de manière aussi efficace cette mutation de l’action de la puissance publique dans l’économie de marché.
Parler de privatisation de l’influence en France ne se limite surtout pas à un geste symbolique comme le démontre le processus hésitant de l’Etat pour privatiser l’Agence pour la Diffusion de l’Information Technologique (ADIT). Une section d’infanterie ne remplace pas une armée. Le pari de l’intelligence économique se situe à un autre niveau. Il s’agit d’aboutir dans les meilleurs délais à une prise de conscience collective touchant des acteurs économiques de toutes origines si l’on veut se mettre sérieusement à la hauteur du problème à résoudre. La réunion du MEDEF Paris est un premier signe indiquant la distance à parcourir. Mais attention, le temps passe. Et l’intelligence économique a déjà 12 ans d’âge en tant que concept.
L’équipe de C4iFR