Exercice de guerre de l'information (EGE - Poitiers)

L’année commence par une expérience encourageante. L’exercice de guerre de de l’information organisé entre l'équipe d'Infoguerre, l'Ecole de Guerre Economique et le DESS d’intelligence économique de Poitiers a été un succès.

Ce sont des étudiants de Poitiers et de l’EGE qui ont suggéré à leurs structures d’enseignement respectives de les faire travailler ensemble sur un cas pratique. Cette demande est un premier pas vers une synergie entre les structures d’enseignement issues du rapport du Plan Intelligence économique et stratégie des entreprises.

Echelonné sur 3 jours, l’exercice a eu lieu simultanément à Poitiers et à Paris. La moitié de chaque promotion s’est déplacée pour former une équipe commune. La première opérait dans les locaux de l’EGE. La seconde avait à sa disposition les locaux informatiques du Conseil Général de la Vienne. La journée du vendredi a été entièrement consacrée à la restitution des travaux et aux commentaires du jury. Elle s’est terminée par une intervention de Christian Harbulot sur le concept de guerre cognitive (concept développé par un ouvrage de l’EGE dont la parution est prévue en mars 2002 aux éditions Lavauzelle).

Les membres du jury étaient : Pierre Fayard (directeur du LABCIS), Nicolas Moinet (directeur du DESS d’intelligence économique) de Poitiers, Christian Marcon (économiste du DESS d’IE de Poitiers), Christian Harbulot (directeur de l’EGE); David Hornus (fondateur du site Infoguerre) et Alain Tiffreau, intervenant à l’EGE et membre du cabinet de conseil C4iFR.

Première constatation : la combinaison des deux promotions s’est déroulée parfaitement et sans aucun incident. Dès le début de l’épreuve, les dispositifs se sont mis en place avec une célérité et un sens de l’organisation qui méritent d’être soulignés. Lorsque Philippe Baumard et Christian Harbulot ont testé ce type d’exercice à l’Ecole Nationale d’Administration en 1999 et 2000 (après l’avoir rodé à l’EGE), les étudiants de l’ENA n’ont pas fait preuve du même esprit de coopération. Lors des deux séances, plusieurs groupes d’étudiants de l’ENA ont abandonné à la suite de mésententes personnelles sur le leadership du groupe.

Seconde constatation: Au cours de cet exercice, les étudiants ont appliqué avec une certaine efficacité les principes de base de l’intelligence économique : organiser le travail en équipes dans un contexte de crise informationnelle, confronter les pédagogies des deux enseignements, optimiser la diversité des compétences des étudiants, apprendre à partager l’information, réfléchir sur la stratégie dans un contexte de rapports de force. Cela mérite d’être souligné car cet état d’esprit est loin d’être dominant dans le monde de l’entreprise.

Troisième constatation : Deux points sont à retenir du travail des étudiants :

1. l’identification du cœur de cibles, c’est par l’approfondissement des failles sur l’éducation que le débat sur l’exception culturelle peut sortir de sa guerre de tranchées. La faillite d’une partie non négligeable du système éducatif occidental est un champ de réflexion très fructueux pour mener une guerre de l’information indirecte et efficace contre les tenants de la diversité culturelle mondialisée made in USA.

2. la technique qui consiste à souligner d’abord les points forts de l’adversaire (exemple la capitalisation technique de la connaissance dans les grandes universités américaines) pour mieux faire ressortir ses points faibles (que capitalisent-ils, sinon un nivellement des connaissances par des études de cas monoculturelles très stéréotypées).

Si l’organisation et la réflexion stratégique sont les points forts des étudiants au cours de l’épreuve, il est apparu des lacunes. Déployer une stratégie indirecte par l’information dans un cadre conflictuel n’est pas une démarche facile. La notion d’agitprop est encore mal comprise. L’apprentissage est d’autant plus long que nous sortons du concept classique conspiratoire de la désinformation pour celui de la polémique par sources ouvertes.

Cette expérience nous amène à tirer un premier bilan :

l’exercice sera poursuivi l’année prochaine en faisant appel à d’autres structures d’enseignement universitaires qui souhaitent se joindre à l’expérience.

Les leçons tirées de ces exercices annuels de guerre de l’information permettront de mieux définir les axes de recherche du partenariat Labcis/Larege. Didier Lucas, directeur délégué du Larege, aura pour fonction de dialoguer dans ce sens avec les membres du jury.